Rien à l'horizon n'indique que cette discipline sera remise sur les rails. La crise qui secoue le football féminin est beaucoup plus profonde que l'on imagine puisque la naissance même d'un championnat de première division de football féminin s'est faite dans la précipitation sans avoir mis sur place une vision claire pour cette discipline. Tout remonte à 2007 quand la Fédération a entendu parler que la FIFA octroie des subventions aux fédérations qui encouragent le football féminin.
Et pour ne pas laisser échapper cette manne financière, la Fédération a décidé dans la précipitation de lancer un championnat de première division, alors qu'avant cette date il y avait juste un championnat interligues. Pour lancer ce championnat, la Fédération a choisi deux clubs par ligues, sauf dans la ligue de Casablanca où elle a opté pour 4 clubs. Tous ces clubs ont été répartis dans deux groupes. Un format qui sera changé une année plus tard pour des raisons qui restent encore obscures. Une décision qui a suscité l'indignation de plusieurs clubs qui se disent être victimes d'une machination, notamment le club Atlas 05 Fiquih Bensalh qui a été affecté au groupe Sud.
Son président Mohamed Salak affirme que si l'objectif de la Fédération en créant trois groupes était de rapprocher les clubs les uns des autres afin de réduire leur dépense et surtout d'éviter l'abandon scolaire des filles, c'est raté puisque l'équipe de Atlas 05 Fiquih Bensaleh est condamnée à faire des trajets allant jusqu'à 1.200 km pour aller jouer à Laâyoune ou à Tan tan ainsi que des déplacement aussi périlleux que coûteux que ledit club effectue à Agadir.
Il n'y a donc pas aucune logique dans la répartition des clubs dans les trois groupes. «Se déplacer à Laâyoune avec des jeunes filles prend au minimum 4 jours aller-retour. Chose qui se répercute négativement sur la scolarité des filles qui doivent abandonner l'école», a-t-il indiqué. Autres défaillances, la non distribution de la subvention promise aux clubs, alors qu'il reste à peine deux journées avant la fin du championnat que les matchs de la coupe du Trône. Un retard qui se répercute négativement sur la gestion quotidienne des clubs qui doivent faire pieds et mains pour terminer une saison très coûteuse en dépenses.
Tous ces problèmes ont irrité plusieurs dirigeants de clubs et d'associations qui ont tiré la sonnette d'alarme à plusieurs occasions. Mais le mutisme et l'indifférence des fédéraux ont poussé quelques personnes à réagir en proposant la création d'un Groupement national de football féminin. La réponse de la Fédération à cette manœuvre ne s'est pas faite attendre. Dans un communiqué adressé au clubs, l'instance fédéral a indiqué que les tentatives entreprises par certains représentants de clubs visant la création d'un Groupement national du football féminin est illégale conformément à l'article 17 de la loi 06-87 relative à l'éducation physique et aux sports.
Cette loi stipule, selon ce communiqué, en son dernier alinéa qu'il ne peut y avoir qu'une seule Fédération habilitée par discipline sportive, de l'article 4 du statut de la FRMF qui consacre l'exclusivité octroyée à la Fédération de susciter la création des organes aussi bien nationaux que régionaux.
Selon Saâd Nasrallah, du Raja de Casablanca, l'idée n'était pas de créer un Groupement de football féminin, mais d'adresser une liste de revendication à la Fédération qui a ignoré complètement le football féminin. Et d'ajouter que les dirigeants des clubs n'ont nullement aucune intention de se substituer à la Fédération qu'ils considèrent comme l'unique représentant de football national.
Pourquoi sommes-nous arrivées là ? En grande partie, en raison de la marginalisation de la Fédération des clubs.
A deux journées de la fin du championnat, la Fédération n'a pas encore statué sur les réserves déposées par certains clubs. Ce n'est pas tout. Elle n'a tenu cette année aucune réunion avec les clubs pour débattre des problèmes qui minent ce sport.
Tout cela fait que le football féminin est le plus méconnu du public.
La Fédération a souvent abordé le sujet à la légère ou comme un sport d'exhibition dont on parle de temps à autre comme la fleur qu'on offre aux dames un certain 8 mars. Plus grave encore, dans le rapport financier de la Fédération, il n'y a aucune mention à une quelconque subvention à ce sport. Ce qui est sûr, c'est que cela doit changer. Il en va de l'avenir, de la promotion ou de ce qu'on se plaît à appeler la mise à niveau du football féminin dont on ne peut parler sans le développement des clubs.
Une restructuration et surtout une reconsidération du football féminin s'avèrent nécessaires si l'on veut réaliser un véritable décollage du secteur sans ce caractère occasionnel, exhibisionniste ou folklorique qu'on lui attribue souvent. Sans quoi, on continuera à se mentir et à mentir à nos filles.
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Le Matin Sports : Que pensez-vous du championnat national de football féminin tel qu'il est actuellement ?
Fatima Aouam : Pour le moment, ce n'est pas un vrai championnat. Il n'y a pas de régularité dans la compétition. Il y a beaucoup de reports. Parfois, ce ''championnat'' s'arrête brusquement puis il redémarre. Un championnat féminin ne doit en aucun cas être géré de cette façon. Il y a trop d'anarchie. C'est une discrimination envers les filles. Le sport est un droit pour tout le monde. Il ne faut pas exclure les femmes de cette manière. Le championnat féminin se doit d'avoir une bonne organisation digne de ce nom. Il y a une absence de vision claire. Il nous faut des objectifs bien définis pour relancer ce championnat.
Etes-vous pour la création d'un Groupement national de football féminin ?
Je suis pour que le foot féminin ait son propre groupement à une seule condition. Il faut que cette instance ait des objectifs concrets. En d'autres termes, il faut qu'on vise, par le biais d'une telle entité, la mise à niveau du foot féminin. Il faut prévoir un budget pour les infrastructures, la formation des cadres et surtout des entraîneurs. D'ailleurs, le foot féminin manque d'entraîneurs femmes qualifiées et c'est vraiment malheureux.
Actuellement, et ce à deux journées de la fin, la commission chargée de la réglementation des statuts n'a pas encore tranché sur plusieurs réserves émises par certaines équipes. Cela ne biaise-t-il pas la compétition ?
Normalement, la commission doit donner son verdict après chaque match comme cela se fait dans le championnat masculin. Mais dès qu'il s'agit du football féminin, les procédures sont longues. Et cela prend beaucoup de temps car visiblement, cette compétition est perçue comme seconde zone. A mon avis, pour éviter ce genre de problème, il faut alléger un peu les charges de cette commission en créant par exemple une sous-commission chargée uniquement des affaires concernant le championnat féminin. Cela sera une bonne chose pour que ce championnat puisse enfin décoller. En plus, je vois que la Fédération royale marocaine de football a marginalisé les femmes. Il n'y a malheureusement aucune femme technicienne au sein des diverses commissions. L'instance fédérale devra, en principe, donner plus d'importance aux femmes. Et le championnat féminin ne doit pas uniquement être une simple formalité pour plaire à la FIFA, mais une compétition qui permettra de développer le foot féminin.
Plusieurs équipes féminines n'ont pas encore reçu les subventions promises par la FRMA. Alors comment travaillent ces clubs ?
Une chose est claire : les clubs féminins manquent de moyens. Pour qu'on puisse avoir des résultats probants, il faut donner aux clubs les moyens pour y parvenir. Hélas, ce n'est pas le cas! Pire encore, certains clubs n'ont même pas encore reçu leurs primes datant de mars 2008. Maintenant, vous vous demandez comment travaillent ces clubs. Je vous dirais que c'est grâce aux crédits. Dans ces conditions, comment voulez-vous avoir un championnat en bonne et due forme ?
La première édition du championnat féminin s'est déroulée en deux poules. Actuellement, ils sont au nombre de trois. On a des équipes qui ont du mal à suivre le rythme. Qu'en pensez-vous?
Le choix de trois poules s'est fait probablement pour permettre au plus grand nombre d'équipes d'accéder à ce championnat. Ce n'est pas une mauvaise chose. Mais il faut bien entendu prévoir un vrai programme de mise à niveau. Il nous faut, notamment, une école de formation pour les entraîneurs. Il faut un véritable programme de prospection avec également un ''système sports-études'' comme cela se fait dans les pays qui se respectent. Sinon, ce championnat ne pourra jamais tenir ses promesses. Ce sont là les conditions nécessaires pour le développement du sport féminin.
Rachid Abbar
Et pour ne pas laisser échapper cette manne financière, la Fédération a décidé dans la précipitation de lancer un championnat de première division, alors qu'avant cette date il y avait juste un championnat interligues. Pour lancer ce championnat, la Fédération a choisi deux clubs par ligues, sauf dans la ligue de Casablanca où elle a opté pour 4 clubs. Tous ces clubs ont été répartis dans deux groupes. Un format qui sera changé une année plus tard pour des raisons qui restent encore obscures. Une décision qui a suscité l'indignation de plusieurs clubs qui se disent être victimes d'une machination, notamment le club Atlas 05 Fiquih Bensalh qui a été affecté au groupe Sud.
Son président Mohamed Salak affirme que si l'objectif de la Fédération en créant trois groupes était de rapprocher les clubs les uns des autres afin de réduire leur dépense et surtout d'éviter l'abandon scolaire des filles, c'est raté puisque l'équipe de Atlas 05 Fiquih Bensaleh est condamnée à faire des trajets allant jusqu'à 1.200 km pour aller jouer à Laâyoune ou à Tan tan ainsi que des déplacement aussi périlleux que coûteux que ledit club effectue à Agadir.
Il n'y a donc pas aucune logique dans la répartition des clubs dans les trois groupes. «Se déplacer à Laâyoune avec des jeunes filles prend au minimum 4 jours aller-retour. Chose qui se répercute négativement sur la scolarité des filles qui doivent abandonner l'école», a-t-il indiqué. Autres défaillances, la non distribution de la subvention promise aux clubs, alors qu'il reste à peine deux journées avant la fin du championnat que les matchs de la coupe du Trône. Un retard qui se répercute négativement sur la gestion quotidienne des clubs qui doivent faire pieds et mains pour terminer une saison très coûteuse en dépenses.
Tous ces problèmes ont irrité plusieurs dirigeants de clubs et d'associations qui ont tiré la sonnette d'alarme à plusieurs occasions. Mais le mutisme et l'indifférence des fédéraux ont poussé quelques personnes à réagir en proposant la création d'un Groupement national de football féminin. La réponse de la Fédération à cette manœuvre ne s'est pas faite attendre. Dans un communiqué adressé au clubs, l'instance fédéral a indiqué que les tentatives entreprises par certains représentants de clubs visant la création d'un Groupement national du football féminin est illégale conformément à l'article 17 de la loi 06-87 relative à l'éducation physique et aux sports.
Cette loi stipule, selon ce communiqué, en son dernier alinéa qu'il ne peut y avoir qu'une seule Fédération habilitée par discipline sportive, de l'article 4 du statut de la FRMF qui consacre l'exclusivité octroyée à la Fédération de susciter la création des organes aussi bien nationaux que régionaux.
Selon Saâd Nasrallah, du Raja de Casablanca, l'idée n'était pas de créer un Groupement de football féminin, mais d'adresser une liste de revendication à la Fédération qui a ignoré complètement le football féminin. Et d'ajouter que les dirigeants des clubs n'ont nullement aucune intention de se substituer à la Fédération qu'ils considèrent comme l'unique représentant de football national.
Pourquoi sommes-nous arrivées là ? En grande partie, en raison de la marginalisation de la Fédération des clubs.
A deux journées de la fin du championnat, la Fédération n'a pas encore statué sur les réserves déposées par certains clubs. Ce n'est pas tout. Elle n'a tenu cette année aucune réunion avec les clubs pour débattre des problèmes qui minent ce sport.
Tout cela fait que le football féminin est le plus méconnu du public.
La Fédération a souvent abordé le sujet à la légère ou comme un sport d'exhibition dont on parle de temps à autre comme la fleur qu'on offre aux dames un certain 8 mars. Plus grave encore, dans le rapport financier de la Fédération, il n'y a aucune mention à une quelconque subvention à ce sport. Ce qui est sûr, c'est que cela doit changer. Il en va de l'avenir, de la promotion ou de ce qu'on se plaît à appeler la mise à niveau du football féminin dont on ne peut parler sans le développement des clubs.
Une restructuration et surtout une reconsidération du football féminin s'avèrent nécessaires si l'on veut réaliser un véritable décollage du secteur sans ce caractère occasionnel, exhibisionniste ou folklorique qu'on lui attribue souvent. Sans quoi, on continuera à se mentir et à mentir à nos filles.
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Historique
Le championnat marocain de football féminin regroupe les meilleurs clubs marocains. La première édition fut lancée en 2002, et le tournoi se déroulait au niveau des ligues de chaque région et c'est lors des phases finales que les clubs se rencontraient au niveau national. Lors de la saison 2007/08, le championnat fut organisé pour la première fois sous forme de deux poules (Nord et Sud). Un format changé lors de la saison 2008-2009 avec la création de trois groupes, chose qui a soulevé le tollé de plusieurs clubs. Certaines équipes ont été condamnées avec cette nouvelle formule de parcourir jusqu'à 1200 km pour disputer des rencontres.---------------------------------------------------------
Entretien avec Fatima Aouam, présidente du WAC, section football féminin.
«Il y a une absence de vision claire»Le Matin Sports : Que pensez-vous du championnat national de football féminin tel qu'il est actuellement ?
Fatima Aouam : Pour le moment, ce n'est pas un vrai championnat. Il n'y a pas de régularité dans la compétition. Il y a beaucoup de reports. Parfois, ce ''championnat'' s'arrête brusquement puis il redémarre. Un championnat féminin ne doit en aucun cas être géré de cette façon. Il y a trop d'anarchie. C'est une discrimination envers les filles. Le sport est un droit pour tout le monde. Il ne faut pas exclure les femmes de cette manière. Le championnat féminin se doit d'avoir une bonne organisation digne de ce nom. Il y a une absence de vision claire. Il nous faut des objectifs bien définis pour relancer ce championnat.
Etes-vous pour la création d'un Groupement national de football féminin ?
Je suis pour que le foot féminin ait son propre groupement à une seule condition. Il faut que cette instance ait des objectifs concrets. En d'autres termes, il faut qu'on vise, par le biais d'une telle entité, la mise à niveau du foot féminin. Il faut prévoir un budget pour les infrastructures, la formation des cadres et surtout des entraîneurs. D'ailleurs, le foot féminin manque d'entraîneurs femmes qualifiées et c'est vraiment malheureux.
Actuellement, et ce à deux journées de la fin, la commission chargée de la réglementation des statuts n'a pas encore tranché sur plusieurs réserves émises par certaines équipes. Cela ne biaise-t-il pas la compétition ?
Normalement, la commission doit donner son verdict après chaque match comme cela se fait dans le championnat masculin. Mais dès qu'il s'agit du football féminin, les procédures sont longues. Et cela prend beaucoup de temps car visiblement, cette compétition est perçue comme seconde zone. A mon avis, pour éviter ce genre de problème, il faut alléger un peu les charges de cette commission en créant par exemple une sous-commission chargée uniquement des affaires concernant le championnat féminin. Cela sera une bonne chose pour que ce championnat puisse enfin décoller. En plus, je vois que la Fédération royale marocaine de football a marginalisé les femmes. Il n'y a malheureusement aucune femme technicienne au sein des diverses commissions. L'instance fédérale devra, en principe, donner plus d'importance aux femmes. Et le championnat féminin ne doit pas uniquement être une simple formalité pour plaire à la FIFA, mais une compétition qui permettra de développer le foot féminin.
Plusieurs équipes féminines n'ont pas encore reçu les subventions promises par la FRMA. Alors comment travaillent ces clubs ?
Une chose est claire : les clubs féminins manquent de moyens. Pour qu'on puisse avoir des résultats probants, il faut donner aux clubs les moyens pour y parvenir. Hélas, ce n'est pas le cas! Pire encore, certains clubs n'ont même pas encore reçu leurs primes datant de mars 2008. Maintenant, vous vous demandez comment travaillent ces clubs. Je vous dirais que c'est grâce aux crédits. Dans ces conditions, comment voulez-vous avoir un championnat en bonne et due forme ?
La première édition du championnat féminin s'est déroulée en deux poules. Actuellement, ils sont au nombre de trois. On a des équipes qui ont du mal à suivre le rythme. Qu'en pensez-vous?
Le choix de trois poules s'est fait probablement pour permettre au plus grand nombre d'équipes d'accéder à ce championnat. Ce n'est pas une mauvaise chose. Mais il faut bien entendu prévoir un vrai programme de mise à niveau. Il nous faut, notamment, une école de formation pour les entraîneurs. Il faut un véritable programme de prospection avec également un ''système sports-études'' comme cela se fait dans les pays qui se respectent. Sinon, ce championnat ne pourra jamais tenir ses promesses. Ce sont là les conditions nécessaires pour le développement du sport féminin.
Rachid Abbar
