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L’organisation du Mondial 2030 fera gagner au Maroc 10 ans d’investissements (Hicham Gabriel Guedira)

Invité de l’Info en Face, Hicham Gabriel Guedira, spécialiste du management sportif, affirme que l’organisation tripartite de la Coupe du monde ne générera pas des retombées économiques extraordinaires pour le Maroc. «Il ne faut pas s’attendre à gagner de l’argent en organisant ce grand événement», dit-il, en revanche, le Royaume pourrait gagner 10 ans d’investissements.

La candidature Maroc-Espagne-Portugal a une grande valeur, c’est un dossier fort, un dossier Nord-Sud et Afrique-Europe et surtout un dossier de trois nations du football, souligne de prime abord Hicham Gabriel Guedira. Ce spécialiste du management sportif qui était l’invité de l’Info en Face estime que la décision de la FIFA d’octroyer la Coupe du monde 2030 au dossier maroco-ibérique est de ce fait logique, eu égard aux infrastructures, à l’expérience et à la logistique dont disposent les trois pays.



Il a néanmoins souligné que l’attribution de trois matchs aux pays de l’Amérique latine était un geste symbolique de la FIFA envers les trois pays pour célébrer le centenaire de la Coupe du monde qui a vu le jour en Uruguay en 1930. En réponse à une question sur les critiques qui ont accompagné l’attribution de la Coupe du monde au trio Maroc-Espagne-Portugal, notamment celles venues de l’ancien président de la FIFA, Sepp Blater, Guedira indique qu’«il faut s’attendre à ce genre de critiques. Ce n’est que le début. Mais à mon avis, le dossier le plus bétonné est celui du Maroc, de l'Espagne et du Portugal».

50 milliards de dollars d’investissement pour les trois pays co-organisateurs du Mondial 2030

Concernant le volet investissement, Hicham Gabriel Guedira souligne qu’il devrait être de l’ordre de 50 milliards de dollars pour les trois pays : «Les premières estimations parlent de 50 milliards d’investissement pour les trois pays. On est sur une moyenne cohérente de 17, voire 18 milliards par pays. Tout dépend du nombre de matchs qu’on souhaite abriter et du nombre de stades qu’on propose à la FIFA. Si on prend les chiffres de la Coupe du monde en Russie, on parle de 15 milliards de dollars d’investissement. Si on prend les chiffres de la Coupe du monde au Brésil, on parle de 18 milliards de dollars. On est dans les chiffres classiques. Au Qatar, c’était 200 milliards d’investissements. C’était hors norme», explique-t-il.

L’expert tient néanmoins à préciser qu’il ne faut pas s’attendre à gagner de l’argent en organisant ce grand événement : «Est-ce que les méga événements font gagner de l’argent ? À mon avis non ! Mais par contre en termes d’investissement, on peut dire qu’on peut gagner 10 ans. Il faut savoir aussi que le PIB gagnera entre 1 et 2,5 points avec l’organisation de la Coupe du monde. Pour chaque point gagné, il y aura entre 50.000 à 60.000 emplois créés. Je pense que pour les prochaines années, il y aura énormément de création d’emplois». Pour étayer ses propos, l’expert assure que les investissements étatiques ne sont pas faits selon la même logique les investissements du secteur privé. Ici on parle d’investissements en diplomatie, en sécurité, dans la santé, dans les infrastructures, dans la ligne à grande vitesse qui va probablement arriver à Marrakech, voire Agadir. Ça c’est des choses dont l’État à besoin. C’est pour cela qu’il ne faut pas s’attendre à une rentabilité, en tout cas sur le court terme».

Le Maroc outillé en matière d’infrastructures, à la traîne en matière de capital humain

Sur la question des infrastructures et du capital humain, M. Guedira souligne que le Maroc est bien outillé en infrastructures. «Vu ce qu’on a construit pendant les 20 dernières années, je pense qu’on a progressé au niveau des infrastructures». En revanche, il relève un retard au niveau du capital humain : «La question du capital humain risque de se poser. Le vrai problème au Maroc, c’est le service dans tous les secteurs : dans l’hôtellerie, l’accueil des touristes, à l’aéroport... il faut y remédier pour être au rendez vous».

Favoriser le made in Morocco

Eu égard aux montants colossaux qui vont être investis pour accueillir la Coupe du monde, Hicham Guedira plaide en faveur des entreprises marocaines : «Avant de commencer à lancer des appels d’offres pour la réalisation des projets, il faut penser d’abord aux entreprises marocaines pour qu’elles puissent bénéficier des investissements qui seront faits. À mon avis, les pouvoirs publics doivent se pencher sur cette question avant même de commencer à lancer les différents marchés, que ce soit pour l’organisation ou le développement des infrastructures. Il faut que les entreprises étrangères s’associent avec des entreprises marocaines. Ça doit être une obligation ! Le Qatar a fait pareil en obligeant les entreprises étrangères à s’associer aux entreprises qataries pour pouvoir répondre à un certain nombre d’appels d’offres. Ça doit être aussi le cas au Maroc.»

Abriter le match d’ouverture ou la finale, un atout pour le marketing territorial

Pour tirer le meilleur parti de l’organisation du Mondial 2030 en termes de marketing, Guedira juge qu’il faudra abriter soit le match d’ouverture, soit la finale : «Le vrai challenge, c’est de pouvoir abriter le match d’ouverture ou la finale, parce qu’il y a un marketing de territoire à faire sur l’un de ces deux matchs. Quand on voit la finale de la Coupe du monde au Qatar, le nombre de clics sur les réseaux sociaux a dépassé les 3 milliards. C’est un chiffre énorme. Cliquer sur une image avec un tag du Maroc 3 milliards de fois, c’est encourager l’arrivée des touristes sur le marché marocain pour les 10 ou 15 prochaines années», souligne l’expert. Pour abriter l’un des deux matchs, il faut se préparer. Et de préciser que la ville qui va abriter la finale doit avoir 8.000 lits et un stade de plus de 80.000 spectateurs. D’où la nécessité d’accélérer la construction du Grand Stade de Casablanca, conclut-il.
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