Champion en titre et premier club de l’histoire du football au Maroc à remporter le championnat sans subir la moindre défaite, le Raja de Casablanca est passé de l’eldorado à l’enfer en l’espace d’un été. Après le départ de son ancien président, Mohamed Boudrika, poursuivi en justice dans le cadre de plusieurs affaires, les adhérents du club ont élu son premier vice-président, Adil Halla, qui a constitué un bureau dirigeant limité puis entamé ses fonctions en procédant à la levée de l’interdiction de recrutement. Quatre mois après l’entame de ses fonctions, le Raja s’est retrouvé en 10e position de la Botola Pro Inwi D1 (déjà trois défaite concédées), largué par la RS Berkane (leader) qui le devance de 10 points. Sur le plan continental, le constat est encore plus sombre, puisque le RCA occupe la dernière place du groupe B au terme de la 3e journée de la phase de poules de la Ligue des champions. La dernière défaite de l’équipe en Afrique du Sud, face au Mamelodi Sundowns, a suscité une vive colère dans le rang des supporters, surtout après les incidents qui ont accompagné ce revers à Pretoria.
Un échec qui expose le Raja au risque de l’élimination et qui a enfin fait réagir le bureau dirigeant du club. Ce dernier a publié un communiqué sur le site officiel et à travers les canaux de communication, mardi en soirée, annonçant le lancement d’une nouvelle «structuration technique» et de nouvelles «méthodes de travail», pour mettre un terme à une «situation marquée par des dysfonctionnements au niveau des résultats, qui ne correspondent pas à la valeur et à la réputation du club». Le bureau dirigeant a également estimé que ces résultats «ne reflètent pas les grands efforts déployés en début de saison, à commencer par la levée de l’interdiction de recrutement et les nombreux défis relevés avec succès». En d’autres termes, le bureau de Adil Halla considère que cette crise est un événement fortuit, qui s’est abattu sur le club malgré le travail de fond opéré en début de saison. Pourtant la réalité dément nettement cette version, puisque la crise de résultats est la conséquence directe des choix adoptés par ce même bureau, à commencer par la nomination de Rusmir Cviko, l’entraîneur bosnien sans aucune expérience en Afrique parachuté en tête de l’équipe première.
Des «efforts déployés» et des choix aux conséquences dévastatrices
Lorsque les limites de ce coach sont devenues trop flagrantes, le bureau du Raja a décidé de nommer Abdelkarim El Jinani comme entraîneur intérimaire. Le Marocain a surpris la galerie en enchaînant trois victoires consécutives, comme si la saison écoulée était toujours en cours. En voyant l’équipe performer à nouveau, le bureau dirigeant de Adil Halla se distinguait encore une fois en remerciant El Jinani et en nommant un autre entraîneur sans aucune expérience sur le continent : le Portugais Ricardo Sa Pinto. Résultat : une seule victoire en 12 matchs et l’une des pires performances de l’histoire du club en Ligue des champions.
Après toutes ces décisions ayant eu une incidence directe sur le parcours du club, le bureau dirigeant est donc sorti de son silence mardi pour se déresponsabiliser et vanter les «grands efforts» consentis en début de saison. Les dirigeants ont annoncé la nomination prochaine d’un directeur sportif et d’un responsable de l’équipe première, deux postes vacants actuellement. Comment est-ce qu’un club d’élite peut-il se considérer comme étant professionnel alors que ces deux postes sont vacants ? La prochaine action du bureau de Adil Halla devrait être le limogeage de Ricardo Sa Pinto, surtout après la nomination de Hafid Abdessadeq comme entraîneur adjoint. Cette décision sonne comme le début du nouvel épisode d’un cycle néfaste, qui traîne le Raja vers les abysses dans une saison désastreuse sur tous les plans.