La
pénurie de sang est devenue un problème de
santé publique qui se pose périodiquement. Au
Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) de Casablanca-Settat, la situation est de plus en plus préoccupante. Actuellement, les
stocks de sang ne dépassent pas trois jours, bien en dessous des besoins quotidiens de la région. «Nous parvenons très difficilement à collecter entre 200 et 300 poches de sang chaque jour, alors que la demande est de 600 poches», explique Dre
Hind Zejli, chef du Service de promotion et de coordination au CRTS. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande exerce une pression considérable sur les équipes du centre, qui doivent constamment gérer une situation tendue pour fournir aux hôpitaux, cliniques et autres établissements de santé de la région les réserves nécessaires, en particulier face aux cas urgents. La situation devient encore plus préoccupante à l’approche du mois du
Ramadan, période où les
dons de sang connaissent traditionnellement une baisse.
Les facteurs explicatifs de la situation
Selon Dre Zejli, plusieurs facteurs contribuent à cette pénurie, et la
vague de froid qui a frappé le pays ces dernières semaines en est l’une des causes principales. En effet, explique-t-elle, la chute des températures a provoqué une recrudescence des
infections virales, comme la grippe, rendant une partie importante de la population inéligible pour donner son sang. Pire encore, précise-t-elle, lorsque quelqu’un tombe malade ou suit un traitement antibiotique, il doit attendre plusieurs jours avant de pouvoir faire don de son sang à nouveau. «Ce retard dans la réactivation des donneurs réguliers aggrave la situation, car bien que des personnes viennent pour donner du sang à leurs proches, cela ne suffit pas à renforcer durablement les stocks du CRTS», note-t-elle. Autre cause de la baisse des donneurs : les étudiants, qui représentent habituellement une source importante de donneurs, sont pris par les examens et par conséquent se présentent moins fréquemment aux
centres de transfusion. D’après Dre Zejli, Cette combinaison de facteurs – maladies saisonnières, traitement médical et absences temporaires de donneurs réguliers – rend la collecte encore plus difficile.
Un besoin vital pour de nombreux malades
Les conséquences de cette
pénurie de sang sont dramatiques pour les malades qui ont besoin de cette substance vitale pour survivre. «L’absence de transfusion sanguine immédiate peut d’ailleurs entraîner la perte de vies humaines», alerte Dre Zejli. Et d’ajouter que cela concerne en particulier les patients dans des situations d’urgence, comme ceux victimes d’accidents de la route, d’hémorragies lors d’accouchements ou nécessitant une intervention chirurgicale. Chaque minute compte, et sans le sang nécessaire, ces vies sont en danger. Mais les besoins en transfusions ne se limitent pas à ces situations d’urgence. De nombreux patients souffrant de pathologies graves, telles que les cancers ou des maladies du sang, nécessitent des transfusions régulières pour suivre leur traitement. «Ces malades sont particulièrement vulnérables et dépendent des dons au quotidien», précise Dre Zejli. Et de souligner que sans un approvisionnement suffisant, ces patients risquent de ne pas recevoir les soins nécessaires à leur traitement, avec tout ce que cela représente comme risque d’aggravation de leurs cas.
La solidarité, clé de la réponse à la pénurie
Face à cette crise, le
Centre régional de transfusion sanguine de Casablanca lance un appel urgent à la solidarité. «Chaque donneur compte. Venez faire don de votre sang, ce geste peut sauver des vies !», insiste Dre Zejli. Pour elle, le don de sang ne doit pas être perçu comme une réponse ponctuelle à une crise, mais comme un engagement constant et régulier. «La solidarité est essentielle pour garantir des stocks stables, peu importe la saison ou les circonstances particulières comme le Ramadan», insiste-t-elle. La spécialiste tient à rappeler que, malgré les efforts déployés ces dernières années, le Maroc peine encore à atteindre l’autosuffisance en produits sanguins. «Le taux de donneurs dans notre pays reste faible, ne dépassant pas 0,92% de la population, donc en deçà du 1% recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)», déplore Dre Zejli. Cet écart met donc en évidence l’urgence de renforcer la culture du don et d’intensifier les campagnes de sensibilisation avant d’encourager les gens à faire montre de solidarité et de générosité.