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Sport scolaire : l’activité se développe, mais n’a pas encore les moyens de ses ambitions

Le Maroc érige depuis toujours le sport à l’école en priorité. Mais ces dernières années, il se fixe des ambitions plus grandes dans ce secteur. La Direction de la promotion du sport et la Fédération Royale marocaine du sport scolaire visent à permettre à chaque élève de pratiquer une activité sportive de son choix. Immunisation contre les comportements inappropriés, santé, épanouissement intellectuel, inclusion, esprit collectif, fair-play… nombreux sont les bienfaits de la pratique sportive chez les élèves. Pour comprendre les enjeux du sport scolaire, «Le Matin» est allé à la rencontre des acteurs actifs dans ce secteur.

Plus de pratiquants et plus de disciplines sportives à l’école. Voilà l’ambition affichée par Abdeslam Mili, directeur de la promotion du sport au ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports. M. Mili assure que plusieurs études effectuées à l’étranger et au Maroc montrent que le sport à des bienfaits inestimables non seulement sur le corps de l’élève, mais aussi sur son équilibre psychique et mental, ainsi que sur ses performances scolaires. «Plus on fait du sport, plus le taux d’abandon scolaire diminue et plus les élèves réussissent», explique-t-il.

Conscient de ces enjeux, le Maroc a fait de ce secteur l’une de ses priorités avec pour objectif de démocratiser la pratique du sport au Royaume : «Notre ambition est que chaque élève pratique le sport de son choix. Nous voulons former des élèves épanouis corporellement, intellectuellement et émotionnellement», assure M. Mili.

Huit millions de pratiquants du sport scolaire

Selon la Direction de la promotion du sport, il existe 8 millions d’élèves qui pratiquent au minimum 2 heures de sport par semaine. «L’éducation physique et sportive (EPS) est une matière obligatoire à l’école, au même titre que les autres matières», nous apprend ce haut responsable. D’après la Direction de la promotion du sport, 35 à 40 sports sont actuellement pratiqués dans des écoles marocaines sur l’ensemble du territoire national. Mais ce sont les sports classiques comme le football, le volleyball, le basketball, l’athlétisme qui font l’objet de plus d’engouement, sachant que récemment il y a une tendance vers les sports de jeunes. En plus de l’EPS, il y a également l’ASS (Association sportive scolaire), qui est en fait le prolongement de l’éducation physique. «L’ASS est un prolongement l’EPS qui maintient certains élèves dans tel ou tel sport en leur permettant une pratique plus consistante au sein des associations sportives. L’intérêt de l’ASS se justifie par son rôle dans la détection de talents qui vont participer à des compétitions organisées par la Fédération Royale marocaine du sport scolaire. Des compétitions à la fois locales, régionales, nationales et internationales. L’ASS est le cadre idoine pour dénicher les talents, en prélude à leur intégration dans les clubs».

50 compétitions sportives annuelles et une pépinière pour la détection des talents

L’autre grand enjeu du sport scolaire est incontestablement la détection de jeunes talents qui vont alimenter les clubs et les fédérations sportives. Pour gagner ce pari, la Direction de la promotion du sport scolaire organise annuellement plus de 50 compétitions locales, régionales, nationales et parfois internationales. «On est partis de six compétitions, avant de monter en puissance pour atteindre 40 et maintenant plus de 50 compétitions par an. Plus de 10.000 élèves sportifs participent auxdits événements en présence des experts des clubs et des fédérations qui viennent dénicher les perles rares dans l’ensemble des disciplines sportives», déclare M. Mili. L’école est un creuset de champions. D’ailleurs, le Maroc brille depuis toujours dans les jeux sportifs scolaires à la fois au niveau continental et international.

Un budget étriqué de 20 millions de DH pour promouvoir la pratique du sport à l’école

Même si la Fédération Royale marocaine du sport scolaire est indéniablement la plus grande fédération avec 8 millions de «licenciés», ses ressources restent très limitées. La Fédération bénéficie d’une subvention annuelle du ministère de l’Éducation nationale de l’ordre 12 millions de DH. À ce montant s’ajoutent 10% des cotisations des élèves, qui représentent environ 8 millions de DH. Des chiffres qui restent insuffisants, eu égard au nombre élevé de pratiquants et surtout à la volonté de démocratiser la pratique du sport dans les écoles.

Des contraintes non négligeables

En dépit de la bonne volonté du ministère de l’Éducation nationale et de la Fédération, plusieurs contraintes entravent encore la démocratisation du sport scolaire. Des contraintes liées à la fois à la surcharge de l’emploi du temps, avec souvent la programmation de l’éducation physique et sportive à des horaires inadaptés, généralement en fin de journée, après de longues heures d’étude, avec un manque d’installations sportives dans les établissements du milieu rural. À cela s’ajoute le manque de qualification du corps enseignant dédié à l’EPS. Généralement, c’est un professeur d’une autre matière qui s’occupe de l’animation des heures d’éducation physique.

Entretien avec Abdeslam Mili, directeur de la promotion du sport : «8 millions d’élèves pratiquent l’éducation physique et sportive»



Le Matin : Concrètement qu’attendez-vous du sport scolaire ?

Abdeslam Mili :
En fait, on attend ce qu’attendent les familles marocaines. On veut que chaque élève pratique le sport de son choix. L’école est le lieu où chaque élève peut effectivement pratiquer le sport qu’il préfère. L’objectif est d’assurer le développement du corps et de l’esprit de l’élève en faisant en sorte qu’il réussisse à l’école. Le sport scolaire fait de l’élève son centre d’intérêt. Actuellement, on pratique entre 35 à 40 sports à l’école. On a essayé de démocratiser la pratique du sport en s’ouvrant sur d’autres disciplines.

À combien se monte le nombre d’élèves qui pratiquent le sport scolaire au Maroc ?

Nous avons 8 millions d’élèves qui pratiquent l’éducation physique et sportive (EPS). C’est une matière obligatoire. Les élèves pratiquent au minimum 2 heures d’éducation physique et sportive par semaine. L’EPS vise à former un individu épanoui corporellement, intellectuellement et émotionnellement. Nous avons aussi l’Association sportive scolaire (ASS) qui est un prolongement de l’éducation physique. L’ASS offre donc un prolongement et maintient certains élèves dans tel ou tel sport en leur permettant une pratique plus consistante au sein des associations sportives. L’intérêt de l’ASS se justifie par son rôle dans la détection des talents qui vont participer à des compétitions organisées par la Fédération Royale marocaine du sport scolaire. Des compétitions locales, régionales et nationales.

Combien organisez-vous de compétitions annuellement ?

On a commencé par six compétitions, ensuite on a atteint 40 et actuellement on est à plus de 50 compétitions annuelles. Il y a un effort colossal qui a été effectué au niveau des régions, au niveau des écoles. Et cela fait augmenter le nombre de participants aux compétitions scolaires. On était à 2.000 participants aux compétitions scolaires locales, régionales et nationales, et actuellement on est à 10.000 participants.

Parlez-nous des filières sport-études ?

L’instauration des filières de «sport-études» s’inscrit dans le cadre de la convention-cadre signée le 17 septembre 2018 devant S.M. le Roi Mohammed VI. La signature de cette convention a été le point de départ officiel des filières de «sport-études». On a commencé cette expérience avec deux établissements : l’un se trouve à Casablanca et l’autre à Tanger. On a commencé avec 160 élèves. Actuellement, nous en sommes à 7.240 élèves répartis entre toutes les régions du Maroc. Il existe plus 50 établissements de «sport-études» au Maroc qui dispensent plus de 30 disciplines sportives. Les élèves qui suivent les filières sport-études n’abandonnent plus l’école comme auparavant. Ils sont en communauté et partagent les mêmes soucis et les mêmes motivations.

Le sport scolaire en chiffres

• 8 millions : c’est le nombre d’élèves qui pratiquent le sport à l’école marocaine. Un chiffre qui fait de la Fédération Royale marocaine du sport scolaire la plus grande fédération sportive au Maroc.

• 35 à 40 sports sont pratiqués à l’école.

• 10.000 élèves participent annuellement aux compétitions locales, régionales et nationales organisées par la Fédération marocaine du sport scolaire.

• 20 millions de DH : c’est le budget annuel alloué à la Promotion de sport scolaire, dont 12 millions de DH de subvention du ministère de l’Éducation nationale.

• De 160 élèves en 2018, les filières sport-études comptent aujourd’hui 7.240 élèves, dont 193 au lycée des sportifs de Aïn Sbaa.

• 12/20 : c’est la moyenne minimum qu’un élève doit avoir pour accéder au Lycée des sportifs de Aïn Sbaa, en plus d’être affilié à un club, une Ligue nationale ou une Fédération sportive.

Sport-études : le lycée des sportifs de Aïn Sbaa, une expérience pilote qui fait ses preuves

Les filières sport-études ont commencé au Maroc en septembre 2018, plus précisément après la signature de la convention-cadre devant S.M. le Roi Mohammed VI par le ministre de l’Éducation nationale et le ministre de la Jeunesse et des sports. L’expérience a débuté par deux établissements au niveau national, à savoir le Lycée des sportifs de Aïn Sebaa et celui de Tanger avec 160 élèves. Deux structures pilotes dupliquées ensuite à l’échelle nationale. Les filières sport-études sont passées d’un effectif de 267, dont 90 filles, en 2019 à plus de 6.138, dont 2.046 filles, durant l’année 2022-2023. Ce chiffre est passé à 7.240 élèves lors de cette saison 2023-2024, apprend-on auprès de Abdeslam Mili, directeur de la promotion de sport. Le nombre d’établissements est, quant à lui, passé de 2 en 2018 à plus de 50 cette saison.

Lycée des sportifs de Aïn Sbaa, creuset de champions

Placé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale, le Lycée des sportifs de Aïn Sbaa est au service des Fédérations sportives, des Ligues nationales et des clubs sportifs. Le Lycée a d’ailleurs signé plusieurs conventions de partenariat avec beaucoup d’acteurs du sport dans notre pays (FRMF, FRMVB, FRMN, FRMBB...). Généralement, les élèves qui accèdent à cet établissement présentent tous le potentiel de futurs champions. D’après Mohamed El Mahboubi, directeur du Lycée des sportifs de Aïn Sbaa, sont admis au lycée, les élèves affiliés à une Fédération, à une Ligue nationale ou un club sportif, qui disposent d’une licence et ayant une moyenne égale ou supérieure à 12/20.

Pour Mohamed El Mahboubi, directeur du Lycée, l’établissement est une institution d’excellence qui alterne cours en classe et entraînements. Avec à leur disposition des installations sportives et un personnel encadrant de grande qualité, les élèves du lycée commencent déjà à briller dans des compétitions nationales et continentales. Mohamed El Mahboubi n’a pas manqué de mettre en avant les performances de l’équipe de basketball féminine sacrée championne du Maroc et vice-championne d’Afrique et qualifiée aux Championnats du monde. Il a également décerné une mention spéciale à l’équipe de volleyball du lycée devenu noyau de l’équipe nationale U17.

Études-sport en alternance

Grâce à des aménagements d’horaires, les élèves alternent l’école le matin et l’entraînement l’après-midi. À cet égard, Mohamed El Mahboubi précise que la journée typique au lycée débute tôt le matin avec des cours qui démarrent à 8 h et qui se poursuivent jusqu’à 13 h. Après une pause de 2 heures, les élèves s’entraînent jusqu’à 18 h. À partir de 19 h 30, les élèves dînent et rejoignent les salles de cours pour des séances d’études avant d’aller dormir à 22 h. Actuellement, 193 élèves sportifs sont inscrits au lycée dans des sports collectifs et individuels (football, basketball, volleyball, natation, tennis, judo, taekwondo...). Eu égard aux performances scolaires et sportives des élèves du lycée, le nombre d’inscrits est passé de 110 en 2018 à 193 cette année.
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