À la Salle des Casques de la Fondation Montresso, l’artiste malien Ibrahim Ballo déploie un univers sensible où le fil devient langage, mémoire et acte politique. Intitulée «Les mémoires de filles en fils», l’exposition est présentée jusqu’au 21 février prochain et propose une réflexion puissante sur la transmission, les liens sociaux et les héritages culturels, à travers une pratique résolument textile et transdisciplinaire.
Au cœur du travail de Ballo, le fil n’est ni décoratif ni symbolique au sens classique. Il agit. Il traverse, relie, répare. Héritier des savoir-faire féminins de son village, l’artiste transforme les gestes du tissage en une véritable praxis artistique, où le passé dialogue avec les tensions du présent. Sur papiers, toiles, tissus ou poteries, le fil s’insinue dans la matière, la perce, la traverse, parfois la contraint, révélant les fragilités d’un monde en recomposition.
L’exposition s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mémoire et la transmission, là où matrimoine et patrimoine se rencontrent. Ballo explore cet entre-deux, marqué par les attentes contemporaines et son propre cheminement intérieur, pour faire émerger des œuvres habitées par le paradoxe : ancrées dans l’histoire, mais résolument tournées vers l’avenir. Les strates temporelles s’y superposent, créant une forme de cohabitation fragile entre ce qui a été et ce qui advient.
Face à la dislocation des liens sociaux, l’artiste propose une esthétique de la réparation. Les points de jonction, les nœuds et les coutures deviennent des gestes de résistance et de citoyenneté. Ils traduisent une volonté de retisser les relations entre générations et cultures, tout en interrogeant les blessures contemporaines. Le rêve, omniprésent, circule dans les interstices des corps et des matières, esquissant l’utopie d’un monde réconcilié.
La résidence d’Ibrahim Ballo au Jardin Rouge, près de Marrakech, a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de ce projet. Véritable carrefour de métissages, le lieu a nourri de nouvelles écritures plastiques et favorisé la circulation des savoirs. De Marrakech à Sikasso, l’artiste multiplie les médiums et convoque une iconographie riche, mêlant figures animales, références à la cosmogonie dogon et symboles amazighs. Protection, fertilité, liberté et féminité irriguent ainsi l’ensemble du parcours.
Point culminant de l’exposition, une installation centrale réunit le travail des artisanes de Sero (Mali) et de Tazart (Maroc). Fils d’indigo, noués et teints à la main, dialoguent avec une argile aux reflets cuivrés, mémoire des terres et des gestes. Cette œuvre collective, à la fois sculpturale et symbolique, fait émerger une parole longtemps tue, affirmant la place des femmes dans la construction du lien social et culturel.
À travers cet art du tissage, Ibrahim Ballo esquisse une métaphore de la cité : une structure fragile, mais tenace, capable de résister au temps. En valorisant l’irrégularité, l’altération et la vulnérabilité, l’artiste invite à repenser notre rapport à la mémoire et à l’héritage. Une poésie discrète, mais profondément politique, où la fragilité devient force et où le fil, loin d’être accessoire, trace les contours possibles de nos futurs communs.
Au cœur du travail de Ballo, le fil n’est ni décoratif ni symbolique au sens classique. Il agit. Il traverse, relie, répare. Héritier des savoir-faire féminins de son village, l’artiste transforme les gestes du tissage en une véritable praxis artistique, où le passé dialogue avec les tensions du présent. Sur papiers, toiles, tissus ou poteries, le fil s’insinue dans la matière, la perce, la traverse, parfois la contraint, révélant les fragilités d’un monde en recomposition.
L’exposition s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mémoire et la transmission, là où matrimoine et patrimoine se rencontrent. Ballo explore cet entre-deux, marqué par les attentes contemporaines et son propre cheminement intérieur, pour faire émerger des œuvres habitées par le paradoxe : ancrées dans l’histoire, mais résolument tournées vers l’avenir. Les strates temporelles s’y superposent, créant une forme de cohabitation fragile entre ce qui a été et ce qui advient.
Face à la dislocation des liens sociaux, l’artiste propose une esthétique de la réparation. Les points de jonction, les nœuds et les coutures deviennent des gestes de résistance et de citoyenneté. Ils traduisent une volonté de retisser les relations entre générations et cultures, tout en interrogeant les blessures contemporaines. Le rêve, omniprésent, circule dans les interstices des corps et des matières, esquissant l’utopie d’un monde réconcilié.
La résidence d’Ibrahim Ballo au Jardin Rouge, près de Marrakech, a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de ce projet. Véritable carrefour de métissages, le lieu a nourri de nouvelles écritures plastiques et favorisé la circulation des savoirs. De Marrakech à Sikasso, l’artiste multiplie les médiums et convoque une iconographie riche, mêlant figures animales, références à la cosmogonie dogon et symboles amazighs. Protection, fertilité, liberté et féminité irriguent ainsi l’ensemble du parcours.
Point culminant de l’exposition, une installation centrale réunit le travail des artisanes de Sero (Mali) et de Tazart (Maroc). Fils d’indigo, noués et teints à la main, dialoguent avec une argile aux reflets cuivrés, mémoire des terres et des gestes. Cette œuvre collective, à la fois sculpturale et symbolique, fait émerger une parole longtemps tue, affirmant la place des femmes dans la construction du lien social et culturel.
À travers cet art du tissage, Ibrahim Ballo esquisse une métaphore de la cité : une structure fragile, mais tenace, capable de résister au temps. En valorisant l’irrégularité, l’altération et la vulnérabilité, l’artiste invite à repenser notre rapport à la mémoire et à l’héritage. Une poésie discrète, mais profondément politique, où la fragilité devient force et où le fil, loin d’être accessoire, trace les contours possibles de nos futurs communs.
