Mémoire de Marrakech, entre sources et jardins

Dans son engagement pour préserver la mémoire matérielle et immatérielle de la Ville ocre, l’association Turāth, organisatrice de l’événement, s’approprie les codes locaux pour joindre l’utile connaissance à l’agréable festivité. Durant quatre jours, Marrakchis et visiteurs découvriront surprises et secrets cachés de la capitale millénaire, ainsi que des créations contemporaines autour de ce patrimoine encore méconnu de la majorité.

À l’heure où la destination Marrakech gagne en prestige et en rayonnement, le travail de l’association Turāth revêt une importance capitale : sensibiliser, éduquer et veiller. Les Journées du patrimoine bénéficient d’ailleurs du soutien du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, de la wilaya de Marrakech-Safi, de la région de Marrakech Safi, de la Commune de Marrakech, de la Fondation Jardin Majorelle et du Conseil régional du tourisme (CRT) de Marrakech.

Marrakech, autrement

À travers ruelles, fontaines oubliées, jardins discrets et monuments emblématiques, plus de 200 guides bénévoles, formés par des architectes, des historiens et des spécialistes du patrimoine, conduiront les curieux à travers une série de parcours pensés comme des voyages dans le temps. Sans réservation ni billet, chacun pourra s’intégrer à cette flânerie collective qui traverse les âges : du Palais Badii aux Tombeaux saâdiens, des Khettaras aux bassins cachés, des arbres centenaires de la médina aux quartiers modernes de Guéliz. Ces balades, pensées pour tous les âges et tous les publics, cherchent aussi à éveiller les consciences, notamment chez les plus jeunes. Car l’on ne peut préserver que ce qu’on connaît !

Le rendez-vous inaugural se tiendra au Palais Bahia, lieu chargé d’histoire, en début de soirée du jeudi 22 mai. Une série d’interventions, suivie de la projection en avant-première d’un documentaire, ouvrira la soirée. S’ensuivra le vernissage d’une exposition photographique réunissant les regards croisés de plusieurs artistes, ainsi qu’une présentation inédite de la flore urbaine locale, en partenariat avec le Centre national Mohammed VI des handicapés – un clin d’œil à la volonté d’inclusion qui marque cette édition.

Programme dense

Les temps forts ne manqueront pas : expositions, conférences, ateliers, rencontres. L’Institut français accueillera une exposition poignante sur Tinmel, joyau architectural aujourd’hui en ruines. Le Musée Yves Saint Laurent prêtera sa scène à une discussion sur l’architecture vernaculaire et les liens entre tradition et modernité. Dar Bellarj, de son côté, ouvrira ses portes aux enfants pour un atelier mêlant contes, jeux et chansons, renouant avec l’oralité populaire. Le dernier jour, un circuit dédié à l’eau – conçu avec Marrakech Insiders – proposera un autre regard sur le lien vital entre la ville et ses ressources.

En mettant à l’honneur les jardins et le réseau hydraulique ancestral de Marrakech, cette édition rappelle combien l’eau, au-delà de sa fonction vitale, est aussi un vecteur d’harmonie, d’esthétique et de spiritualité. Elle relie les lieux, les époques, les récits. Le 25 mai en soirée, la cérémonie de clôture à

rendra hommage aux bénévoles, ceux qui, dans l’ombre, ont préparé ces journées avec générosité et conviction. Une manière de boucler la boucle en célébrant non seulement le patrimoine, mais aussi celles et ceux qui le font vivre.