Fitch Solutions vient de publier une étude sur les risques climatiques pour le secteur bancaire en Afrique subsaharienne, une zone où sont fortement présents les groupes panafricains marocains. Le changement climatique représente un défi majeur à l’échelle mondiale, mais ses impacts sont particulièrement marqués en Afrique. Bien que la région contribue peu aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle est fortement vulnérable en raison de sa dépendance aux secteurs sensibles au climat, tels que l’agriculture et les ressources naturelles. Le changement climatique peut entraîner des pertes économiques considérables, accroître le risque de défaut de paiement des prêts et fragiliser la santé financière des banques en raison de leur exposition aux secteurs sensibles au climat.
Quatre principaux facteurs de risques
Globalement, les banques de la région sont exposées à quatre principaux facteurs de risques liés au changement climatique : risques physiques, de transition, la volatilité des marchés financiers et la faible adoption des assurances climatiques.
Tout d’abord, les risques physiques désignent les impacts directs sur les actifs en raison des événements météorologiques extrêmes, de la hausse des températures et de l’élévation du niveau de la mer. Ces risques sont particulièrement marqués en Afrique subsaharienne en raison de la forte dépendance de la région à l’agriculture et aux ressources naturelles, ainsi que de sa faible résilience face au changement climatique. Cette dépendance signifie que des conditions climatiques défavorables peuvent entraîner d’importantes pertes économiques, estimées entre 7 et 15 milliards de dollars par an en raison du changement climatique.
«Les perturbations climatiques dans ces secteurs peuvent provoquer des pertes massives d’emplois et une baisse de la production économique, accentuant ainsi la pression sur le secteur financier. Cela réduit la capacité des emprunteurs à rembourser leurs prêts et augmente le risque de défauts de paiement pour les banques. En conséquence, le capital et les bénéfices des banques sont affectés, menaçant la stabilité globale du secteur financier», souligne l’étude.
Ce risque est particulièrement important dans les marchés qui obtiennent des scores élevés sur l’indice d’exposition aux catastrophes naturelles, élaboré par BMI-Fitch Solutions. La majorité des marchés africains, à l’exception de l’Afrique du Sud, affichent un score supérieur à la moyenne mondiale. Il s’agit notamment de la République démocratique du Congo, du Soudan, de l’Éthiopie, de la Guinée, du Burkina Faso, du Nigeria, du Bénin, du Cameroun, de la Zambie, de l’Angola, de la Tanzanie, mais aussi du Gabon, du Kenya, du Sénégal, du Rwanda, du Ghana et de la Côte d'Ivoire.
L’étude de Fitch Solutions s’appuie également sur le rapport de l’African Natural Capital Alliance (ANCA), publié en juillet 2024, en collaboration avec l’agence britannique de développement FSD Africa et le cabinet de conseil McKinsey. Ce rapport a présenté les résultats de tests de résistance environnementaux sur cinq secteurs bancaires africains : le Ghana, l’île Maurice, le Maroc, le Rwanda et la Zambie. Il révèle que, sans action corrective, les pertes de crédit cumulées attendues pour ces cinq pays pourraient augmenter jusqu’à 9,0% d’ici 2030 et 21% d’ici 2050.
Ce risque est particulièrement préoccupant pour les prêteurs fortement exposés aux secteurs liés à la nature, ainsi que pour les pays où une grande partie de la main-d’œuvre est employée dans des secteurs à risque. C’est le cas du Ghana, du Rwanda et de la Zambie, où environ 40 à 60% des travailleurs sont employés dans l’agriculture.
Tout d’abord, les risques physiques désignent les impacts directs sur les actifs en raison des événements météorologiques extrêmes, de la hausse des températures et de l’élévation du niveau de la mer. Ces risques sont particulièrement marqués en Afrique subsaharienne en raison de la forte dépendance de la région à l’agriculture et aux ressources naturelles, ainsi que de sa faible résilience face au changement climatique. Cette dépendance signifie que des conditions climatiques défavorables peuvent entraîner d’importantes pertes économiques, estimées entre 7 et 15 milliards de dollars par an en raison du changement climatique.
«Les perturbations climatiques dans ces secteurs peuvent provoquer des pertes massives d’emplois et une baisse de la production économique, accentuant ainsi la pression sur le secteur financier. Cela réduit la capacité des emprunteurs à rembourser leurs prêts et augmente le risque de défauts de paiement pour les banques. En conséquence, le capital et les bénéfices des banques sont affectés, menaçant la stabilité globale du secteur financier», souligne l’étude.
Ce risque est particulièrement important dans les marchés qui obtiennent des scores élevés sur l’indice d’exposition aux catastrophes naturelles, élaboré par BMI-Fitch Solutions. La majorité des marchés africains, à l’exception de l’Afrique du Sud, affichent un score supérieur à la moyenne mondiale. Il s’agit notamment de la République démocratique du Congo, du Soudan, de l’Éthiopie, de la Guinée, du Burkina Faso, du Nigeria, du Bénin, du Cameroun, de la Zambie, de l’Angola, de la Tanzanie, mais aussi du Gabon, du Kenya, du Sénégal, du Rwanda, du Ghana et de la Côte d'Ivoire.
L’étude de Fitch Solutions s’appuie également sur le rapport de l’African Natural Capital Alliance (ANCA), publié en juillet 2024, en collaboration avec l’agence britannique de développement FSD Africa et le cabinet de conseil McKinsey. Ce rapport a présenté les résultats de tests de résistance environnementaux sur cinq secteurs bancaires africains : le Ghana, l’île Maurice, le Maroc, le Rwanda et la Zambie. Il révèle que, sans action corrective, les pertes de crédit cumulées attendues pour ces cinq pays pourraient augmenter jusqu’à 9,0% d’ici 2030 et 21% d’ici 2050.
Ce risque est particulièrement préoccupant pour les prêteurs fortement exposés aux secteurs liés à la nature, ainsi que pour les pays où une grande partie de la main-d’œuvre est employée dans des secteurs à risque. C’est le cas du Ghana, du Rwanda et de la Zambie, où environ 40 à 60% des travailleurs sont employés dans l’agriculture.
Des défis majeurs liés aux risques de transition
Deuxièmement, les risques de transition découlent du passage à une économie bas carbone, notamment en raison de l’évolution des réglementations, des technologies et des préférences du marché. Bien que Fitch estime que le risque de transition en Afrique subsaharienne sera généralement plus faible que les risques physiques, en raison de ses faibles émissions de carbone, certains pays et secteurs restent confrontés à des défis majeurs.
Les pays africains dont l’économie repose fortement sur l’industrie pétrolière sont particulièrement exposés aux risques de transition. Ces risques découlent des évolutions réglementaires potentielles, des fluctuations des marchés énergétiques mondiaux et de la nécessité de diversifier leurs économies pour s’éloigner des combustibles fossiles. Les pays dotés de secteurs pétroliers et gaziers émergents sont également concernés, car le militantisme environnemental limite les financements internationaux, laissant aux banques locales la charge des risques. «Avec l’intensification des efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique, les pays africains pourraient être soumis à une pression croissante pour adopter des réglementations environnementales plus strictes. Ces évolutions pourraient engendrer des coûts de conformité plus élevés pour les entreprises, réduisant leur rentabilité et, à court terme, leur capacité à rembourser leurs prêts», alertent les experts de Fitch Solutions.
Troisièmement, le changement climatique continuera d’exacerber la volatilité des marchés financiers, en particulier dans les économies émergentes vulnérables comme celles de l’Afrique subsaharienne. Les catastrophes telles que les inondations, les sécheresses et les tempêtes peuvent provoquer des chocs économiques soudains, mettant sous pression les marchés financiers.
Par exemple, les inondations de 2022 au Pakistan ont entraîné une hausse des paiements du service de la dette, déjà élevés, en raison des dégâts économiques, des perturbations, de l’augmentation de l’endettement, de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie. Ce phénomène est particulièrement préoccupant pour les secteurs bancaires de l’Afrique subsaharienne fortement exposés à la dette souveraine, notamment l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
De même, les fluctuations monétaires peuvent accentuer la volatilité des marchés financiers, affectant ainsi la stabilité et la rentabilité des banques de la région.
Les banques doivent ainsi élaborer des stratégies de gestion des risques solides pour atténuer l’impact de cette volatilité, notamment en testant la résistance de leurs portefeuilles à différents scénarios climatiques et en diversifiant leurs actifs afin de réduire leur exposition aux secteurs vulnérables au climat.
Les pays africains dont l’économie repose fortement sur l’industrie pétrolière sont particulièrement exposés aux risques de transition. Ces risques découlent des évolutions réglementaires potentielles, des fluctuations des marchés énergétiques mondiaux et de la nécessité de diversifier leurs économies pour s’éloigner des combustibles fossiles. Les pays dotés de secteurs pétroliers et gaziers émergents sont également concernés, car le militantisme environnemental limite les financements internationaux, laissant aux banques locales la charge des risques. «Avec l’intensification des efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique, les pays africains pourraient être soumis à une pression croissante pour adopter des réglementations environnementales plus strictes. Ces évolutions pourraient engendrer des coûts de conformité plus élevés pour les entreprises, réduisant leur rentabilité et, à court terme, leur capacité à rembourser leurs prêts», alertent les experts de Fitch Solutions.
Troisièmement, le changement climatique continuera d’exacerber la volatilité des marchés financiers, en particulier dans les économies émergentes vulnérables comme celles de l’Afrique subsaharienne. Les catastrophes telles que les inondations, les sécheresses et les tempêtes peuvent provoquer des chocs économiques soudains, mettant sous pression les marchés financiers.
Par exemple, les inondations de 2022 au Pakistan ont entraîné une hausse des paiements du service de la dette, déjà élevés, en raison des dégâts économiques, des perturbations, de l’augmentation de l’endettement, de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie. Ce phénomène est particulièrement préoccupant pour les secteurs bancaires de l’Afrique subsaharienne fortement exposés à la dette souveraine, notamment l’Ouganda, le Kenya, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
De même, les fluctuations monétaires peuvent accentuer la volatilité des marchés financiers, affectant ainsi la stabilité et la rentabilité des banques de la région.
Les banques doivent ainsi élaborer des stratégies de gestion des risques solides pour atténuer l’impact de cette volatilité, notamment en testant la résistance de leurs portefeuilles à différents scénarios climatiques et en diversifiant leurs actifs afin de réduire leur exposition aux secteurs vulnérables au climat.
L’assurance climatique jouera un rôle clé
Quatrièmement, l’assurance climatique jouera un rôle clé dans la gestion des risques climatiques, mais son adoption en Afrique restera limitée en raison de plusieurs défis. Malgré ses avantages potentiels, elle demeure sous-exploitée en raison des faiblesses en matière de données, d’inclusion financière et d’infrastructures. Lorsqu’elle est bien mise en œuvre, l’assurance climatique peut offrir un soutien rapide et efficace après des événements météorologiques extrêmes, représentant ainsi une opportunité pour les banques de se positionner en tant que fournisseurs. Elles pourraient tirer parti de leur expertise financière et de leurs infrastructures existantes pour proposer des produits d’assurance climatique, diversifiant ainsi leurs portefeuilles et renforçant leur rôle dans la résilience climatique.
Cependant, les banques qui se lancent dans ce secteur pourraient être exposées à des risques importants si elles ne sont pas préparées à gérer l’ampleur des potentielles indemnisations. De plus, si l’adoption de l’assurance climatique ne progresse pas, les conséquences financières des catastrophes climatiques de plus en plus destructrices pourraient être sévères, compromettant la santé financière de la région et augmentant le risque de défauts de paiement sur les prêts.
Ainsi, le renforcement des réglementations et le développement des capacités sont essentiels, non seulement pour garantir un secteur viable des crédits carbone, mais aussi pour permettre aux banques de mieux gérer et atténuer les risques liés à l’assurance climatique.
L’étude de Fitch Solutions conclut, néanmoins, avec une note positive. «Malgré tous ces défis, les banques en Afrique subsaharienne joueront un rôle crucial dans l’atténuation des risques climatiques et l’accompagnement de la transition vers une économie bas carbone», est-il indiqué.
De plus, les décideurs politiques de la région explorent de nouvelles sources de financement, notamment les financements concessionnels via des fonds climatiques, les instruments de dette liés au climat, les mécanismes internationaux de crédits carbone et les régimes d’assurance climatique, avec un rôle central des banques dans ces initiatives.
«En exploitant divers instruments financiers et en collaborant avec des partenaires de développement, les banques peuvent renforcer leur résilience face aux risques climatiques et contribuer à un développement économique durable dans la région», résume l’étude.
Pour rappel, Bank Al-Maghrib, en mars 2021, une directive invitant les banques marocaines à intégrer pleinement le risque climatique dans leurs dispositifs de gouvernance, de gestion des risques, et dans leurs stratégies d'investissement et de financement. Elle a également réalisé, en partenariat avec la Banque mondiale, une étude sur les risques climatiques dans le secteur bancaire, la première du genre dans la région et dont les résultats ont été publiés en avril 2024.
Par ailleurs, la Banque centrale vient d’édicter deux nouvelles directives couvrant la communication des risques financiers liés au changement climatique et la collecte et reporting des données relatives à l’exposition des grands emprunteurs à ces risques. Ces directives visent à assurer la mise en place d’un cadre d’analyse clair et comparable conformément aux normes internationales. Ces directives s’appliquent aux banques et à leurs filiales et entités contrôlées, y compris celles basées à l’étranger, notamment en Afrique subsaharienne, sans préjudice des dispositions législatives et réglementaires applicables dans le pays d’accueil.
Cependant, les banques qui se lancent dans ce secteur pourraient être exposées à des risques importants si elles ne sont pas préparées à gérer l’ampleur des potentielles indemnisations. De plus, si l’adoption de l’assurance climatique ne progresse pas, les conséquences financières des catastrophes climatiques de plus en plus destructrices pourraient être sévères, compromettant la santé financière de la région et augmentant le risque de défauts de paiement sur les prêts.
Ainsi, le renforcement des réglementations et le développement des capacités sont essentiels, non seulement pour garantir un secteur viable des crédits carbone, mais aussi pour permettre aux banques de mieux gérer et atténuer les risques liés à l’assurance climatique.
L’étude de Fitch Solutions conclut, néanmoins, avec une note positive. «Malgré tous ces défis, les banques en Afrique subsaharienne joueront un rôle crucial dans l’atténuation des risques climatiques et l’accompagnement de la transition vers une économie bas carbone», est-il indiqué.
De plus, les décideurs politiques de la région explorent de nouvelles sources de financement, notamment les financements concessionnels via des fonds climatiques, les instruments de dette liés au climat, les mécanismes internationaux de crédits carbone et les régimes d’assurance climatique, avec un rôle central des banques dans ces initiatives.
«En exploitant divers instruments financiers et en collaborant avec des partenaires de développement, les banques peuvent renforcer leur résilience face aux risques climatiques et contribuer à un développement économique durable dans la région», résume l’étude.
Pour rappel, Bank Al-Maghrib, en mars 2021, une directive invitant les banques marocaines à intégrer pleinement le risque climatique dans leurs dispositifs de gouvernance, de gestion des risques, et dans leurs stratégies d'investissement et de financement. Elle a également réalisé, en partenariat avec la Banque mondiale, une étude sur les risques climatiques dans le secteur bancaire, la première du genre dans la région et dont les résultats ont été publiés en avril 2024.
Par ailleurs, la Banque centrale vient d’édicter deux nouvelles directives couvrant la communication des risques financiers liés au changement climatique et la collecte et reporting des données relatives à l’exposition des grands emprunteurs à ces risques. Ces directives visent à assurer la mise en place d’un cadre d’analyse clair et comparable conformément aux normes internationales. Ces directives s’appliquent aux banques et à leurs filiales et entités contrôlées, y compris celles basées à l’étranger, notamment en Afrique subsaharienne, sans préjudice des dispositions législatives et réglementaires applicables dans le pays d’accueil.
