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TDAH chez l'enfant : prise en charge, traitement... le Maroc peut mieux faire

«TDAH, un handicap caché : comment le traiter sur les plans psychologique, éducatif et social» est le thème d’un atelier de sensibilisation organisé dimanche dernier par l'Association marocaine du trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (AMTDAH) pour mieux comprendre le TDAH et faciliter la prise en charge.

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Près d’un enfant sur dix dans le monde est affecté par le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/TDAH). A cause de ces troubles, ces enfants doivent relever des défis complexes au quotidien sur le plan cognitif, scolaire et social. Ces défis deviennent souvent insurmontables à cause du manque de sensibilisation des parents et des enseignants à l’école à ces troubles, du retard du diagnostic et de l’absence de prise en charge. Afin de mieux comprendre le TDAH et ses différents aspects et de promouvoir un environnement informé et bienveillant pour les enfants qui en souffrent, l'Association marocaine du trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (AMTDAH) a organisé le 21 janvier dernier au centre culturel de Tamesna, un atelier de sensibilisation intitulé «TDAH, un handicap caché : comment le traiter sur les plans psychologique, éducatif et social».

Cette rencontre était l’occasion de rappeler les actions de l’association, fraîchement créée en septembre 2023, dans le but de faire connaître ces troubles et de soutenir les parents. «Le TDAH est un trouble méconnu de l’opinion publique. Les personnes qui en souffrent sont souvent mal vues par la société. Elles sont généralement traitées de fainéantes, capricieuses, mal éduquées... Elles sont doublement pénalisées ; par le handicap causé par le trouble, et par la stigmatisation de la société», a indiqué Malika Chammache, présidente de l’AMTDAH. Cette dernière a également souligné lors de cette rencontre que l’association œuvre aussi pour convaincre le ministère de la Santé d’autoriser la mise sur le marché des médicaments de TDAH. «Une personne qui souffre de TDAH doit apprendre à se débrouiller pour gérer son trouble toute sa vie. Cependant, des traitements médicamenteux, qui ont fait leurs preuves, existent, mais ils ne sont malheureusement pas commercialisés au Maroc. Les patients sont privés de mener une vie normale, car ils n’ont pas accès à une véritable prise en charge faute de médicaments », a déclaré la présidente de l’AMTDAH.



De son côté, Dr Mounia El Haddadi, professeur chercheur en neurosciences à l'Université Ibn Tofail à Kénitra, a parlé de l’importance de la prise en charge des enfants souffrant de TDAH. «Il est important que les enseignants et les parents détectent rapidement ce trouble et contactent un spécialiste pour le prendre en charge. Un enfant qui n’est pas pris en charge risque d’être rejeté par ses pairs ou la société. Il court également le risque de l’échec scolaire, contrairement à un

enfant pris en charge.

Pour sa part, Ghislaine Naimi, psychologue, a insisté sur le rôle des activités manuelles et les jeux éducatifs dans l'amélioration de l'état des enfants TDAH. Elle a aussi souligné l’importance de l'acceptation de ces enfants par leurs parents, quel que soit leur trouble, ce qui contribue à une meilleure intégration sociale.

À l’issue de cette rencontre, des recommandations ont été formulées par les participants. Il s’agit de l’intensification des opérations de sensibilisation auprès des parents et des enseignants pour mieux comprendre l'état des porteurs du TDAH et surtout ne plus les renvoyer de l'école.

Il a également été recommandé de poursuivre les actions pour autoriser la mise sur le marché des traitements médicamenteux de ce trouble, mais aussi pour adapter les programmes scolaires, notamment au niveau de l'enseignement supérieur.

Dr. Siham Sanhaji, neuropsychologue : Le bilan neuropsychologique, une étape importante pour l’identification des troubles d’apprentissage

En quoi consiste un bilan neuropsychologique ? et comment peut-il contribuer au diagnostic des troubles d'apprentissage chez les enfants ?

Le bilan neuropsychologique chez l’enfant permet d’évaluer les fonctions cognitives (fonctionnement intellectuel, fonctions attentionnelles, fonctions exécutives, gnosies, mémoire, langage, fonctions sensori-motrices, fonctions motrices, et habiletés sociales) et de relever un profil cognitif en identifiant les points forts de l’enfant et ses points de fragilités, dysfonctionnements et retard. Une exploration des dimensions émotionnelle, relationnelle et comportementale est essentielle au bilan neuropsychologique (sphère psycho-affective), afin d’analyser avec justesse les résultats obtenus aux différents tests utilisés et de les confronter à la plainte ayant motivé le bilan.

Le bilan neuropsychologique est donc une étape importante qui contribue au diagnostic des troubles d’apprentissage.

Quels sont les signes ou les comportements qui montrent qu’un enfant a besoin de faire un bilan neuropsychologique ?

Les parents peuvent demander un bilan neuropsychologique dans plusieurs cas :

Lorsque l’enfant a un retard important dans le développement du langage, de la motricité fine ou, par exemple, dans sa façon de dessiner.

Quand il a des difficultés persistantes à l’école ou un décalage assez large avec le niveau de sa classe : en lecture, en écriture, en calcul, qui peuvent entre autres être dues à un trouble de l’apprentissage : dyslexie, dysphasie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie et troubles de l’attention (TDA/TDAH).

Si l’enfant ne fait pas du tout de progrès après une année de rééducation psychomotrice ou orthophonique menée correctement. Quand il n’arrive pas à se concentrer en classe et/ou il est considéré comme un enfant perturbateur à l’école (ou agité). Ou lorsque son échec scolaire est inexpliqué pour les parents.

Quels sont les avantages d'un bilan neuropsychologique dans l'élaboration d'un plan d'intervention individualisé pour les enfants atteints de troubles d'apprentissage ?

Le bilan permet au neuropsychologue d’accompagner l’enfant dans une rééducation cognitive si les résultats montrent des troubles. Celle-ci sera menée en individuel ou en groupe au travers de jeux de rôles, d’exercices pratiques et de mise en situation. Cette prise en charge permet une reprise de confiance et l’amélioration des compétences faibles mais aussi le développement des habiletés sociales lui permettant de mieux s’intégrer.

Ensuite, le neuropsychologue pourra aussi adresser l’enfant à un ergothérapeute, un orthophoniste ou un psychomotricien pour une rééducation si les résultats relèvent un besoin de ce sens, sans oublier la mise en place d’adaptations pédagogiques qu’il adresse à l’école de l’enfant.

Ces enfants ont évité l’échec scolaire grâce à une bonne prise en charge

Kamil, 8 ans,

C’est un souvent distrait et agité, perturbe la classe et également impulsif, selon ses enseignants. Le bilan neuropsychologique a permis de relever un profil TDAH (le trouble déficit de l’attention avec hyperactivité).

Kamil bénéficie depuis 18 mois d’une prise en charge pluridisciplinaire (pédopsychiatre, neuropsychologue et orthophoniste), ce qui a permis une nette amélioration au niveau de ses apprentissages et une meilleure gestion de ses émotions y compris l’impulsivité, pour qu’il puisse avoir une scolarité normale.

Lilia, 11 ans,

C’est une fille excellente à l’oral selon ses enseignants, assidue mais très lente et son rendement à l’écrit est considéré très faible par rapport à ses pairs. Le bilan neuropsychologique a été fait suite à la demande des parents. Il a permis le diagnostic d’une dyslexie associée à une dysorthographie. Après une année de rééducation cognitive et 2 ans de rééducation orthophonique, Lilia a pu dépasser ses difficultés et rattraper ses lacunes et a toujours une scolarité normale, n’avait plus besoin des adaptations scolaires et elle a échappé à l’échec scolaire.
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