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Pourquoi le stress au travail est une épreuve plus dure pour les femmes

Le stress et l’épuisement professionnel touchent de plus en plus de personnes, en particulier les femmes. Confrontées à la pression d’exceller dans leur carrière tout en gérant des responsabilités familiales, les femmes vivent souvent ce double fardeau comme un défi quotidien. Cette situation est particulièrement difficile pour celles qui occupent des postes exigeants, où la compétition et les exigences de performance viennent s’ajouter à la gestion des tâches ménagères et parentales. Ce stress peut alors se transformer en un cercle vicieux, affectant non seulement leur bien-être mental et santé physique, mais aussi leur équilibre personnel et professionnel.

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Le stress au travail atteint des niveaux préoccupants, tant à l’échelle mondiale qu’au Maroc. Le dernier rapport sur l’état des lieux du travail publié en novembre 2024 par l’organisation américaine Gallup, montre que seuls 16% des travailleurs marocains déclarent mener une vie épanouie. Une statistique révélatrice qui interpelle sur les pressions croissantes dans le milieu professionnel. Chez les femmes marocaines, cette problématique prend une dimension particulière, exacerbée par des attentes socioculturelles et la nécessité de jongler entre responsabilités familiales et professionnelles.

Selon Sahar Hadri, psychologue du travail et psychothérapeute, il existe plusieurs différences dans la manière dont le stress au travail affecte les hommes et les femmes au Maroc. «La pression que ressentent les femmes pour répondre aux normes de la société peut exacerber leur stress, en particulier si elles occupent des postes exigeants tout en gérant des tâches ménagères et parentales», déclare au journal «Le Matin» Sahar Hadri. Et d’ajouter que «les hommes ont souvent plus d'opportunités d'accéder à des postes de direction ou de responsabilité, ce qui peut leur conférer une meilleure sécurité professionnelle. Les femmes, en revanche, peuvent faire face à des obstacles liés au plafond de verre, ce qui peut augmenter leur stress en raison de l'incertitude concernant leurs possibilités de carrière».

Le harcèlement au travail, un stress débilitant pour les femmes

Le stress professionnel chez les femmes et ses conséquences peuvent être particulièrement graves lorsqu’il est amplifié par des comportements toxiques tels que le harcèlement ou la violence. «Le harcèlement au travail est l’une des principales sources de stress psychologique, avec des effets dévastateurs sur la santé mentale des employées», affirme l'experte. En témoigne une expérience partagée par la psychologue, lors d’une intervention dans un grand groupe du secteur financier. Une jeune cadre, confrontée à des remarques humiliantes répétées de son supérieur, a vu sa santé mentale se détériorer rapidement : troubles du sommeil, irritabilité constante et perte de motivation. «Nous avons travaillé ensemble pour restaurer son estime de soi, une étape cruciale pour lui permettre de retrouver confiance en elle», raconte-t-elle. Ce suivi a mené la cadre à prendre des mesures auprès des ressources humaines, ce qui a finalement permis un changement de poste et a amorcé une reconstruction personnelle et professionnelle.

Le stress, un fardeau physique et émotionnel

Le stress au travail ne touche pas seulement l’esprit, mais également le corps. Il est une cause fréquente de problèmes physiques, affectant particulièrement les femmes qui exercent des métiers physiques ou en tension constante. «Sur le long terme, le stress professionnel peut provoquer des troubles anxieux, des dépressions ou des maladies chroniques», avertit Sahar Hadri. Lors d’une intervention collective dans une entreprise industrielle, la psychologue a observé que la majorité des femmes opérant sur les chaînes de production souffraient de douleurs musculaires chroniques. Ces douleurs, bien qu’étant en grande partie psychosomatiques, étaient liées à la fois aux conditions physiques de travail (mouvements répétitifs, postures contraignantes) et au stress constant imposé par des cadences élevées.

Ce stress, lorsqu’il devient prolongé, peut avoir un impact direct et profond sur la qualité de vie. «Le stress chronique peut entraîner des tensions musculaires, des douleurs persistantes, ainsi qu’une diminution générale de la qualité de vie», précise-t-elle. Mais les répercussions vont au-delà de la santé physique : «Il peut également perturber l’équilibre hormonal des femmes, affectant leur cycle menstruel, et dans certains cas, compliquer la conception», ajoute Sahar. Le stress prolongé peut en effet perturber l’ovulation, affecter l’efficacité des traitements de fertilité comme la fécondation in vitro (FIV), et mettre à mal les relations de couple.

Une prise de conscience nécessaire pour mieux gérer le stress

Le stress professionnel chez les femmes n’est pas seulement un problème individuel, mais un enjeu social et organisationnel majeur. Notre interlocutrice met en lumière la nécessité d'une prise de conscience accrue des effets du stress sur la santé physique et mentale des femmes, ainsi que de l’importance d’un soutien adéquat, tant au niveau individuel qu’au sein des organisations. Les femmes doivent pouvoir compter sur des réseaux de soutien, des mesures de prévention et des ressources humaines pour faire face à ce fléau qui impacte leur bien-être et leur performance professionnelle.

Questions à la psychologue du travail et psychothérapeute

Sahar Hadri : «Le stress professionnel affecte profondément l'équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle des femmes»



Comment le harcèlement au travail peut-il amplifier le stress chez la femme, et quels sont les signes psychologiques ou comportementaux qui peuvent indiquer qu'elle en est victime ?

Le harcèlement au travail, insidieux et souvent silencieux, laisse des traces profondes sur la santé mentale et physique des personnes qui en sont victimes. Les femmes sont plus touchées par les violences en milieu professionnel, elles peuvent manifester des signes psychologiques et comportementaux qui doivent alerter.

Parmi ces signaux, l’anxiété est souvent le premier à apparaître. La victime peut exprimer une peur diffuse à l’idée de se rendre au travail, se traduisant parfois par des crises de panique. Cette anxiété s’accompagne fréquemment de troubles du sommeil : insomnies, réveils nocturnes ou cauchemars récurrents.

La dégradation de l’estime de soi est un autre indicateur clé. Soumises à des remarques dévalorisantes ou à des comportements humiliants, les victimes perdent progressivement confiance en leurs capacités professionnelles et personnelles. Cela peut entraîner une perte de motivation, une procrastination ou même des erreurs inhabituelles dans leurs tâches quotidiennes.

Sur le plan comportemental, des changements brusques doivent également alerter. Une femme qui était auparavant engagée et sociable peut devenir distante, se replier sur elle-même, éviter les interactions avec ses collègues ou chercher à s’isoler. Certains comportements compulsifs, comme une prise alimentaire excessive, peuvent également apparaître.

Ces signaux ne doivent pas être ignorés, ni par les collègues ni par les responsables hiérarchiques. Ils reflètent souvent une souffrance invisible, mais bien réelle, nécessitant une prise en charge rapide. En tant que psychologue du travail, j’ai accompagné des femmes victimes de harcèlement qui, malgré leur douleur, hésitaient à en parler par peur des représailles ou de ne pas être crues. À travers un suivi approprié, il est possible de restaurer leur bien-être psychologique tout en les aidant à trouver des solutions concrètes pour sortir de ces situations toxiques.

Reconnaître les signes de harcèlement, c’est offrir une chance d’intervenir avant que les conséquences ne deviennent irréversibles. C’est aussi envoyer un message fort : le harcèlement au travail ne doit jamais être toléré.

Comment le stress professionnel peut-il affecter l’équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle des femmes ?

Le stress professionnel affecte profondément l'équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle des femmes, souvent de manière plus marquée que chez les hommes. Plusieurs études montrent que les femmes sont confrontées à une charge domestique et parentale plus lourde, ce qui rend la conciliation de ces deux sphères plus complexes. Une étude récente menée auprès de cadres a révélé que 52% des femmes rencontrent des difficultés à équilibrer leurs vies professionnelles et personnelles, contre seulement 41% des hommes. De plus, ces difficultés sont aggravées par le stress lié aux responsabilités familiales et professionnelles, avec 42% des femmes en mode hybride ou à distance déclarant ressentir plus de stress que leurs homologues masculins (14%). Les femmes sont également plus susceptibles de sacrifier des moments personnels essentiels, comme des rendez-vous médicaux ou des moments avec leurs proches, en raison de leur charge mentale. Ces déséquilibres peuvent mener à une fatigue accrue, à un sentiment de culpabilité, et à des répercussions sur leur bien-être général, accentuant ainsi les inégalités persistantes entre les sexes en matière de gestion du temps et de responsabilités.

Quelles techniques ou pratiques recommandez-vous aux femmes pour mieux gérer leur stress au quotidien ?

Plusieurs approches se révèlent efficaces pour aider les femmes à mieux gérer leur stress, en particulier dans le cadre professionnel.

Tout d'abord, la gestion du temps et des priorités est un pilier fondamental. Des techniques comme la technique «Pomodoro» : une technique de gestion du temps basée sur des sessions de travail concentré de 25 minutes, suivies de courtes pauses pour maximiser la productivité, ou l’approche «Eat the Frog» : qui consiste à accomplir en premier la tâche la plus difficile de la journée pour réduire la procrastination. Ces outils permettent de structurer la journée et de réduire la surcharge cognitive, source majeure de stress. Cela permet également de mieux organiser les responsabilités personnelles et professionnelles. En parallèle, les techniques de relaxation, telles que la méditation de pleine conscience, ont montré leur efficacité dans la réduction de l’anxiété et l’amélioration de la concentration au travail. Selon une étude du «Journal of Occupational Health Psychology», ces pratiques aident à abaisser les niveaux de cortisol, l’hormone du stress, et à renforcer la résilience face aux défis professionnels.

L’activité physique est un autre levier puissant. Des recherches publiées dans le «Journal of Physical Activity and Health» confirment que l'exercice physique modéré, comme le yoga ou la marche, aide à diminuer les tensions corporelles et améliore le bien-être mental, en réduisant l’anxiété et en augmentant la qualité du sommeil.

Apprendre à poser des limites claires est également crucial. En tant que psychologue du travail, je recommande fortement de développer l’assertivité, c’est-à-dire la capacité à dire non lorsque les demandes professionnelles deviennent excessives. Cela permet de préserver son énergie et de réduire les risques d'épuisement professionnel. Selon une étude menée par l'Université de Californie, les femmes qui ont des réseaux de soutien solide (amis, collègues, famille) sont mieux préparées à gérer le stress. Ces liens sociaux jouent un rôle protecteur et permettent de partager les défis rencontrés au travail, ce qui favorise une meilleure gestion émotionnelle.

En intégrant ces techniques au quotidien, les femmes peuvent non seulement réduire leur stress, mais aussi améliorer leur bien-être général et leur performance au travail. La santé mentale au travail est une responsabilité partagée entre employeurs, employés et professionnels spécialisés.
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