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«Quand on joue pour l’équipe nationale, il faut y mettre du cœur»

Ballon d’or africain 1998, Mustapha Hadji est l’un des joueurs les plus talentueux que le Maroc ait connus. Après une longue carrière riche où il a évolué dans de grands clubs européens, Hadji a intégré le staff technique du club d’Umm Salal (Qatar) en tant qu’entraîneur adjoint. Dans cet entretien accordé au Matin depuis Qatar, l’ancien ballon d’or africain revient avec nous sur la nomination de Rachid Taoussi en tant qu’entraîneur national et sur pleines d’autres questions d’actualités concernant les Lions de l’Atlas.

«Quand on joue pour l’équipe nationale,  il faut y mettre du cœur»
Mustapha Hadji

Matin Sports : Qu’est-ce que vous pensez de la nomination de Rachid Taoussi à la tête de la sélection nationale ?

Mustapha Hadji : Rachid Taoussi est un choix qui s’impose parce qu’il n’y a pas mieux que lui en ce moment au Maroc. Sur les quatre qui étaient en lice pour ce poste, il est le mieux placé pour prendre les rênes de l’équipe nationale. C’est un entraîneur qui a fait ses preuves dans les équipes qu’il a entraînées. Il a été l’adjoint d’Henri Michel. Il est temps de lui donner sa chance. Il faut lui tirer chapeau d’avoir accepté cette mission en ce temps de crise de résultats. J’espère qu’il réussira dans sa mission et fera progresser l’équipe.

Quel discours doit tenir Rachid Taoussi à ses joueurs pour préparer le match retour contre le Mozambique le 13 octobre prochain afin de remonter le handicap de 2-0 ?

Sur ce match, l’équipe nationale n’a rien à perdre et il a tout à gagner. Il faut que les joueurs jouent un match de coupe et même si on passe à travers ce n’est pas grave. A mon avis, Taoussi doit faire comprendre aux joueurs qu’il convoquera pour ce match qu’il compte sur eux pour le long terme et non pas uniquement pour le match contre le Mozambique. Certes, le résultat face au Mozambique est important, mais le plus important c’est un projet sur le long terme. Les joueurs doivent savoir qu’ils sont là pour un projet et non pas pour un seul match.

Qu’est-ce qui fait défaut aux Lions de l’Atlas, sachant que l’équipe regorge de beaucoup de talents ?

Il manque du cœur. Quand on joue en équipe nationale, il faut y mettre du cœur. Il faut du sacrifice, de l’envie et de la détermination. On ne joue pas en équipe nationale comme on joue dans un club. Il faut aussi que les joueurs quand ils viennent en équipe nationale sachent qu’ils sont sur le même pied d’égalité et qu’il n’y a pas de joueur professionnel et de joueur local. Il faut aussi qu’ils sachent qu’il n’y a pas de joueur important et un autre moins important. Il doit y avoir un esprit de famille dans l’équipe. En outre, l’entraîneur doit avoir 3 ou 4 leaders sur qui il doit construire son équipe. Ce n’est pas tout. L’entraîneur ne doit pas être la star de l’équipe. Il doit être le pilote, celui qui guide et montre le chemin à suivre et qui sait protéger ses joueurs pour avoir leur amour afin d’adhérer à son discours.

Que pensez-vous d’un joueur comme Adel Taarabt, a-t-il une place au sein de la sélection ?

Taarabt est un joueur qui a du talent, mais il faut le recadrer. Il faut le prendre en main et lui faire comprendre ses responsabilités parce qu’on ne vient pas en sélection comme si on vient faire une balade à Jamaâ Lafna. C’est un discours qu’il faut tenir aussi à d’autres joueurs. Aujourd’hui, Taarabt est un joueur qui manque de compétition. Il a six ou cinq kilogrammes de trop par rapport à son poids de forme. J’espère que Rachid Taoussi va lui faire comprendre tout ça. C’est un talent gâchis. Il doit changer sa mentalité pour pouvoir intégrer l’équipe nationale.

Accepteriez-vous d’intégrer le staff technique national si on fait appel à vous, surtout que vous jouissez d’une aura auprès des internationaux marocains évoluant à l’étranger ?

Je suis le premier supporter de l’équipe nationale. Je meurs pour le Maroc et pour le drapeau national. Si on fait appel à moi, je viendrai vite, même si je devrais venir à vélo. Est-ce que vous êtes de l’avis de ceux qui imputent les résultats négatifs de l’équipe nationale à Eric Gerets ? Non, il n’est pas le seul responsable. C’est une responsabilité collective. Ça sera ingrat de vouloir mettre tout sur le dos de l’entraîneur. Les joueurs eux aussi sont responsables.

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