Le mercato hivernal, qui a été réduit à deux semaines cette saison en raison des aléas du calendrier, connaît une activité très faible, essentiellement à cause des tracas financiers dont souffrent plusieurs clubs. Le président de la Ligue nationale de football professionnel, Abdeslam Belkchour, a abordé ce sujet en détail, mardi, lors de son passage sur la chaîne marocaine spécialisée «Arryadia». Le dirigeant a d’abord expliqué la décision de la LNFP d’écourter cette fenêtre hivernale : «Le Mercato aurait été efficace, même s’il avait été fixé à trois jours seulement ! Les gens ont pris l’habitude de voir le mercato s’étaler sur quatre semaines en début d’année et nous comprenons parfaitement cela. Cela dit, nous avons des contraintes cette année : la programmation du CHAN pour le mois de février (avant son report pour août), puis le mercato en lui-même, qui ne pouvait pas avoir lieu alors que la compétition est disputée. Nous nous attendions aussi à un marché au rythme très bas, vu la situation financière de plusieurs équipes. Aujourd’hui, après plusieurs jours de l’entame du mercato, un seul club a pu lever l’interdiction de recrutement, à savoir l’Ittihad de Tanger, qui a profité de l’assistance de la FRMF et de la LNFP et qui a reçu une bonne somme pour le dédommager suite à la fermeture de son stade. Nous attendons à présent que les autres clubs se manifestent».
Les bons et les mauvais élèves de la Botola
Le président de la LNFP a ensuite planté le décor, en dressant la liste des clubs habilités à recruter lors du marché hivernal des transferts : «En première division, les clubs qui ont réussi à éviter les litiges et qui sont dans une situation pleinement légale pour recruter sont l’AS FAR, la Renaissance de Berkane, le Fath de Rabat, l’Union de Touarga, la Renaissance de Zemamra et la Jeunesse de Soualem. L’Ittihad de Tanger a rejoint ce groupe en levant l’interdiction de recrutement. Je suppose que le Wydad de Casablanca sera le prochain club à lever l’interdiction, car ils sont en négociations directes avec les joueurs créanciers. L’Olympic de Safi pourrait aussi rejoindre cette liste... Le Moghreb de Tétouan est un club qui fait des efforts aussi. Ils peuvent relativement arranger leur situation, mais ils devront encore fournir des efforts. Le Raja et le Wydad travaillent également pour pouvoir recruter, mais leur situation est très compliquée.»
La LNFP accorde 40 MDH au WAC et au RCA suite à la fermeture du complexe Mohammed V
Certainement le club le plus impacté par la crise financière cette saison, le Raja de Adil Hala, ne devrait pas voir la lumière au bout du tunnel de si tôt : «Pour le Raja, je crois que ce sera très difficile de lever l’interdiction de recrutement, selon les données financières dont nous disposons. Ils ont déjà profité de 10 millions de dirhams qui ont servi à régler les mises en demeure de Naoufal Zerhouni et de Youssef Bellaâmri. Ce sera très compliqué pour le Raja. J’espère que le club sortira bientôt de cette crise...» Pour Belkchour, les deux géants footballistiques de Casablanca devront limiter les litiges pour rebondir à l’avenir : «Le RCA a déjà déboursé 40 millions de dirhams lors du mercato estival, il y a eu de grands efforts consentis. Le club est toujours endetté à hauteur de 25 millions de dirhams. Le Wydad, lui, présente des dettes de l’ordre de 25 à 30 millions de dirhams, mais je crois que le club est en mesure de régler ces sommes. Je rappelle qu’il dispose de 20 millions de dirhams garantis chez la LNFP. Le Raja a opéré plus de 80 recrutements pendant les cinq dernières années. Le Wydad, lui, a enrôlé plus de 92 joueurs pendant la même période... Le problème, ici, c’est qu’une grande partie de ces recrutements finissent par une résiliation unilatérale. Ceci mène inévitablement aux litiges, d'autant que plusieurs grands clubs ne prennent pas le temps de négocier avec les créanciers».
Face à cette situation chaotique, qui sévit au Raja et au Wydad, mais également dans plusieurs autres clubs, la LNFP a prévu un soutien financier pour les formations privées de leurs enceintes habituelles : «Comme promis auparavant, nous avons préparé des avances pour ces formations, de l’ordre de 6 millions de dirhams pour chaque club. Ceux qui ont été privés de stade ont été compensés, comme le Raja et le Wydad. Le Raja avait reçu 10 millions de dirhams pendant le mercato estival et devrait toucher la même somme en ce mois de janvier. La même chose pour le Wydad, qui n’a toujours pas perçu son argent... Le Hassania d’Agadir a également reçu une somme importante. Le Kawkab de Marrakech devrait aussi être dédommagé et nous sommes en discussions avec le Conseil de la région pour fixer les modalités de ce soutien, sans oublier l’Ittihad de Tanger que nous avons cité auparavant... L’objectif ultime est de mettre fin à cette série de litiges qui entrave la marche de grands clubs comme le Raja et le Wydad.»
L'AS FAR, un modèle à suivre
Abdeslam Belkchour a enfin érigé l’AS FAR comme modèle à suivre par les autres clubs, un club avec «un budget très stable et qui ne souffre pas des litiges. Ce club ne nous pose pas de problèmes, grâce à la bonne gouvernance. J’espère que tous les clubs pourront suivre le modèle de l’AS FAR, qui ne tourne pas avec un grand budget et qui parvient à éviter les difficultés financières. Je félicite ses dirigeants pour la grande stabilité au niveau des finances et de la gestion administrative, sachant que le club tourne avec un budget qui équivaut à 50% de celui du Raja ou du Wydad».