Menu
Search
Vendredi 22 Novembre 2024
S'abonner
close
Vendredi 22 Novembre 2024
Menu
Search

Financement des TPE et PME : quelles solutions envisager pour mieux accompagner les entreprises ?

La deuxième étape des Assises régionales de Tamwilcom, tenue jeudi à Casablanca, a été particulièrement riche en échanges. Placée sous le thème «Financement des PME, levier pour la dynamique de l’investissement privé», cette escale a été l’occasion, particulièrement pour les représentants des entreprises, de soulever la question du besoin en fonds de roulement (BFR), préoccupation majeure des petites et moyennes entreprises, notamment industrielles. Dans ce cadre, les discussions ont porté sur les pistes à explorer pour soulager la trésorerie des TPME au niveau de leur gestion quotidienne.

Casablanca a accueilli, jeudi dernier, la deuxième étape des Assises régionales de Tamwilcom. Une rencontre entre les acteurs du secteur bancaire, le CRI, les représentants des TPME et, bien sûr, Tamwilcom, pour discuter des évolutions mais aussi des contraintes et des attentes relatives au financement des TPME qui représentent l’essentiel du tissu productif.

Casablanca-Settat domine le classement des encours de crédit aux TPME

Première région économique du Royaume, Casablanca-Settat se caractérise par une forte concentration de PME s'activant dans un large éventail de secteurs. Et cette région, selon la directrice marketing et animation commerciale, marché PME, à Bank Of Africa, Ghyzleine Massoun, pèse pour plus de la moitié de l'encours des crédits consentis en faveur des TPME. Bank Of Africa, de même que les autres établissements confrères, souligne cette responsable bancaire, offrent une multitude de solutions pour soutenir l'acte d'investir, notamment pour les TPME, que ce soit par des fonds directs de la banque ou des fonds à travers des bailleurs de fonds étrangers ou des co-financements avec Tamwilcom ou des financements complémentaires par rapport à des subventions mises en place, par exemple, par Maroc PME. «Dans nos relations quotidiennes avec les entreprises, nous considérons que notre rôle est de les conseiller pour investir. Aujourd'hui, les instances publiques offrent un large éventail d'incitants à l'investissement. Notre rôle est d'orienter l'entreprise vers la meilleure solution de financement, avec les meilleures subvention et incitation qui vont avec», affirme Mme Massoun.

Et, concernant précisément le volet «incitation», le directeur du pôle «Maison de l’investisseur» au CRI de Casablanca-Settat, Salman Barrada, a souligné que le CRI a capté l'année dernière un volume d'investissement lié à des projets ayant transité par ses services à hauteur de 55 milliards de dirhams. Le CRI informe et oriente les investisseurs sur les dispositifs existants promus par l'État, mais aussi par la région, indique M. Barrada, rappelant que le CRI est un acteur dont les rôle ont été renforcés en 2019 et il a pour vocation d’assurer un accompagnement sur l’échelon territorial des investisseurs. M. Barrada souligne également que sur la région de Casablanca-Settat, «on assiste à une forte dynamique en matière d’investissement et nous avons de la chance d’avoir une offre assez fournie en termes de programmes d’accompagnement».



Le directeur du pôle «Maison de l’investisseur» au CRI de Casablanca-Settat fait observer par ailleurs que l'adoption de la nouvelle Charte de l'investissement stimulera encore davantage l'élan de l'investissement dans la région. Celle-ci est déclinée en quatre dispositifs. Un dispositif stratégique (qui concerne projets liés à la défense ou des projets d'une valeur supérieure à 2 milliards de dirhams ayant un intérêt stratégique) et un dispositif principal (portant sur les projets d'une valeur supérieure à 50 millions de dirhams et créant 50 emplois, ou créant 150 emplois). Deux autres dispositifs, souligne-t-il, sont en cours d'élaboration et verront le jour très prochainement. L’un destiné aux petites et moyennes entreprises (TPME) et l’autre au développement des entreprises marocaines à l’international.

En lien toujours avec la dynamique des TPME à Casablanca-Settat, le directeur réseau chez Tamwilcom, Khalid Zerouali, a affirmé cette région accapare à elle seule 50% de l’activité de Tamwilcom. Pour autant, tient à préciser M. Zerouali, «Tamwilcom n’a pas une orientation pour promouvoir une région telle de façon exceptionnelle, mais elle est plutôt animée par une logique générale visant à garantir et financer le maximum possible de projets d’investissement». De même, indique-t-il, «Tamwilcom met à la disposition des TPME un panoplie de produits génériques qui s’adaptent à tous les cycles de vie de l’entreprise, particulièrement l’investissement».

La directrice du marché Pro et TPE à CIH Bank, Asmaâ Moughraoui, a elle aussi confirmé que les encours crédits de CIH Bank en faveur des TPME sont surtout portés par la région de Casablanca-Settat.

Besoin en fonds de roulement : un véritable casse-tête pour les PME

La question des BFR a ensuite dominé les discussions lors de cette deuxième étape des assises de Tamwilcom. Ainsi, le président de la Fédération de l’automobile à la CGEM, Adil Zaïdi, et après avoir rappelé que Tamwilcom avait assuré un appui conséquent aux entreprises durant la période de la Covid, avec des encours de plus de 180 milliards de dirhams, a souligné que cette pandémie, relayée par la guerre en Ukraine, a laissé des séquelles dans le quotidien des entreprises, surtout industrielles. Celles-ci ont dû faire face à un arrêt de productions d’au moins six mois, puis à une augmentation des prix des matières premières et un prolongement des délais d’approvisionnement. Et les BFR, rappelle-t-il, «c’est le prix des achats multiplié par les délais», ce qui veut dire que ces besoins ont augmenté et ont même été parfois multipliés par trois, alors que les lignes bancaires n’ont pas suivi. Et M. Zaïdi de poursuivre qu’il est primordial de considérer le financement de ces BFR des TPME, surtout industrielles, lesquelles ne peuvent pas investir tant qu'elles restent soumises à ces contraintes. «Nous avons un souci d’accompagnement et il faudra trouver des solutions. Et ces solutions ne pourront venir que si on fait une approché ciblée», affirme le président de la Fédération automobile.

La directrice général de la société «Pretty Shoes», Souhaïla Mahlou, a, quant à elle, fait remarquer que «la TPME fait face à des difficultés à trouver le programme adéquat à son activité et à son besoin». Mme Mahlou déplore également que son entreprise n'ait pas pu s’assurer l'accompagnement des banques, faute de garanties réelles. Celles-ci, poursuit-elle, «perçoivent le secteur du textile et du cuir comme un secteur à risque» et «les TPME (actives dans ce secteur) se retrouvent du coup pénalisées, car la banque ne juge pas l'entreprise, son bilan ou son activité, mais plutôt le secteur».

Soulager le besoin en fonds de roulement des TPME : que faire ?

De l’avis de la directrice marketing et animation commerciale, marché PME, à Bank Of Africa, «pour qu’une banque puisse soulager les BFR de ses clients, il faut que le taux d’endettement soit dans un ratio acceptable, et pour ce faire, il faut qu’il y ait un renforcement des fonds propres». Une des pistes pour pallier cette contrainte consiste, d’après Mme Massoun, à recourir à des mécanismes éprouvés ailleurs, tels qu'un système de subvention ou de dette mezzanine pour renforcer les fonds propres.
Approuvant les propos de Mme Massoun, le directeur réseau chez Tamwilcom, Khalid Zerouali, a affirmé que 80% des besoins des entreprises se rapportent aux fonds de roulement et que la dette mezzanine pourrait être l’une des solutions pour les entreprises sous-capitalisées. «Mais encore faut-il que la gouvernance de celles-ci soit transparente afin de conforter le banquier qui va accorder la dette mezzanine et derrière Tamwilcom qui va la garantir», a-t-il noté.

Par ailleurs, et au sujet du relèvement des taux consécutif à la hausse du taux directeur par la Banque centrale, la directrice du marché Pro et TPE à CIH Bank a fait remarquer que les banques n'avaient pas répercuté systématiquement toutes les hausses du taux directeur sur leurs clients. Les banques, souligne-t-elle, essaient d'avoir les meilleures PME comme clients et de faire des affaires. Inutile donc d'augmenter leurs taux s'il n'y a pas preneurs, déclare Mme Moughraoui, assurant que les établissements bancaires cherchent toujours à obtenir les meilleurs taux possibles par rapport à ce qui est disponible sur le marché, et aussi par rapport au risque qu'elles courent. Et Mme Moughraoui de confirmer qu'il y a aujourd’hui une évolution certaine, notamment en matière de communication, et une multiplicité de leviers en matière d'accompagnement des TPME, et que les banques, qui ont leurs propres impératifs (coefficients de risque, réglementation de Bank Al-Maghrib, etc.), le font aujourd'hui de manière non standardisée pour tenir compte des contraintes de chaque entreprise.

Faudra-t-il créer une banque dédiée aux TPME ?

Pour accompagner efficacement les TPME, il faut, selon le président de la Fédération automobile à la CGEM, soit un système de ciblage, soit peut-être une banque dédiée à ces structures. Pour étayer ses propos, M. Zaïdi relève que les PME qui vont investir au final et évoluer sont celles dont le capital est compris entre 10 et 175 millions de dirhams. «Et il y a moins de 1.300 entreprises de cette taille dans l'industrie», précise-t-il, affirmant qu’un accompagnement ciblé en faveur de ces 1.300 PME s’avère la meilleure option.

Ghyzleine Massoun rappelle, pour sa part, que toutes les banques disposent d'un réseau dédié aux TPME. «Les petites et moyennes entreprises font l'objet d'une attention particulière et sont au cœur de la stratégie de toutes les banques», affirme-t-elle, ajoutant que «les banques n’ont pas de stratégie de financement d'un seul segment d'activité. Nous voulons diversifier nos portefeuilles, et les TPME représentent l’essentiel du tissu productif, il va donc de soi que les banques veulent les accompagner».

De son côté, Khalid Zerouali affirme que «l'idée d'avoir un produit générique évite déjà le problème de l'information asynchrone». De même, «le concept de la garantie générique reste beaucoup plus bénéfique pour l’entreprise. Une garantie sectorielle sera limitée par des considérations de pondération», fait-il remarquer. Et de rappeler que «le fait d’aller par un engagement maximum de 40 millions de dirhams par entreprise, c’est déjà un effet de levier important à la fois pour l’entreprise et la banque». De même, «le fait que Tamwilcom a greffé son activité de garantie sur l’activité bancaire permet à l’entreprise de ne pas se disperser dans la perception des produits».

Déclarations

Asmaâ Moughraoui, directrice du marché Pro et TPE à CIH Bank



«Merci à Tamwilcom pour l'organisation de ces Assises qui nous permettent, à nous banquiers, de nous mettre à jour sur l'ensemble des produits d'accompagnement mis en place par Tamwilcom. Cette dernière est en effet en perpétuel mouvement pour s'adapter à l'évolution des besoins des entrepreneurs. Ces Assises sont aussi l'occasion pour nous de faire connaître à Tamwilcom les problématiques auxquelles nous sommes confrontés lors du traitement des dossiers de financement.»

Adil Zaïdi, président de la Fédération de l’automobile à la CGEM



«Le financement des PME est un enjeu majeur pour notre pays, et tous les acteurs du Royaume sont mobilisés pour atteindre l'objectif d'investissement de 550 milliards de dirhams fixé par Sa Majesté le Roi. Chacun d'entre nous doit agir et apporter son concours à la réussite de cet enjeu. Quand on parle de PME, il est important de rappeler que sur les 800.000 entreprises que compte le Maroc, il y a environ 450.000 PME, au nombre desquelles 79.000 sont industrielles.»

Khalid Zerouali, directeur réseau chez Tamwilcom



«Cette deuxième étape des Rencontres régionales de Tamwilcom à Casablanca a été l'occasion pour nous de rencontrer nos partenaires du secteur bancaire et de discuter des soucis opérationnels et des améliorations apportées par Tamwilcom aux produits existants, ainsi que de faire le point sur les nouveaux produits qui seront lancés incessamment. Cette escale a également été l'occasion d'écouter les préoccupations des entreprises et de réfléchir avec nos partenaires sur les moyens d'accélérer le financement de ces entreprises, notamment dans la région de Casablanca-Settat.»
Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.