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Une voix retrouvée… La vie de Imran transformée par la Fondation Lalla Asmaa

Dans la pénombre de Douar Kharouba, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Meknès, un nouvel espoir accompagne les pas silencieux d’un adolescent de 14 ans, qui s’avance à l’aube aux côtés de son père, sac au dos et regard déterminé.

Ph : MAP
Ph : MAP
Imran ne parle pas, n’entend pas, mais il marche avec la certitude fragile de ceux qui n’ont jamais abandonné. Son trajet vers l’école, qui n’était qu’épreuve, est aujourd’hui celui d’un avenir enfin imaginable, grâce au Centre "Princesse Lalla Asmaa" de Meknès, qui vient redessiner des destins longtemps restés en marge.



L'inauguration, lundi, de cette structure par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Asmaa, présidente de la Fondation Lalla Asmaa, a ouvert une porte longtemps fermée, changeant ainsi la vie d’une cinquantaine d’enfants, dont celle de Imran.

Dans son douar calme, étendu sur une plaine fertile, entouré d’oliviers aux troncs noueux et de bandes de verdure qui adoucissent le paysage, l’avenir de Imran Errahioui semblait longtemps suspendu à un taxi qui ne venait pas, à une pluie qui rendait l’attente dehors glaciale et éprouvante, à cette impossibilité quotidienne pour sa famille de garantir coûte que coûte un accès à l’école.

Sa mère, Nadia Hmidi, se souvient du jour où tout a basculé. "J’ai fait tomber un plateau près de lui, alors qu’il dormait. Le bruit aurait dû le réveiller... mais il n’a pas bougé. C’est là que j’ai compris", a-t-elle expliqué à la MAP.

Après des examens à l’hôpital, le diagnostic tombe : il est atteint de surdité. Commence alors la quête d’une école spécialisée, une quête longue, coûteuse, souvent décourageante.

"Nous avons fini par en trouver une à Meknès, mais elle était trop loin", a-t-elle précisé, soulignant qu’ils devaient partir avant le lever du soleil, attendre parfois plus d’une heure une voiture pour les emmener jusqu’à Boufekrane, puis prendre un bus pour Meknès, puis un autre pour le centre.

"C’était trop difficile. Nous avons été obligés de le sortir de l’école pendant trois ans", a-t-elle confié d’une voix émue.

Son père, Said Errahioui, parle d’une voix où s’entendent encore l’usure et l’inquiétude accumulées. "Les médecins nous avaient parlé d’une opération possible, mais c’était très cher, sans compter trois ans d’orthophonie à Casablanca. C’était irréalisable pour nous ".

"Quand Imran allait à l’école, tout reposait sur le hasard : trouver une voiture, attendre parfois deux heures", a-t-il souligné, ajoutant que "lorsqu’il pleuvait, il ne pouvait tout simplement pas y aller". Imran ratait alors des semaines entières de cours, sans que personne n’y puisse rien.

L’histoire de Imran aurait pu rester celle d’un combat perdu d’avance. Mais le Centre "Princesse Lalla Asmaa" de Meknès va tout changer. Ce Centre n’est pas seulement une école. C’est un écosystème complet, éducatif, social et paramédical, pensé pour offrir aux enfants sourds et malentendants les mêmes chances que tous les autres.

Il s’agit de la troisième grande implantation structurante de la Fondation, après Rabat et Tanger. C’est un véritable pôle régional capable d’accueillir les enfants de Meknès mais aussi des communes éloignées comme Fès, Ifrane, Khénifra, El Hajeb ou Azrou. La plupart des enfants présentent une surdité profonde, nécessitant une prise en charge globale combinant apprentissage, langue des signes, orthophonie, réadaptation et soutien psychologique.

Pour des jeunes comme Imran, c’est un monde qui s’ouvre. Le Centre dispose d’une salle d’orthophonie animée par un orthophoniste dédié, d’une infirmerie, d’espaces de réadaptation, et bientôt d’un accompagnement renforcé par les équipes spécialisées de Rabat pour harmoniser les protocoles et installer des programmes d’entraînement auditif de référence. C’est aussi un lieu de socialisation : un terrain de sport, des zones extérieures adaptées, une aire de jeux, un cadre où les enfants apprennent autant à communiquer qu’à vivre ensemble.

Surtout, le Centre de Meknès a quelque chose d’unique dont ne dispose pas les centres de Rabat et de Tanger : un internat. Seize enfants, répartis dans huit chambres doubles, peuvent désormais résider sur place. Pour les familles vivant loin, parfois dans des douars isolés comme celui de Imran, cet internat n’est pas un confort. C’est la condition indispensable de l’égalité des chances. Grâce à cet internat, plus aucune pluie, aucun taxi manquant, aucune attente interminable ne pourra interrompre leur scolarité.

"Aujourd’hui il a son internat, il peut enfin reprendre ses études. Il a des amis, il s’épanouit... Il ne veut même plus rentrer à la maison !", raconte sa mère en souriant. Son père ajoute : "Nous avions perdu espoir. Mais avec la Fondation Lalla Asmaa, il peut enfin poursuivre ses études, malgré le retard. Il peut avoir un avenir ! ".

Au Centre, Imran suit ses cours, fait du sport, joue avec ses camarades. Chaque jour, il retrouve ce sourire large que ses parents n’osaient plus espérer. Lorsqu’on lui demande ce qu’il ressent, il l’exprime en langue des signes : un geste simple, mais lumineux, qui dit tout. L’enfant silencieux a retrouvé une voix.

Son histoire est celle de milliers d’autres pour qui le Centre "Princesse Lalla Asmaa" de Meknès, pensé pour accueillir, protéger, éduquer et soigner, transforme un chemin semé d’obstacles en un large horizon d'opportunités. Et pour Imran, chaque matin désormais, l’aube n’annonce plus un combat. Elle annonce une chance.

La réalisation de ce nouveau Centre s’inscrit dans la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui place l’inclusion, la dignité et l’équité au cœur du développement du Royaume. Elle porte l’empreinte directe de l’engagement constant et profondément humain de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Asmaa, dont le travail quotidien améliore les conditions de vie de milliers d’enfants sourds et malentendants.

Par Mehdi Nouri
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