« Le Maroc a consacré 11 milliards de dirhams à la stratégie nationale "Maroc Digital 2030" », a lancé Amal El Fallah Seghrouchni devant la salle réunie pour la deuxième édition de l’AI Conference, organisée mercredi à Casablanca par AI Institute by Holmarcom. La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration a aussitôt expliqué que ce budget englobe la formation à l’IA, le soutien aux startups, la modernisation des services publics et plusieurs chantiers de digitalisation appelés à transformer l’ensemble du pays. Un effort que les participants ont qualifié d’« énorme » au regard de la compétition mondiale actuelle, où les données et l’intelligence artificielle tracent désormais la ligne de démarcation entre les États qui avancent et ceux qui décrochent. L’IA, rappelle-t-elle, est « le passage de l’automatique vers l’autonomie », une mutation qui impose de repenser conjointement les infrastructures, les compétences et la souveraineté.
Cette souveraineté passe par la maîtrise des données, la formation de talents locaux et le développement de modèles adaptés aux langues et aux réalités du pays, afin que l’IA réponde aux besoins du territoire sans créer de dépendance extérieure, souligne la ministre. Les chiffres qu’elle a projetés ont mis en évidence la position fragile du continent dans le nouvel ordre technologique : moins de 1 % de la capacité mondiale des centres de données se trouve en Afrique, les publications scientifiques ne représentent que 0,5 % de la recherche mondiale en IA et la pénurie dépasse les 10 millions de professionnels. À cela s’ajoute ce qu’elle appelle la fracture des modèles et des données, puisque 95 % des jeux d’entraînement ignorent les langues africaines et leurs contextes culturels.
C’est dans ce même esprit d’anticipation que la ministre a présenté les instituts Jazari, autre chantier majeur sur lequel son département travaille déjà et appelé à voir le jour en 2026. Pensées comme une réponse territorialisée aux besoins du pays, ces "structures d’excellence" seront réparties dans les douze régions du Royaume et articuleront un pilotage national avec un ancrage régional construit avec les universités, les collectivités territoriales, les acteurs économiques et les infrastructures existantes. Elles se déploieront autour de plusieurs verticales, notamment la santé et la médecine de précision, la smart agriculture, l’éducation et les nouvelles pédagogies, les grands événements sportifs, la transition énergétique, la sécurité et la souveraineté, les transports et la logistique ou encore la fintech. L’objectif est que chaque région développe un centre enraciné dans ses besoins et ses atouts, afin que l’intelligence artificielle serve des politiques publiques et des filières économiques clairement identifiées, comme l’a souligné la responsable gouvernementale.
La sécurité occupe également une place centrale dans son intervention, la ministre soulignant que le Maroc est l’un des pays africains les plus ciblés par les cyberattaques à un moment où l’IA en renforce à la fois la fréquence et la sophistication. Elle a expliqué que son département travaille en partenariat avec plusieurs acteurs tels que la DGSN, la DGSSI et la CNDP pour imaginer une administration de confiance nommée « X.0 », une structure publique pensée comme un système intégré où l’intelligence artificielle traverse l’ensemble des missions de l’État. Dans sa vision, cette administration doit être capable d’anticiper les besoins des citoyens, de protéger les données, de garantir la privacité et d’assurer la cybersécurité des systèmes d’IA, tout en s’appuyant, lorsque cela est possible, sur des modèles « made in Morocco » conformes aux standards attendus.
L’éclairage rejoint les initiatives portées par la ministre, qui a expliqué avoir lancé un dispositif de formation pilote pour les enfants de 8 à 14 ans, testé en milieu urbain et rural, et dont les résultats ont révélé à quel point les plus jeunes assimilent rapidement les notions fondamentales de l’intelligence artificielle. Elle a également évoqué le partenariat établi avec la Fédération Royale Marocaine de Football pour initier 200.000 jeunes aux fondamentaux de l’IA, offrant une alternative professionnelle adaptée à l’évolution du marché du travail. Elle a enfin mentionné les formations universitaires consacrées à la gouvernance de l’IA et à la cybersécurité, assorties de bourses importantes destinées à accompagner la montée en compétence des futurs spécialistes.
L’innovation dépend donc moins de ce que possède l’entreprise que de sa capacité à accéder à des données externes et à coopérer avec les bons partenaires. Il estime que « on ne fera pas de l’IA tout seuls » et que les organisations doivent s’appuyer sur ceux qui maîtrisent la technologie, les plateformes ou l’expertise nécessaire. Selon lui, c’est cette articulation entre données internes, données partagées et partenariats structurés qui permettra de créer de nouveaux produits, de nouveaux services et les business models rendus possibles par l’intelligence artificielle.
Dans la continuité de cette analyse sur les forces d’investissement et les besoins de coopération, la ministre a rappelé que les moyens publics restent insuffisants et que l’essor de l’intelligence artificielle dépendra aussi de la mobilisation du secteur privé. Elle a invité les investisseurs à se tourner davantage vers les startups, considérées comme porteuses de projets capables de faire progresser l’IA au Maroc. Son département, dit-elle, travaille déjà à attirer des capitaux internationaux, et l’appel s’adresse aussi aux acteurs nationaux, encouragés à faire davantage confiance aux compétences locales.
Cette souveraineté passe par la maîtrise des données, la formation de talents locaux et le développement de modèles adaptés aux langues et aux réalités du pays, afin que l’IA réponde aux besoins du territoire sans créer de dépendance extérieure, souligne la ministre. Les chiffres qu’elle a projetés ont mis en évidence la position fragile du continent dans le nouvel ordre technologique : moins de 1 % de la capacité mondiale des centres de données se trouve en Afrique, les publications scientifiques ne représentent que 0,5 % de la recherche mondiale en IA et la pénurie dépasse les 10 millions de professionnels. À cela s’ajoute ce qu’elle appelle la fracture des modèles et des données, puisque 95 % des jeux d’entraînement ignorent les langues africaines et leurs contextes culturels.
Un centre de données de 500 MW est en préparation à Dakhla
Mais pour elle, ce constat ne doit pas assigner le Maroc à une position de retard structure. Il doit au contraire justifier une accélération, et c’est cette conviction qui l’a conduite à mettre en avant l’un des projets les plus ambitieux, conduit conjointement par son ministère et par celui de la Transition énergétique et du Développement durable .Il s’agit d’un data center hyperscale de 500 MW à Dakhla, présenté comme un « centre de données vertes de nouvelle génération », entièrement alimenté par les énergies renouvelables produites sur place. Ce projet place le Royaume dans la course mondiale aux infrastructures numériques de très grande capacité. Il s’inscrit dans un accord plus large prévoyant le développement de data centers verts, de cadres de gouvernance partagés, de normes unifiées, ainsi que le soutien à la recherche, à l’innovation et à la montée en compétences, tout en accompagnant la numérisation des systèmes énergétiques.C’est dans ce même esprit d’anticipation que la ministre a présenté les instituts Jazari, autre chantier majeur sur lequel son département travaille déjà et appelé à voir le jour en 2026. Pensées comme une réponse territorialisée aux besoins du pays, ces "structures d’excellence" seront réparties dans les douze régions du Royaume et articuleront un pilotage national avec un ancrage régional construit avec les universités, les collectivités territoriales, les acteurs économiques et les infrastructures existantes. Elles se déploieront autour de plusieurs verticales, notamment la santé et la médecine de précision, la smart agriculture, l’éducation et les nouvelles pédagogies, les grands événements sportifs, la transition énergétique, la sécurité et la souveraineté, les transports et la logistique ou encore la fintech. L’objectif est que chaque région développe un centre enraciné dans ses besoins et ses atouts, afin que l’intelligence artificielle serve des politiques publiques et des filières économiques clairement identifiées, comme l’a souligné la responsable gouvernementale.
La sécurité occupe également une place centrale dans son intervention, la ministre soulignant que le Maroc est l’un des pays africains les plus ciblés par les cyberattaques à un moment où l’IA en renforce à la fois la fréquence et la sophistication. Elle a expliqué que son département travaille en partenariat avec plusieurs acteurs tels que la DGSN, la DGSSI et la CNDP pour imaginer une administration de confiance nommée « X.0 », une structure publique pensée comme un système intégré où l’intelligence artificielle traverse l’ensemble des missions de l’État. Dans sa vision, cette administration doit être capable d’anticiper les besoins des citoyens, de protéger les données, de garantir la privacité et d’assurer la cybersécurité des systèmes d’IA, tout en s’appuyant, lorsque cela est possible, sur des modèles « made in Morocco » conformes aux standards attendus.
La relève marocaine s’approprie de plus en plus l’IA
L’intervention de Mirna Arif, directrice générale de Microsoft pour les marchés émergents au Moyen-Orient et en Afrique, s’est inscrite dans cette même dynamique en ramenant la discussion au cœur du défi humain. Elle affirme que « l’accès aux compétences est plus important que l’accès aux technologies » et que le frein principal ne vient ni du cloud, ni des outils, ni des modèles, mais de la capacité à former des personnes aptes à en faire un usage pertinent. Elle souligne que l’intelligence artificielle n’est plus l’affaire des seuls ingénieurs, mais qu’elle concerne désormais les juristes, les managers, les médecins ou les enseignants, car toutes les professions sont appelées à travailler avec ces outils. Elle rappelle que « les cycles d’évolution de l’IA se mesurent en mois », ce qui signifie que les technologies changent à une vitesse telle que chaque métier doit s’adapter en continu pour rester pertinent.L’éclairage rejoint les initiatives portées par la ministre, qui a expliqué avoir lancé un dispositif de formation pilote pour les enfants de 8 à 14 ans, testé en milieu urbain et rural, et dont les résultats ont révélé à quel point les plus jeunes assimilent rapidement les notions fondamentales de l’intelligence artificielle. Elle a également évoqué le partenariat établi avec la Fédération Royale Marocaine de Football pour initier 200.000 jeunes aux fondamentaux de l’IA, offrant une alternative professionnelle adaptée à l’évolution du marché du travail. Elle a enfin mentionné les formations universitaires consacrées à la gouvernance de l’IA et à la cybersécurité, assorties de bourses importantes destinées à accompagner la montée en compétence des futurs spécialistes.
L’échange de données, nouvelle condition de compétitivité des entreprises
Le regard de Nasser Kettani, entrepreneur et expert en transformation digitale, a élargi le cadre en se situant vers les entreprises en rappelant que la donnée est devenue le cœur de leur compétitivité. Il affirme que « n’importe quelle société aujourd’hui est devenue une société data » et rappelle que la taille importe peu. Même une petite PME peut tirer parti de l’intelligence artificielle dès lors qu’elle sait organiser et exploiter ses informations. Cette transformation repose toutefois sur un principe que l'analyste martèle : « L’IA est aussi bonne que nos données », rappelle-t-il, avant de souligner que la plupart des entreprises ne possèdent qu’« environ 20 % » de l’information nécessaire pour construire des modèles réellement performants.« Vous avez 20 % et il vous faut 80 % », explique-t-il, en appelant à l’open data, à des règles d’échange et à des marketplaces permettant d’encadrer la circulation des données.L’innovation dépend donc moins de ce que possède l’entreprise que de sa capacité à accéder à des données externes et à coopérer avec les bons partenaires. Il estime que « on ne fera pas de l’IA tout seuls » et que les organisations doivent s’appuyer sur ceux qui maîtrisent la technologie, les plateformes ou l’expertise nécessaire. Selon lui, c’est cette articulation entre données internes, données partagées et partenariats structurés qui permettra de créer de nouveaux produits, de nouveaux services et les business models rendus possibles par l’intelligence artificielle.
Dans la continuité de cette analyse sur les forces d’investissement et les besoins de coopération, la ministre a rappelé que les moyens publics restent insuffisants et que l’essor de l’intelligence artificielle dépendra aussi de la mobilisation du secteur privé. Elle a invité les investisseurs à se tourner davantage vers les startups, considérées comme porteuses de projets capables de faire progresser l’IA au Maroc. Son département, dit-elle, travaille déjà à attirer des capitaux internationaux, et l’appel s’adresse aussi aux acteurs nationaux, encouragés à faire davantage confiance aux compétences locales.
