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Violences faites aux femmes : La recette de Maryam Bigdeli pour mettre fin au phénomène

Lors de son passage dans l'émission L'Info en Face mercredi 4 décembre, Maryam Bigdeli, représentante de l'OMS au Maroc, a souligné la gravité du phénomène des violences basées sur le genre. Elle a mis en lumière l'importance d'une coopération entre divers secteurs pour soutenir les victimes et a appelé à une révision de la loi 103-13 pour mieux protéger les femmes, en particulier les plus vulnérables, telles que les femmes âgées et celles en situation de handicap.

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À l'occasion des 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes, Maryam Bigdeli, représentante de l'Organisation Mondiale de la Santé au Maroc, a été l'invitée de l'émission L'Info en Face mercredi dernier. Elle y a abordé la problématique des violences basées sur le genre, un fléau social persistant qui peine encore à trouver des réponses politiques concrètes. « Ces violences touchent une proportion significative de femmes à travers le monde, dont une sur trois subit des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. Au Maroc, une enquête nationale réalisée en 2019 révèle qu'environ une femme sur deux ont subi des actes de violence. Malheureusement, les victimes n’osent souvent pas dénoncer leurs agresseurs, surtout lorsqu’il s’agit d’un proche ou d’un membre de la famille. Cette réticence est souvent liée à des facteurs comme la peur de représailles, la stigmatisation sociale, ou encore l’absence de soutien approprié », déplore Bigdeli.



L’invité de l’info en Face a, par ailleurs, abordé l'impact économique des violences faites aux femmes en soulignant que, au-delà de la souffrance humaine et sociale, ces violences ont un coût considérable pour la société. Elle a expliqué que les violences entraînent des frais directs et indirects importants. Les coûts directs incluent les soins médicaux, la prise en charge juridique et le soutien psychologique. Les coûts indirects, quant à eux, concernent la perte de productivité des victimes, qu’il s’agisse d'absentéisme au travail ou de la baisse de performance due aux traumatismes subis.

Elle a également noté que, à long terme, ces violences peuvent avoir un impact sur l'économie nationale en réduisant les opportunités économiques des femmes et en augmentant les dépenses publiques pour soutenir les victimes. C’est pourquoi, selon elle, investir dans la prévention des violences et dans le soutien aux victimes peut également constituer un levier pour renforcer l’économie du pays. Ce coût global montre qu’une approche préventive et d’accompagnement des victimes peut non seulement sauver des vies, mais aussi avoir un impact positif sur l'économie.

Pour améliorer la protection des femmes victimes de violence, Bigdeli a insisté sur l’importance d’une approche globale impliquant plusieurs parties. « Il est essentiel de renforcer les synergies entre les secteurs de la santé, de la justice, des affaires sociales et des associations pour assurer une prise en charge complète des victimes. Cette collaboration permettra de garantir des mécanismes de soutien psychologique, juridique et social adaptés, tout en offrant un environnement sécurisé où les femmes se sentent suffisamment protégées pour dénoncer les violences subies », a affirmé la représentante de l’OMS. Elle a également plaidé pour une sensibilisation accrue de la société afin de briser le silence autour des violences intrafamiliales et pour promouvoir un changement des mentalités sur ce sujet.



Elle a, dans ce sens, insisté sur le rôle des campagnes de sensibilisation, comme les 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes, pour mobiliser la société civile et les gouvernements. « Il est essentiel d'adopter une approche éducative afin d'intégrer des valeurs d’égalité et de respect dans la société dès le plus jeune âge. Il est aussi crucial de renforcer et de compléter le cadre juridique marocain, notamment la loi 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. Bien que cette loi constitue une avancée significative en criminalisant les violences et en mettant en place des mécanismes de protection pour les victimes, elle reste insuffisante à plusieurs niveaux », a déclaré Mme Bigdeli. Cette dernière a ainsi appelé à une évolution du cadre juridique pour mieux répondre aux réalités sociales et culturelles, tout en plaçant les victimes au cœur de la politique publique de lutte contre les violences faites aux femmes.

L’invité de l’info en Face a, en outre, insisté sur la vulnérabilité accrue de certains groupes face aux violences, notamment les femmes handicapées et âgées. Elle a souligné que ces femmes, déjà marginalisées, subissent souvent des formes de violence invisibles et difficiles à signaler, en raison de leur isolement social et de leur dépendance accrue à des proches ou à des soignants. « Les femmes en situation de handicap subissent des discriminations croisées, rendant leur situation plus critique. Elles peuvent être victimes de violences physiques, émotionnelles, économiques ou même institutionnelles, et souvent, leurs voix restent ignorées. Elle a appelé à une meilleure prise en charge de leurs besoins spécifiques et à une sensibilisation accrue pour garantir leur protection », a-t-elle affirmé. Et d’ajouter qu’ « en ce qui concerne les femmes âgées, le phénomène souvent invisible car la violence est, en effet, liée à la négligence, à la maltraitance psychologique et, dans certains cas, aux abus financiers. Elle a insisté sur l’importance d’intégrer cette population dans les politiques publiques et les actions de sensibilisation ».

Pour lutter contre ces violences, Mme Bigdeli a plaidé pour une approche multisectorielle, tenant compte des particularités de chaque groupe vulnérable. Elle a appelé à des efforts conjoints pour développer des programmes spécifiques adaptés aux femmes handicapées et âgées, tout en renforçant la collaboration entre les secteurs de la santé, de la justice et des affaires sociales. Maryam Bigdeli a également insisté sur l’importance de la solidarité sociale pour surmonter ces défis et offrir à toutes les femmes, quelles que soient leurs conditions, une vie libre de violence et empreinte de dignité.
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