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Un dinosaure incroyablement étrange découvert au Maroc : Spicomellus, le plus ancien ankylosaure connu

Une équipe internationale de chercheurs vient de lever le voile sur une créature qui semble tout droit sortie d’un récit de science-fiction. Baptisé Spicomellus, ce dinosaure hérissé d’épines a foulé les terres marocaines il y a 165 millions d’années. Sa découverte bouleverse l’histoire des ankylosaures, ces dinosaures cuirassés que l’on croyait plus discrets à leurs débuts.

Une reconstitution artistique de l'ankylosaure Spicomellus afer, d'après des fossiles découverts dans l'Atlas marocain, montre l'animal doté de la plus importante armure de tous les dinosaures connus. Matt Dempsey/Document via REUTERS
Une reconstitution artistique de l'ankylosaure Spicomellus afer, d'après des fossiles découverts dans l'Atlas marocain, montre l'animal doté de la plus importante armure de tous les dinosaures connus. Matt Dempsey/Document via REUTERS
Les restes fossiles, mis au jour dans les montagnes du Moyen Atlas, révèlent un spécimen unique baptisé Spicomellus, le plus ancien représentant connu du groupe des ankylosaures, ces dinosaures herbivores quadrupèdes réputés pour leur armure massive. Ce géant préhistorique mesurait environ 4 mètres de long (soit environ 13 pieds) et pesait jusqu'à deux tonnes. Ce qui frappe particulièrement, c’est son armature extravagante : des épines longues d’environ un mètre surgissent de ses côtes, et un collier d’épines similaires entoure son cou, comme un véritable rempart osseux. À la différence de ce qui est observé chez d’autres animaux, ces structures osseuses étaient entièrement fusionnées aux os, une caractéristique inédite.

Avec ses quatre mètres de long et ses deux tonnes, Spicomellus n’était pas seulement massif : il était aussi recouvert de véritables remparts osseux. De longues pointes jaillissaient de ses côtes, tandis qu’un collier d’épines entourait son cou. Contrairement aux armures classiques de nombreux dinosaures, ces structures étaient directement soudées aux os, une singularité qui intrigue les scientifiques.

Au-delà de la défense, les paléontologues soupçonnent que ces excroissances spectaculaires pouvaient aussi jouer un rôle social : impressionner les rivaux, séduire un partenaire ou marquer une hiérarchie. Une hypothèse renforcée par les vertèbres de sa queue, fusionnées d’une manière qui suggère l’existence d’un appendice armé, bien avant l’apparition des célèbres massues d’ankylosaures plus tardifs.

Bouleversement des idées reçues

Jusqu’à cette découverte, les premiers ankylosaures étaient supposés présenter des morphologies relativement modestes et dépourvues d’ornements élaborés. Spicomellus vient chambouler cette vision, en montrant que l’armure et les ornements extraordinaires pouvaient apparaître très tôt dans l’évolution du groupe. Ce dinosaure unique enrichit ainsi de manière spectaculaire notre compréhension de la diversité et de l’évolution des thyreophores – le clade comprenant les ankylosaures et les stégosaures – dans les territoires du Gondwana, notamment en Afrique du Nord. Richard Butler, paléontologue à l’Université de Birmingham et co-responsable de l’étude, résume l’étonnement de l’équipe : « L’armure de Spicomellus est incroyablement étrange, sans équivalent chez aucun autre dinosaure ni chez aucun autre animal, qu’il soit vivant ou disparu. Non seulement il possédait une série d’épines acérées le long de ses côtes, mais il portait aussi autour du cou un collier de pointes de la taille d’un club de golf. »

« Ce qui nous frappe, c’est que l’armure la plus élaborée jamais observée chez un ankylosaure apparaît chez le plus ancien membre du groupe. Les ankylosaures plus tardifs ne présentent pas de côtes épineuses », ajoute l'expert.

Du Maroc au monde entier

La découverte ne s’est pas faite du jour au lendemain. Le fossile initial a été acquis en 2019 par le Natural History Museum de Londres à partir d’un revendeur professionnel, avant d’être identifié comme un ankylosaure exceptionnel via des analyses tomographiques et histologiques. Une expédition conjointe anglo-américaine et marocaine menée en 2025 a permis de récupérer un squelette partiel comportant des éléments crâniens, vertébraux et divers remparts osseux supplémentaires, confirmant l’originalité de ce dinosaure. Cette collaboration illustre l’importance des efforts conjoints en paléontologie moderne, ainsi que la nécessité de préserver le patrimoine fossile face aux dangers du trafic et du commerce illégal – une préoccupation partagée par les scientifiques mobilisés autour de cette découverte

Avec ses pointes extravagantes et son allure improbable, Spicomellus afer est bien plus qu’un fossile de plus dans les vitrines des musées. Il rappelle à quel point la nature, même il y a des millions d’années, pouvait surprendre et inventer des formes de vie déroutantes. Une découverte qui fait voyager dans le temps et qui continue de nourrir l’imaginaire collectif.
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