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«Nous voulons développer une recherche appliquée»

Entretien. Avec le professeur Noureddine Mouaddib, initiateur du projet de l'Université internationale de Rabat.

«Nous voulons développer une recherche appliquée»
Actif depuis trois ans, le professeur Noureddine Mouaddib, un MRE, vient de réaliser son rêve. Il s'agit du lancement de l'Université internationale de Rabat, un projet original à plus d'un titre. Il nous livre, en exclusivité, les secrets de ce projet dont il est le principal porteur, son budget, ses ambitions…

LE MATIN ÉCO : Pouvez-vous nous présenter le projet de l'Université internationale de Rabat (UIR) ?

Noureddine Mouaddib :
L'Université internationale de Rabat (UIR) est un projet d'établissement d'enseignement supérieur et de recherche inscrit dans les perspectives de la réforme de l'université marocaine. Elle est portée par la diaspora marocaine et maghrébine, et s'appuie sur un consortium académique formé de plusieurs établissements universitaires, ainsi qu'un consortium industriel de qualité. Elle sera une université pluridisciplinaire avec plusieurs pôles de formations. L'UIR veut également être un ascenseur social pour les étudiants issus de milieu modeste par l'attribution de bourses.
Il s'agit d'une première dans le paysage universitaire africain. Notre ambition est d'attirer et de former des compétences de très haut niveau par-delà les frontières marocaines. Nous voulons développer une recherche appliquée et à innover avec les industriels marocains afin de les accompagner dans une compétition mondiale.
Nos objectifs à terme sont doubles. Premièrement, répondre aux besoins de ressources humaines qualifiées dans des secteurs de pointe comme l'aéronautique, l'automobile, l'offshoring, le naval ou le ferroviaire, etc. C'est notre modeste réponse au pacte national pour l'émergence industrielle qui annonce la création de 220.000 emplois à l'horizon 2015. Deuxièmement, atteindre une visibilité internationale par des publications dans les meilleures conférences et revues internationales, par des dépôts de brevets...
L'UIR accueillera à terme 6000 étudiants et plus de 400 employés (Enseignants-Chercheurs, personnel administratif…).

Avez-vous le soutien de l'Etat marocain ?

L'UIR a reçu le soutien de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, et du Président de la République française Nicolas Sarkozy. Grâce aux Hautes instructions de Sa Majesté, un terrain de 20 hectares a été octroyé au projet dans la Technopolis de Rabat-Salé. L'Etat marocain nous apporte l'aide et l'assistante nécessaires pour réussir ce projet ambitieux, d'intérêt général et participant au service public. Le projet a été soumis à la commission des investissements et a reçu un accord de principe. A cet effet, nous organisons, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et avec le concours du ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger et du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), une journée de travail, le 25 avril, à la Bibliothèque nationale du Royaume à Rabat, en présence de plusieurs personnalités, ministres, chercheurs et acteurs économiques engagés à nos côtés.

Quel serait le budget de ce grand projet d'université privée ?

Le montant de l'investissement sur 5 ans est de 1,32 milliard de dirhams. Le plan de financement, échelonné, est basé sur des fonds institutionnels publics et privés. Cela était notre souhait depuis le début. L'investissement porte sur un campus intégré avec des logements pour étudiants, complexe sportif, lieux de vie, etc. On cherchera à mutualiser certaines infrastructures avec d'autres partenaires sur la Technopolis qui, à notre avis, pourrait être demain la Silicon Valley de l'Afrique.

Quelles sont les entités et les personnalités qui vont participer à ce projet ?

Le consortium académique de l'UIR réunit plusieurs établissements prestigieux français et américains : Université de Nantes, Université de Rennes1, deux écoles relevant du ministère français de la Défense (ENSIETA et l'ISAE), l'Ecole des Mines ParisTech, Sciences Po Grenoble, l'ESC Rennes, l'Ecole spéciale d'architecture de Paris, ainsi que la prestigieuse université américaine Yale. Ce consortium est aujourd'hui engagé par convention avec l'UIR sur plusieurs points tels que la co-diplômation ou la double diplômation, l'ingénierie pédagogique, etc. Ces établissements seront présents à la réunion que nous organisons le 25 avril à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc. L'UIR s'appuie également sur un consortium industriel qui compte parmi ses membres aujourd'hui de grands groupes comme Thalès, le Groupe Safran, la Société Carbone Lorraine, etc. Je me garderai à ce stade de citer les personnalités soutenant ou investies dans l'UIR. Ce que je peux vous dire c'est que la liste est longue, grâce à Dieu ! Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'un projet très ambitieux et militant qui bénéficie d'une dynamique collective de qualité.

Il y a énormément d'universités publiques et privées au Maroc. Ne pensez-vous pas que le marché est déjà saturé ?

Quelques chiffres pour répondre à votre question. 1- Le nombre de bacheliers marocains n'ira qu'en augmentant, actuellement il est d'environ 110.000, dans moins de 10 ans ce nombre va doubler. Malgré le doublement du nombre de bacheliers dans 10 ans, le Maroc reste en dessous du nombre de bacheliers dans des pays équivalents. 2- Les universités publiques sont saturées, environ 320.000 étudiants pour environ 10.000 enseignants-chercheurs, ce qui vous donne un taux d'encadrement de 1EC/30étudiants. La norme est de 1EC pour 10 étudiants. 3- Plus de 50.000 étudiants marocains sont à l'étranger dont certains aimeraient rester dans leur pays mais ne trouvent pas chaussures à leurs pieds. Nous tacherons de capter 10% de cette population, sans parler des candidats de l'Afrique subsaharienne.
En résumé, nous avons besoin d'établissements aux normes internationales qui, au-delà de répondre au besoin du Maroc, pourraient attirer des étudiants d'autres pays, y compris de l'Europe et de l'Amérique du Nord. C'est à nous de relever le défis !

Quel est le principal créneau de formation de cette université ?

On vise des formations à valeur ajoutée pour le pays. Certaines sont une première au Maroc, d'autres viennent conforter ou en complément à des formations déjà existantes dans d'autres établissements. Voici les pôles de formation qu'on ouvre sur 5 ans :
- Pôle Transport : Aéronautique, Automobile, Naval, Spatial et Ferroviaire
- Pole Technologie de l'Information et de la Communication : Informatique, Electronique, Télecom, Logistique.
- Pôle Pétrole et Energies Renouvelables.
- Pôle Architecture et Design.
- Pôle Sciences politiques et relations internationales.
- Pôle Business School.
- Pôle Affaires, Finance et Fiscalité.
- Pôle Langues, Culture et Civilisation.
Le plan de développement s'étale sur 5 ans. Nous offrirons des formations de niveau Bac+3, Bac+5 et Bac+8. Le recrutement des étudiants se fera par voie de concours ou sur dossier, avec entretien.

Quelle relation y a-t-il entre cet établissement est les Marocains résidant à l'étranger ?

Je suis concerné à ces deux titres ! Je suis MRE et je suis le porteur de ce projet dans lequel je m'investis à temps plein depuis plus de 3 ans. L'UIR a reçu le soutien de nombreuses organisations de MRE telles que le Club 21ème Siècle, le Club Compétences, Synergies et Initiatives à Paris, l'association américaine American Morroccan Institute, le Club Young Mediterranean Leaders, etc. Aujourd'hui, l'UIR est soutenu au quotidien par le CCME, je voudrais au passage remercier chaleureusement toute l'équipe du CCME pour son soutien permanent, et particulièrement Driss El Yazami, président du CCME.

Quel est l'objectif de la journée organisée samedi prochain à Rabat ?

L'objectif de cette journée est de passer à l'étape supérieure en présentant toutes la facettes de l'UIR : pôles de formations, les projets de recherches, le mode de gouvernance, la structuration juridique ainsi que le plan de financement. Cette journée va réunir une partie de la diaspora mobilisée pour le projet, plus d'une cinquantaine venant des continents américain et européen. Seront présents à cette journée nos partenaires marocains: M. Ahmed Akhchichine, ministre de l'Education nationale, M. Taieb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères, M. Mohammed Ameur, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Marocains résidant à l'étranger.
Plusieurs personnalités institutionnelles étrangères devraient être parmi les invités dont M. Pierre Laffitte, Sénateur honoraire, chargé de mission auprès du Président de la République française et M. Ian Shapiro, Director of the Mac Milan Center for International Affairs (Yale University). Tous nos partenaires académiques seront présents pour réaffirmer leur engagement et leur volonté de s'investir dans l'UIR, ainsi que le groupe Thalès qui sera représenté par une délégation de 5 personnalités du top management.
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