Le Matin : Qu’est-ce qui vous a motivé à produire le film «Zaz» ?
Younes Jebbari : Le projet «Zaz» m’a attiré parce qu’il ne ressemble à rien d’autre dans le paysage du cinéma marocain. C’est un film libre, impertinent, à la fois burlesque et lucide. Il ose rire de ce qu’on prend trop au sérieux : la célébrité, les apparences, la société du buzz. Produire «Zaz», c’était une façon d’assumer un cinéma qui pense sans se prendre au sérieux. Et, surtout, de donner leur chance à de nouvelles voix, à un trio qui débutait : un réalisateur, un scénariste, un acteur principal. Trois paris à la fois.
Comment s’est passée la rencontre entre le réalisateur Youssef El Mouddakhir et les scénaristes Rachid Safar et Abdou Chami ?C’est la rencontre de trois sensibilités différentes, mais complémentaires. Rachid Safar apporte une écriture très fine, pleine de rythme et d’ironie. Abdou Chami, qui joue aussi le rôle principal, incarne le regard candide et humain du film. Et Youssef El Mouddakhir, lui, a su transformer cette matière en cinéma. Sa mise en scène donne au film son équilibre entre humour absurde et réalisme social. Très vite, l’évidence s’est imposée : «Zaz» devait être leur terrain d’expérimentation commun.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario du film ?
Sa structure. Le scénario ne se contente pas d’être drôle : il est construit comme une mécanique subtile. Trois intrigues s’entrecroisent et se rejoignent à la fin dans un twist inattendu, presque chorégraphié. C’est une écriture rare dans la comédie marocaine. Et au-delà de la forme, le fond m’a touché : c’est un film qui parle de la notoriété, mais surtout des répercussions humaines qu’elle provoque.
Comment décririez-vous le ton du film ?
C’est une comédie intelligente, ancrée dans le réel, mais traversée par des moments d’absurde presque poétiques. Le film alterne entre le rire et une forme de mélancolie discrète. On peut y voir un héritage du burlesque à la marocaine : un humour de situation, de corps, de quiproquos, mais au service d’un propos social fort.
Le film aborde la question de la célébrité et des réseaux sociaux. Pourquoi avoir choisi ce thème aujourd’hui ?Parce que c’est une obsession collective. Tout le monde veut exister, se montrer, être validé. Mais «Zaz» ne s’arrête pas à ce constat : il explore ce qu’il y a autour de cette quête, les dégâts collatéraux, les manipulations et la perte de repères. Le film montre comment une simple vidéo peut bouleverser des vies, des familles, des rapports de pouvoir. C’est à la fois une satire et une tragédie moderne, mais racontée avec humour.
Le tournage d’un long-métrage demande souvent des compromis. Comment avez-vous géré les aspects liés au budget et à la production ?
On a fait avec ce qu’on avait, mais on l’a fait à fond. L’idée n’était pas de masquer nos limites, mais de les sublimer. On n’avait pas les moyens d’un grand décor, mais on avait une direction d’acteurs solide, une vraie exigence sur le scénario, une énergie de plateau incroyable. Youssef a su transformer chaque contrainte en opportunité. C’est un film qui prouve qu’avec peu, on peut faire beaucoup, à condition de savoir exactement ce qu’on veut raconter.
Comment s’est déroulé le tournage ? Y a-t-il eu des moments marquants ou des défis inattendus sur le plateau ?
Chaque jour était un défi, parce que tout le monde jouait gros. C’était le premier film du réalisateur, du scénariste principal, du comédien principal, et le mien en tant que producteur. Mais cette fragilité a créé une intensité rare. Tout le monde était habité par le même désir : prouver que c’était possible. Il y a eu des moments d’improvisation magnifiques, des scènes réécrites à la volée, des fous rires et quelques nuits blanches. Mais c’est ce chaos-là qui a donné au film son authenticité.
Le casting réunit à la fois des acteurs confirmés et de nouveaux visages. Sur quels critères s’est fait ce choix ?Le casting répondait à une logique narrative autant qu’artistique. On voulait que le héros du film, un inconnu qui devient célèbre du jour au lendemain, soit interprété par un vrai inconnu du grand public. Cette mise en abyme rendait l’expérience beaucoup plus immersive.
Et puis il y a une fatigue, au Maroc, face aux mêmes têtes d’affiche. On voulait rafraîchir le paysage, donner leur chance à de nouveaux talents, même si c’est un pari risqué sur le plan commercial. On a choisi de miser sur l’artistique plutôt que sur le calcul financier.
Quelle a été votre approche pour la promotion du film ?
On a voulu que la promotion soit une extension du film, pas un simple habillage marketing. L’idée était de prolonger l’univers de «Zaz» au-delà de l’écran, en construisant progressivement la légende des personnages avant même la sortie.
Sans partenariats ni placements de marque, on a misé sur une campagne sincère, artisanale, mais scénarisée, pensée comme une expérience narrative à part entière. Il fallait d’ailleurs composer avec un défi de taille : ni les acteurs principaux, ni le réalisateur, ni la maison de production n’étaient connus du grand public. Pour combler ce déficit de notoriété, on a choisi une approche narrative : des capsules personnages publiées quotidiennement, des interviews avec les acteurs en miroir pour donner de la profondeur aux figures du film, et un ton proche qui brouille la frontière entre le réel et l’imaginaire.
L’objectif était de créer un attachement progressif au monde de «Zaz» avant sa sortie, et de préparer le terrain pour qu’un bouche-à-oreille positif prenne, ensuite, le relais.
À quelques jours de la sortie, quelles sont vos attentes vis-à-vis du public marocain ?
Aucune certitude, mais beaucoup d’espoir. On ne cherche pas le consensus, on espère la curiosité. «Zaz» s’adresse à un public qui a envie d’un cinéma marocain différent : drôle, intelligent, audacieux. Si les spectateurs ressortent en se disant qu’ils ont vu quelque chose de nouveau, de sincère et d’humain, ce sera déjà une victoire.
Quel message aimeriez-vous que les spectateurs retiennent après avoir vu «Zaz» ?
Que derrière les apparences, il y a toujours une histoire plus complexe. Et qu’on peut rire du monde sans s’en moquer. «Zaz» parle d’un Maroc qui change, d’une génération qui doute, d’un rêve de reconnaissance universel. Mais il le fait sans donner de leçon – juste en tenant un miroir.
Quels sont vos projets à venir au sein de Papercut Pictures ?
Poursuivre cette ligne : produire des films qui osent. Des premiers films, des écritures nouvelles, des univers atypiques. Notre ambition, c’est de construire un label marocain qui valorise la prise de risque, la créativité et la sincérité. «Zaz» est le premier pas d’une aventure qui, on l’espère, sera longue.
Le film réunit une distribution composée de Abdou Chami, Sara Dahani, Abdellatif Chaouqi, Zakaria Atifi, Karim Saidi, Salah Bensalah, Sahar El Maâtaoui, Jawad Assai, Brahim Khai, Abbas Kamil, Loubna Choklat, Mehdi Tkito, Zyad El Fadili, Meryem Zoubir, Ayoub Hakim, Zakaria Meskabi et Amine Hasnaoui.
Le long métrage met, également, en avant de nouvelles figures, notamment Soufiane Samii et Loubna Maher, ainsi que la participation du chanteur Mamoun Salaje, de Mustapha Tabouti, Atika El Aakel, Mehdi Chantouf, Adil El Amrani, Sakina Bouzid, Abdelhadi Tazi, Hanan El Maoui, sans oublier le jeune Jad Lah Errachid et la petite Afnane Nabar.
Younes Jebbari : Le projet «Zaz» m’a attiré parce qu’il ne ressemble à rien d’autre dans le paysage du cinéma marocain. C’est un film libre, impertinent, à la fois burlesque et lucide. Il ose rire de ce qu’on prend trop au sérieux : la célébrité, les apparences, la société du buzz. Produire «Zaz», c’était une façon d’assumer un cinéma qui pense sans se prendre au sérieux. Et, surtout, de donner leur chance à de nouvelles voix, à un trio qui débutait : un réalisateur, un scénariste, un acteur principal. Trois paris à la fois.
Comment s’est passée la rencontre entre le réalisateur Youssef El Mouddakhir et les scénaristes Rachid Safar et Abdou Chami ?C’est la rencontre de trois sensibilités différentes, mais complémentaires. Rachid Safar apporte une écriture très fine, pleine de rythme et d’ironie. Abdou Chami, qui joue aussi le rôle principal, incarne le regard candide et humain du film. Et Youssef El Mouddakhir, lui, a su transformer cette matière en cinéma. Sa mise en scène donne au film son équilibre entre humour absurde et réalisme social. Très vite, l’évidence s’est imposée : «Zaz» devait être leur terrain d’expérimentation commun.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario du film ?
Sa structure. Le scénario ne se contente pas d’être drôle : il est construit comme une mécanique subtile. Trois intrigues s’entrecroisent et se rejoignent à la fin dans un twist inattendu, presque chorégraphié. C’est une écriture rare dans la comédie marocaine. Et au-delà de la forme, le fond m’a touché : c’est un film qui parle de la notoriété, mais surtout des répercussions humaines qu’elle provoque.
Comment décririez-vous le ton du film ?
C’est une comédie intelligente, ancrée dans le réel, mais traversée par des moments d’absurde presque poétiques. Le film alterne entre le rire et une forme de mélancolie discrète. On peut y voir un héritage du burlesque à la marocaine : un humour de situation, de corps, de quiproquos, mais au service d’un propos social fort.
Le film aborde la question de la célébrité et des réseaux sociaux. Pourquoi avoir choisi ce thème aujourd’hui ?Parce que c’est une obsession collective. Tout le monde veut exister, se montrer, être validé. Mais «Zaz» ne s’arrête pas à ce constat : il explore ce qu’il y a autour de cette quête, les dégâts collatéraux, les manipulations et la perte de repères. Le film montre comment une simple vidéo peut bouleverser des vies, des familles, des rapports de pouvoir. C’est à la fois une satire et une tragédie moderne, mais racontée avec humour.
Le tournage d’un long-métrage demande souvent des compromis. Comment avez-vous géré les aspects liés au budget et à la production ?
On a fait avec ce qu’on avait, mais on l’a fait à fond. L’idée n’était pas de masquer nos limites, mais de les sublimer. On n’avait pas les moyens d’un grand décor, mais on avait une direction d’acteurs solide, une vraie exigence sur le scénario, une énergie de plateau incroyable. Youssef a su transformer chaque contrainte en opportunité. C’est un film qui prouve qu’avec peu, on peut faire beaucoup, à condition de savoir exactement ce qu’on veut raconter.
Comment s’est déroulé le tournage ? Y a-t-il eu des moments marquants ou des défis inattendus sur le plateau ?
Chaque jour était un défi, parce que tout le monde jouait gros. C’était le premier film du réalisateur, du scénariste principal, du comédien principal, et le mien en tant que producteur. Mais cette fragilité a créé une intensité rare. Tout le monde était habité par le même désir : prouver que c’était possible. Il y a eu des moments d’improvisation magnifiques, des scènes réécrites à la volée, des fous rires et quelques nuits blanches. Mais c’est ce chaos-là qui a donné au film son authenticité.
Le casting réunit à la fois des acteurs confirmés et de nouveaux visages. Sur quels critères s’est fait ce choix ?Le casting répondait à une logique narrative autant qu’artistique. On voulait que le héros du film, un inconnu qui devient célèbre du jour au lendemain, soit interprété par un vrai inconnu du grand public. Cette mise en abyme rendait l’expérience beaucoup plus immersive.
Et puis il y a une fatigue, au Maroc, face aux mêmes têtes d’affiche. On voulait rafraîchir le paysage, donner leur chance à de nouveaux talents, même si c’est un pari risqué sur le plan commercial. On a choisi de miser sur l’artistique plutôt que sur le calcul financier.
Quelle a été votre approche pour la promotion du film ?
On a voulu que la promotion soit une extension du film, pas un simple habillage marketing. L’idée était de prolonger l’univers de «Zaz» au-delà de l’écran, en construisant progressivement la légende des personnages avant même la sortie.
Sans partenariats ni placements de marque, on a misé sur une campagne sincère, artisanale, mais scénarisée, pensée comme une expérience narrative à part entière. Il fallait d’ailleurs composer avec un défi de taille : ni les acteurs principaux, ni le réalisateur, ni la maison de production n’étaient connus du grand public. Pour combler ce déficit de notoriété, on a choisi une approche narrative : des capsules personnages publiées quotidiennement, des interviews avec les acteurs en miroir pour donner de la profondeur aux figures du film, et un ton proche qui brouille la frontière entre le réel et l’imaginaire.
L’objectif était de créer un attachement progressif au monde de «Zaz» avant sa sortie, et de préparer le terrain pour qu’un bouche-à-oreille positif prenne, ensuite, le relais.
À quelques jours de la sortie, quelles sont vos attentes vis-à-vis du public marocain ?
Aucune certitude, mais beaucoup d’espoir. On ne cherche pas le consensus, on espère la curiosité. «Zaz» s’adresse à un public qui a envie d’un cinéma marocain différent : drôle, intelligent, audacieux. Si les spectateurs ressortent en se disant qu’ils ont vu quelque chose de nouveau, de sincère et d’humain, ce sera déjà une victoire.
Quel message aimeriez-vous que les spectateurs retiennent après avoir vu «Zaz» ?
Que derrière les apparences, il y a toujours une histoire plus complexe. Et qu’on peut rire du monde sans s’en moquer. «Zaz» parle d’un Maroc qui change, d’une génération qui doute, d’un rêve de reconnaissance universel. Mais il le fait sans donner de leçon – juste en tenant un miroir.
Quels sont vos projets à venir au sein de Papercut Pictures ?
Poursuivre cette ligne : produire des films qui osent. Des premiers films, des écritures nouvelles, des univers atypiques. Notre ambition, c’est de construire un label marocain qui valorise la prise de risque, la créativité et la sincérité. «Zaz» est le premier pas d’une aventure qui, on l’espère, sera longue.
Synopsis du film «Zaz»
L’histoire du film tourne autour du personnage de «Zaz», un homme ordinaire dont la vie bascule après la diffusion virale d’une courte vidéo sur les réseaux sociaux, où on le voit adresser une critique ironique à un parlementaire. Du jour au lendemain, il devient célèbre – une notoriété soudaine qui provoque des tensions avec ses proches, avant qu’il ne se retrouve, malgré lui, impliqué dans une affaire avec un groupe criminel.Le film réunit une distribution composée de Abdou Chami, Sara Dahani, Abdellatif Chaouqi, Zakaria Atifi, Karim Saidi, Salah Bensalah, Sahar El Maâtaoui, Jawad Assai, Brahim Khai, Abbas Kamil, Loubna Choklat, Mehdi Tkito, Zyad El Fadili, Meryem Zoubir, Ayoub Hakim, Zakaria Meskabi et Amine Hasnaoui.
Le long métrage met, également, en avant de nouvelles figures, notamment Soufiane Samii et Loubna Maher, ainsi que la participation du chanteur Mamoun Salaje, de Mustapha Tabouti, Atika El Aakel, Mehdi Chantouf, Adil El Amrani, Sakina Bouzid, Abdelhadi Tazi, Hanan El Maoui, sans oublier le jeune Jad Lah Errachid et la petite Afnane Nabar.
