À la sortie de l’examen du baccalauréat, une scène hallucinante ce vendredi 30 mai 2025 devant un lycée casablancais. Une femme, dans tous ses états, fulmine : «C’est injuste !» La voix tremblante, elle dit toute sa colère contre le comportement de l’enseignant chargé de la surveillance, qui a empêché son fils de tricher lors de l’épreuve des mathématiques. «Il a été très sévère, presque inhumain. À cause de lui, mon fils risque de rater l’année !», affirme-t-elle avec un aplomb sidérant. Selon elle, la pression et la difficulté de l’examen devaient pousser les surveillants à faire preuve de plus d’indulgence et de compréhension, plutôt que d’adopter une rigidité qu’elle juge «injuste».
Le témoignage de cette maman qui défend sans la moindre gêne le droit de son fils à la tricherie est loin d’être un cas isolé. Il illustre un phénomène inquiétant : la banalisation de la fraude dans le milieu scolaire. Autrefois considérée comme une faute grave et un comportement honteux, la tricherie est désormais perçue par certains parents et élèves comme un acquis, voire un «droit» qu’on essaie de justifier à défaut de pouvoir le revendiquer. C’est notamment le point de vue de M. Karim, père de trois enfants, qui explique que cette pratique a trouvé dans les insuffisances du système éducatif un terreau fertile pour se développer : «Les élèves ont accumulé des lacunes au fil des années, ils ont été mal accompagnés et mal formés. Il serait donc injuste de les blâmer aujourd’hui. Souvent victimes d’un système qui ne les soutient pas suffisamment, ils voient dans la triche un moyen pour éviter d’être recalés».
Face à cette réalité, plusieurs questions se posent : comment en est-on arrivé là ? Pourquoi une pratique autrefois condamnée est-elle devenue une norme tolérée, voire encouragées par certaines familles ? Quelles conséquences cette banalisation de la fraude peut-elle avoir sur les valeurs de notre société, la motivation des élèves et la confiance dans le système scolaire ?
• La peur de l’échec de l’enfant : pour beaucoup de parents, la réussite scolaire est une garantie de sécurité et d’avenir. La crainte de l’échec pousse donc certains à tolérer, voire encourager, la tricherie, par désir de protection, au détriment parfois des principes et valeurs morales.
• La quête de l’image sociale : la réussite scolaire est perçue comme un reflet de la réussite familiale. Cela génère une certaine pression sur les parents qui veulent que leurs enfants réussissent coûte que coûte, quitte à recourir à la fraude.
• Un système éducatif centré sur la performance chiffrée : la priorité donnée aux résultats et aux diplômes, parfois au détriment de la qualité de l’apprentissage, crée un environnement où la réussite prime, encourageant indirectement des comportements déviants.
• Le décalage entre règles et réalité : bien que les écoles interdisent la triche, elle est souvent normale dans les groupes d’élèves. Les familles, conscientes de cette réalité, préfèrent parfois tolérer ces pratiques plutôt que d’imposer une discipline trop stricte.
• L’affaiblissement de la responsabilité personnelle : en tolérant la tricherie, les parents privent leurs enfants de l’apprentissage de l’effort, de la discipline et de la responsabilisation, favorisant ainsi une dépendance aux comportements malhonnêtes. • L’impact négatif sur l’estime de soi : les élèves qui trichent avec l’accord de leurs parents développent une fausse confiance en eux, fragilisant leur capacité à relever les défis réels.
• La pression accrue sur les élèves honnêtes : ceux qui respectent les règles subissent une pression supplémentaire, pouvant entraîner stress, démotivation, voire décrochage scolaire.
• La dévalorisation du diplôme : la tolérance parentale de la triche fait perdre au diplôme sa valeur réelle, fragilisant la confiance accordée à celui-ci, compliquant l’accès à l’emploi et nuisant à la réputation des établissements. Par ailleurs, Jihane El Korchi attire l’attention sur la signification profonde de la banalisation de la triche. Selon elle, ce phénomène traduit une crise grave des valeurs fondamentales telles que l’intégrité, l’honnêteté et la responsabilité, qui devraient pourtant guider nos comportements individuels et collectifs. «Cette dégradation des principes essentiels se manifeste concrètement dans les entreprises et les institutions, où l’on observe aujourd’hui des personnes incompétentes occupant des postes clés, qui maintiennent leur position en recourant à la malhonnêteté et à des pratiques frauduleuses», précise notre intervenante. Et de noter que ce cercle vicieux affaiblit la crédibilité des institutions et érode la confiance collective, d’où l’urgence de prendre les choses en main.
Nos deux intervenants soulignent en outre l’urgence d’une réforme profonde du système éducatif, favorisant l’apprentissage et la compréhension plutôt que la simple accumulation de notes et la performance basée sur les plus grandes moyennes générales. Pour eux, il est temps de repenser l’école qui doit être un espace de partage de connaissances, mais aussi de valeurs morales et citoyennes.
Le témoignage de cette maman qui défend sans la moindre gêne le droit de son fils à la tricherie est loin d’être un cas isolé. Il illustre un phénomène inquiétant : la banalisation de la fraude dans le milieu scolaire. Autrefois considérée comme une faute grave et un comportement honteux, la tricherie est désormais perçue par certains parents et élèves comme un acquis, voire un «droit» qu’on essaie de justifier à défaut de pouvoir le revendiquer. C’est notamment le point de vue de M. Karim, père de trois enfants, qui explique que cette pratique a trouvé dans les insuffisances du système éducatif un terreau fertile pour se développer : «Les élèves ont accumulé des lacunes au fil des années, ils ont été mal accompagnés et mal formés. Il serait donc injuste de les blâmer aujourd’hui. Souvent victimes d’un système qui ne les soutient pas suffisamment, ils voient dans la triche un moyen pour éviter d’être recalés».
Face à cette réalité, plusieurs questions se posent : comment en est-on arrivé là ? Pourquoi une pratique autrefois condamnée est-elle devenue une norme tolérée, voire encouragées par certaines familles ? Quelles conséquences cette banalisation de la fraude peut-elle avoir sur les valeurs de notre société, la motivation des élèves et la confiance dans le système scolaire ?
Un phénomène aux causes complexes
Selon Hassan Baha, spécialiste en sociologie de la communication et des médias, la tolérance envers la triche pourrait être expliquée par plusieurs facteurs, notamment :• La peur de l’échec de l’enfant : pour beaucoup de parents, la réussite scolaire est une garantie de sécurité et d’avenir. La crainte de l’échec pousse donc certains à tolérer, voire encourager, la tricherie, par désir de protection, au détriment parfois des principes et valeurs morales.
• La quête de l’image sociale : la réussite scolaire est perçue comme un reflet de la réussite familiale. Cela génère une certaine pression sur les parents qui veulent que leurs enfants réussissent coûte que coûte, quitte à recourir à la fraude.
• Un système éducatif centré sur la performance chiffrée : la priorité donnée aux résultats et aux diplômes, parfois au détriment de la qualité de l’apprentissage, crée un environnement où la réussite prime, encourageant indirectement des comportements déviants.
• Le décalage entre règles et réalité : bien que les écoles interdisent la triche, elle est souvent normale dans les groupes d’élèves. Les familles, conscientes de cette réalité, préfèrent parfois tolérer ces pratiques plutôt que d’imposer une discipline trop stricte.
Une crise des valeurs aux conséquences lourdes
Voilà pour les causes qui pourraient expliquer le recours à la fraude scolaire. Mais qu’en est-il des conséquences. Jihane El Korchi, spécialiste en accompagnement scolaire, estime que la tolérance de la tricherie aux examens a des conséquences bien plus graves qu’on ne l’imagine. Selon elle, les répercussions sont à la fois nombreuses et lourdes, à savoir :• L’affaiblissement de la responsabilité personnelle : en tolérant la tricherie, les parents privent leurs enfants de l’apprentissage de l’effort, de la discipline et de la responsabilisation, favorisant ainsi une dépendance aux comportements malhonnêtes. • L’impact négatif sur l’estime de soi : les élèves qui trichent avec l’accord de leurs parents développent une fausse confiance en eux, fragilisant leur capacité à relever les défis réels.
• La pression accrue sur les élèves honnêtes : ceux qui respectent les règles subissent une pression supplémentaire, pouvant entraîner stress, démotivation, voire décrochage scolaire.
• La dévalorisation du diplôme : la tolérance parentale de la triche fait perdre au diplôme sa valeur réelle, fragilisant la confiance accordée à celui-ci, compliquant l’accès à l’emploi et nuisant à la réputation des établissements. Par ailleurs, Jihane El Korchi attire l’attention sur la signification profonde de la banalisation de la triche. Selon elle, ce phénomène traduit une crise grave des valeurs fondamentales telles que l’intégrité, l’honnêteté et la responsabilité, qui devraient pourtant guider nos comportements individuels et collectifs. «Cette dégradation des principes essentiels se manifeste concrètement dans les entreprises et les institutions, où l’on observe aujourd’hui des personnes incompétentes occupant des postes clés, qui maintiennent leur position en recourant à la malhonnêteté et à des pratiques frauduleuses», précise notre intervenante. Et de noter que ce cercle vicieux affaiblit la crédibilité des institutions et érode la confiance collective, d’où l’urgence de prendre les choses en main.
Quelles solutions pour lutter contre le phénomène ?
Que faire alors pour contrer ce phénomène qui menace jusqu’aux valeurs fondamentales qui constituent le socle de la société ? Nos intervenants estiment que la prise en charge urgente de la tricherie est essentielle pour protéger la nouvelle génération et assurer un avenir solide à notre société. Ils recommandent ainsi de sensibiliser élèves et parents à l’importance de l’intégrité et du travail honnête, de renforcer la surveillance et la sécurité lors des examens et de développer, dès le primaire, des programmes éducatifs axés sur la responsabilité, l’intégrité et la citoyenneté. Il est aussi crucial, d’après nos intervenants, d’appliquer des sanctions strictes aux élèves qui trichent et aux surveillants qui tolèrent ces pratiques au nom d’une soi-disant «empathie pour les élèves victimes des dysfonctionnements du système scolaire».Nos deux intervenants soulignent en outre l’urgence d’une réforme profonde du système éducatif, favorisant l’apprentissage et la compréhension plutôt que la simple accumulation de notes et la performance basée sur les plus grandes moyennes générales. Pour eux, il est temps de repenser l’école qui doit être un espace de partage de connaissances, mais aussi de valeurs morales et citoyennes.