Le 8 octobre 2024, SIGA Technologies (SIGA.O) a annoncé la signature d’un accord avec le Royaume du Maroc pour la fourniture du traitement antiviral «Tpoxx», destiné à lutter contre la variole du singe (Mpox). Cette démarche intervient dans un contexte mondial où la résurgence de certaines infections virales, dont le Mpox, soulève des inquiétudes croissantes. En devenant le premier pays africain à obtenir ce traitement, le Maroc affirme son rôle de leader sur le continent et renforce par là même ses capacités à faire face aux menaces sanitaires émergentes.
Joint par «Le Matin», Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, souligne l'importance de cette acquisition pour la sécurité sanitaire du Maroc. «Disposer de médicaments et de vaccins est essentiel pour répondre aux menaces, qu’elles soient effectives ou potentielles, dans ce cas, le risque est réel», déclare-t-il. L’expert ajoute que cet accord traduit non seulement la capacité du Maroc à gérer des risques concrets, mais aussi sa capacité à concrétiser la vision Royale en matière de souveraineté sanitaire et pharmaceutique et sa démarche proactive en matière de prévention des pandémies potentielles.
Ce qu’il faut savoir sur le traitement «Tpoxx»
«Le Tpoxx, ou Tecovirimat, est un antiviral spécifiquement développé pour traiter la variole humaine et, par extension, les infections liées au virus de la variole du singe», souligne Dr Hamdi. Bien que la variole ait été éradiquée grâce aux campagnes de vaccination, des laboratoires continuent de développer des antiviraux, en raison de la conservation de stocks de virus pour des raisons de recherche et de sécurité. Ces stocks et la disponibilité du génome de ce virus posent un risque potentiel de fuite, que ce soit par accident ou dans le cadre d’actes de bioterrorisme. Concernant l'utilisation de ce traitement, Dr Hamdi explique que le «Tpoxx» est réservé à certains groupes de patients, notamment ceux risquant de développer des formes graves de la maladie, y compris les enfants pesant plus de 13 kilos et les adultes présentant des comorbidités. «Le médicament agit en inhibant la reproduction des virus dans les cellules, empêchant ainsi leur propagation dans l’organisme de la personne infectée. En réduisant la charge virale, il donne au système immunitaire le temps de produire des anticorps pour lutter contre l'infection. Cette capacité à limiter la viralité du pathogène est cruciale dans la gestion des infections virales», explique-t-il.
Interrogé sur l’efficacité du médicament, Dr Hamdi précise que celle-ci n’a pas été démontrée chez les humains, mais que le «Tpoxx» a reçu l'approbation d'organismes de santé aux États-Unis, au Canada pour la variole, et en Europe contre la variole et la variole du singe. «Les effets secondaires du “Tpoxx” sont généralement bénins, les patients rapportant des nausées, des vomissements et des douleurs musculaires», indique-t-il. Selon Dr Hamdi, le médicament est considéré comme sûr, et ses bénéfices dans des situations d’urgence sanitaire sont jugés supérieurs aux effets indésirables mineurs.
Le Maroc, un modèle pour l'Afrique
Au-delà de la fiabilité de ce traitement, l’acquisition du «Tpoxx» positionne le Maroc comme un exemple à suivre pour d'autres pays africains en matière de sécurité sanitaire. Dr Hamdi estime que ce médicament pourrait non seulement bénéficier à la population marocaine, mais également servir de référence pour la mise en œuvre de protocoles de traitement dans d'autres nations du continent. «L’expérience accumulée par le Maroc dans la gestion de la santé publique et l’introduction de traitements novateurs pourrait inspirer d'autres pays dans leur lutte contre les menaces sanitaires», note-t-il. Dr Hamdi ajoute que le Maroc est en train de tracer sa route vers une sécurité sanitaire renforcée, alliant innovation et responsabilité pour faire face à des menaces qui, bien que lointaines, sont prises en comptes dans la planification stratégique de la santé nationale.