Au terme de la saison 2023-24, le Raja de Casablanca avait écrit une nouvelle page resplendissante dans l’histoire du club et du football marocain, en devenant le premier club à décrocher le titre sans subir la moindre défaite puis en signant le doublé avec la Coupe du Trône. Toutefois, les derniers mois précédant la consécration annonçaient déjà la nouvelle crise de gestion qui se profilait à l’horizon, avec la fuite du président Mohamed Boudrika en Allemagne. Les plus avertis commençaient alors déjà à redouter les conséquences de cette absence sur l’avenir du club, surtout au vu des nombreuses crises ayant sévi pendant la dernière décennie. Le début de la saison 2024-25 a ensuite vu Adil Hala prendre les rênes du club avec un bureau dirigeant dont la composition n’a toujours pas été officialisée. Cinq mois plus tard, le Raja de Casablanca a touché le fond : huitième au classement de la Botola Pro Inwi D1, battu par le DHJ, par l’IRT, par la JSS et par la RSB à l'aller et au retour et, surtout, auteur de l’une des pires apparitions de l’histoire du club en Ligue des champions de la CAF.
Adil Hala sur les traces de Saïd Hasbane
Les incidents du week-end dernier sont ensuite venus rappeler péniblement ceux de l’année 2017, lorsque le président honni Saïd Hasbane avait décidé de colmater la brèche en engageant le coach algérien Abdelhak Benchikha, alors que les supporters militaient pour le départ du bureau et la nomination d’une direction sportive bien structurée. Le coach algérien avait passé quelques jours au complexe Al Oasis, avant de rendre le tablier et de quitter le RCA «par respect envers ses supporters». Cette fois-ci, avec Adil Hala, l’entraîneur Miguel Gamondi est reparti en Espagne avant même de négocier les termes de son contrat, en constatant l’absence de ceux qui étaient supposés l’accueillir pour l’enrôler. L’Argentin devait remplacer le Portugais Ricardo Sa Pinto, selon les plans du bureau de Hala, mais cette manœuvre n’a finalement pas abouti. Ce ratage, combiné au résultat de dimanche face à la RSB, a soulevé un tollé dans les rangs des supporters, mais aussi des adhérents du club, qui ont enfin décidé de sortir de leur hibernation pour déloger le président. Lundi en matinée, plusieurs sources ont indiqué que plus d’une centaine de signatures avaient été rassemblées, afin de provoquer une Assemblée générale extraordinaire et pousser Adil Hala vers la sortie. La réaction des supporters et des membres des Ultras, elle, était encore plus virulente lundi.
«Le pire vous attend !»
Quelques heures après ce deuxième échec consécutif en championnat, le groupement des ultras du Raja «Curva Sud» a publié un communiqué au ton volontairement menaçant : «Les résultats des matchs n'ont jamais déterminé nos réactions ni nos positions. Nos actions récentes ont mis en évidence tout ce qui concerne l'actuel bureau, défaillant avec toutes ses composantes faibles, à commencer par le président, jusqu'au pseudo bureau, sans oublier les adhérents impliqués, soumis à leurs intérêts personnels. Nous tenons toutes les personnes impliquées pour responsables de l'issue de la situation, car nous savons avec certitude que votre prochain plan ne sera rien d'autre qu'un échec, un autre bureau qui ne sert que les intérêts des agents et qui porte atteinte à l'histoire et à l’identité du club. Désormais, aucune légitimité ne peut permettre à l’actuel bureau de se manifester dans l’entourage du Raja, ni de près ni de loin. Le départ est votre seule option. Des adhérents arrivistes, qui ne se soucient que de leurs intérêts personnels, d'anciens présidents qui font honte à l'histoire du club, et tous ceux qui gravitent autour du club et qui n’ont fait que le démolir, vous n’avez aucune place dans l'avenir du club, le pire vous attend !»
La deuxième partie de la saison 2024-25 s’annonce encore plus mouvementée que la précédente pour le Raja, qui représente malheureusement le Maroc dans la compétition africaine interclubs reine : la Ligue des champions. En plus de la crise de gestion, le Raja fait face à de nombreuses dettes en raison des litiges. Ce dossier constitue un autre frein au développement du club, puisque les candidats à la présidence sont souvent dissuadés par les chiffres de la dette, avant même de s'engager. La solution ne serait-elle pas, finalement, l’activation immédiate du statut de société anonyme et l’abandon du mode de gestion des associations sportives ?