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Jeudi 27 Juin 2024
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Acheter ou louer des avions : le modèle de financement expliqué par Ali Ben Lmadani, CEO de ABL Aviation

Comment les acteurs du transport aérien acquièrent-ils l’outil principal nécessaire à leur activité ? Et comment financent-ils leurs avions ? Quel modèle sera adopté par le transporteur national, surtout avec un carnet de commandes de plus de 180 avions ? Ali Ben Lmadani, fondateur et CEO de ABL Aviation, spécialisé dans la location d’avions commerciaux, partage son point de vue lors de l’émission «L’Info en Face» du «Groupe Le Matin».

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Le secteur aérien se développe continuellement au Maroc. Les opérateurs se multiplient et les offres se diversifient. Comment font ces acteurs pour se procurer le principal outil de production dont ils ont besoin pour leur activité : les avions ? Comment financent-ils les achats ? C’est la principale question qui a fait l’objet du débat lors du numéro du 10 juin de l’émission «L’Info en Face» de «Groupe Le Matin». Selon Ali Ben Lmadani, fondateur et CEO de ABL Aviation, loueur d’avions commerciaux, il existe trois méthodes de financement : l’achat cash, quitte à refinancer ensuite son achat, le financement par crédit à hauteur de 70 à 75% du prix de l’avion et le leasing. «En ce qui nous concerne, nous proposons soit du finance lease, soit de l’operating lease», précise-t-il. Il faut dire que le positionnement de son entreprise est plus que justifié puisque, rappelle-t-il, «plus de 55% de la flotte mondiale est louée».



Pour les transporteurs aériens, opter pour la location d’une partie de leur flotte leur permet une flexibilité sans égal. Ainsi, elles peuvent changer de modèles d’avions rapidement, ce qui n’est pas facile à faire lorsque cet avion fait partie de l’actif d’une compagnie. Ce changement de modèles est très important, car il permet aux compagnies de modifier et/ou d’ajuster leurs offres en fonction des destinations, des saisons et/ou de leurs business plans. Les changements de stratégies, commerciales notamment, deviennent ainsi plus faciles à opérer.

La flotte mondiale compte aujourd’hui près de 25.000 avions. Un chiffre appelé à doubler dans les 15 à 20 prochaines années, si l’on en croit notre expert. Durant cette même période, près de la moitié de la flotte actuelle sera retirée des circuits, car elle sera obsolète. Au total, ce sont près de 40.000 aéronefs qui seront produits par l’industrie au cours des deux prochaines décennies.

Transport aérien : Quel modèle sera adopté au Maroc ?

Airbus et Boeing sont les principaux constructeurs de cette industrie, suivis d’Ambraer (avions monocouloirs) qui commence à bien se positionner. Et c’est avec ces deux gros mastodontes que Ben Lmadani fait affaire. «Le dernier avion que nous avons livré la semaine dernière à Air France était un Airbus», partage-t-il.

Au Maroc, la flotte aérienne est constituée de 50 avions, avec l’ambition d’atteindre 137 avions en 2030 et 200 à l’horizon 2037. Quel modèle de financement sera le plus utilisé pour atteindre cet objectif ? «Il n’y a pas d’avions (Boeing ou Airbus) disponibles en achat avant 2031», répond notre invité. Bien entendu, il est toujours possible de trouver des avions dont la commande, faite par des sociétés, a été annulée ou reportée. Mais cela reste relativement rare. Ainsi, face à la forte demande, chaque retard de 3 mois pour passer commande ajoute un an aux délais de livraison.

Par ailleurs, le bon de commande marocain, annoncé récemment par le PDG de Royal Air Maroc, contient 188 avions. Il faut compter en moyenne 100 millions de dollars par avion (50 millions en moyenne pour certains modèles et 150 millions en moyenne pour d’autres).

L’opportunité pour les loueurs est donc bien réelle puisque tous les avions ne seront pas achetés (en Europe, 30 à 40% des avions utilisés par les compagnies aériennes sont loués). «Il y a des loueurs qui placent aujourd’hui les avions qu’ils ont commandés il y a 7 ans ou plus. Il y a également ceux qui, comme nous, rachètent les avions des compagnies aériennes pour ensuite les leur louer», explique M. Ben Lmadani.

Concernant l’activité de leasing, M. Ben Lmadani rappelle qu’il existe plusieurs structures possibles : vous pouvez avoir une dette garantie, prendre une Equity, moins chère sur le marché, ou encore une operating Lease, où vous avez un lease avec moins de maintenance reserve payment (réserves mensuelles pour le paiement des frais relatifs à la maintenance des avions, moteurs y compris...). Ce marché est appelé à se développer, estime notre expert, surtout avec les nouvelles réglementations bancaires en vigueur. En attendant, M. Ben Lmadani rappelle qu’aucun des avions de sa flotte n’est cloué au sol, car aucun de ses clients n’est en défaut de paiement. «Autrement, j’en aurai proposé à Royal Air Maroc», assure-t-il.

Les avions c’est bien, les stratégies convergentes c’est mieux !

Mais si utiliser un nombre plus important d’avions est bien, la question qui se pose avec acuité, c’est de savoir comment les utiliser (moyen ou long courrier). «Gérer une compagnie aérienne est très difficile. Un tiers des coûts, c’est les avions, un tiers c’est le personnel et un tiers pour le fioul. Pour les avions, c’est une question de compétitivité. Pour le personnel, c’est autre chose : après la Covid, trouver du personnel (ingénieurs, pilotes...) certifié sur le type d’avions et de moteurs que vous utilisez n’est pas un travail facile», explique M. Ben Lmadani qui reste convaincu que pour réussir dans ce secteur, les compagnies aérienne gagneraient à se doter de stratégies sur 10 ans seulement, plutôt que sur 20 ans ou plus, car le secteur évolue rapidement.

Long courrier ou moyen courrier alors ?

Les deux peuvent coexister selon M. Ben Lmadani, à condition que la vision touristique (stratégie) et celle relative au transport, notamment aérien, se rejoignent. Il faut, en plus, être compétitif et mettre en place des offres de services complémentaires attractives (hébergement gratuit sous certaines conditions, voiture avec chauffeur...). Que pense, par ailleurs, notre invité de la construction d’avions au Maroc ? «Je suis un grand admirateur de l’Airbus A220. Nous en avons une trentaine dans notre flotte. Et je pense qu’il finira par devenir le premier avion fait à 100% au Maroc», répond notre invité.
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