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Le système des retraites contraint de se réinventer un avenir

Les tensions qui pèsent aujourd’hui sur le système des retraites au Maroc laissent planer des doutes parfois sur la pérennité à long terme des régimes en place. Toutefois, au-delà des débats passionnés que soulève inévitablement cette question, les simulations réalisées sur la base de l’existant montrent que le système de retraite est viable moyennant une réforme en profondeur. Ce ne sera pas facile, mais c’est inévitable.

Le système des retraites contraint de se réinventer un avenir
Le système des retraites

«Vieillissement de la population marocaine : effets sur la situation financière du système de retraite et sur l’évolution macroéconomique». Tel est l’objet de l’intéressant rapport publié fin décembre dernier par le Haut commissariat au pan (HCP).  Un travail d’enquête réalisé en partenariat avec le Centre d’études, de prospectives et d’informations internationales (France), dans le but de définir un modèle d’équilibre général pour étudier l’impact du choc démographique sur la viabilité financière du système de retraite. Plusieurs scénarios ont été dressés et des simulations établies. Elles sont au nombre de 8, selon le HCP, qui estime que le problème des retraites est commun à toutes les économies, quel que soit leur stade de développement.
D’emblée, il faut rappeler que le système de retraites au Maroc est composé de quatre régimes différents : la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), la Caisse marocaine de retraite (CMR), le Régime collectif d’allocation des retraites (RCAR) et la Caisse interprofessionnelle marocaine des retraites (CIMR), qui est un régime facultatif orienté vers le secteur privé.

Des projections qui donnent à réfléchir

De 2000 et jusqu’à 2009, le nombre de cotisants a augmenté de 4,1% par an en moyenne et culminait à 2,7 millions de personnes, soit 27% de la population active. Ce niveau est jugé très bas comparé aux 60% dans les cas d’économies en transition et aux 80% des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). De plus, en 1980, il y avait 15 actifs pour un retraité, rapport tombé à 5,8 en 1993 et à 3,9 en 2009. Mais cette moyenne relève des disparités par caisse : la CNSS compte 5,4 actifs pour un retraité, le RCAR 1,2 tandis que la CMR affiche 2,7 et la CIMR enfin 2,1.

L’excédent financier global des caisses est passé de 0,95% du PIB en 2005 à 0,33% en 2009. Si les pensions à verser devenaient supérieures aux cotisations, les caisses de retraite devraient utiliser leur épargne pour régler les prestations jusqu’à épuisement. Conscient de ce problème, le HCP a développé en partenariat avec le Centre français d’études, de prospectives et d’informations internationales un modèle d’équilibre général pour étudier l’impact du choc démographique sur la viabilité financière du système de retraite. De cette simulation, 8 scénarios se sont dégagés.

Le scénario 1 analyse l’impact de l’évolution démographique sans modification législative. Malgré une augmentation du nombre de cotisants de 58,6% à l’horizon 2050, le nombre des retraités augmenterait de 310% pour la CNSS. Pour la CMR il y aura 2% d’augmentation des cotisants pour 160% d’augmentation de nombre de retraités, et pour le RCAR quelque 10,5% de cotisants en plus pour 80% de retraités supplémentaires. Le régime serait donc laminé avec un déficit financier en 2050 de 5,1% du PIB. Une situation intenable quelle que soit la caisse concernée : 2,7% pour la CNSS, 1,8% pour la CMR, 0,4% pour le RCAR et 0,2% pour la CIMR. Mais le système ne survivrait même pas jusque-là puisque les réserves financières de l’ensemble des caisses publiques seraient épuisées bien avant : 2023 pour la CNSS, 2029 pour la CMR et 2050 pour la RCAR. Seule la CIMR tirerait son épingle du jeu.

Des fusions et des effets escomptés

Ces déficits auraient évidemment un impact significatif sur l’économie, entraînant une baisse de l’épargne et du ratio entre l’investissement et le PIB. La croissance baisserait à 1,8% en 2050 malgré l’augmentation des actifs et donc de la consommation.

Les scénarios 2 et 3 visent l’équilibre du système à horizon 2050 par l’adaptation de deux variables : l’augmentation du taux de cotisation et la baisse des retraites versées. Mais ces deux options sont illusoires compte tenu des sacrifices en matière de consommation et de compétitivité qu’ils engendreraient.
Le scénario 4 propose de fusionner à partir de 2015 les caisses de retraite publiques, tandis que dans le scénario 5 seuls les régimes CMR et RCAR fusionneraient. Les cotisations patronales seraient de 15% et les cotisations des salariés de 10%. Le scénario 4 prévoit une amélioration de la situation générale, mais en 2050 le déficit du régime serait de 3,1% du PIB.

Le scénario 5 projette un déficit de 3,3% du PIB pour la CNSS, la CMR et le RCAR et 0,2% pour la CIMR. Le gain serait donc entre 1,2% et 2% du PIB, mais la fusion précitée entraînerait une perte pour les adhérents CMR et RCAR puisque leurs retraites garanties sont supérieures à 60%, ce qui rend cette réforme difficile à mettre en place.

Dans le scénario 6, les cotisations augmenteraient à partir de 2015 progressivement et porteraient le taux de couverture à environ 86,8% à l’horizon 2050.
Le scénario 7 simule le passage à 62 ans de l’âge de la retraite, dès 2015, ce qui aurait un effet légèrement positif sur le nombre de travailleurs, mais le ratio entre le nombre des salariés couverts et la population en âge de travailler resterait pratiquement inchangé. Les effets sur l’investissement et la croissance à long terme seraient par ailleurs nuls et le déficit agrégé en 2050 s’élèverait à 5,3%.Enfin, le scénario 8 prévoit une augmentation du taux d’activité des femmes à partir de 2015 pour se situer au même niveau que celui des hommes pour les nouveaux cotisants. L’impact serait significatif sur la situation financière des régimes de retraite. Le déficit du régime serait alors de 2,8% en 2050. 

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