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Fonds bleu pour l'Afrique : les ambitions de Mohamed Sadiki

L’initiative du Royaume de créer un Fonds bleu à l’image du Fonds vert a été largement soutenue par les pays côtiers africains participant à la Semaine des océans organisée à Tanger du 9 au 10 octobre. Dans cet entretien, le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Mohamed Sadiki, formule le souhait que ce Fonds soit adopté par le Sommet mondial des océans qui aura lieu à Nice en France en juin 2025. Ce dispositif aura, entre autres missions, de financier les programmes scientifiques multilatéraux sur les espaces océaniques et soutenir les pays côtiers à mettre en place des plans d’aménagement de leurs espaces marins.

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Le Matin : Lors de l’ouverture de la Semaine des océans à Tanger, le Maroc a appelé à la création d’un Fonds bleu pour soutenir le développement de l’économie bleue en Afrique dans un contexte de changement climatique et de dégradation des espaces océaniques du continent. Comment envisagez-vous les missions et le mode opératoire de ce dispositif ?

Mohamed Sadiki :
Je dois d’abord rappeler que la Semaine des océans s’inscrit dans le cadre de la déclinaison de la Vision Royale par rapport à la coopération Sud-Sud et à l’ouverture de l’océan Atlantique aux pays continentaux ne disposant pas de côtes. Il s’agit également de faire de l’Atlantique un espace de dynamique économique et d’ouverture sur des pays africains, mais aussi sur d’autres pays. Nous avons donc mis en place plusieurs initiatives à l’instar de la «Ceinture bleue» lancée en 2016 lors de la COP 22 à Marrakech suite aux Orientations de S.M. le Roi qui nous permet donc d’avoir un espace de coopération multilatérale avec les pays africains tout en valorisant la coopération Sud-Sud et bilatérale. Pourquoi ? Parce que nous avons le même océan. Ce qui veut dire que les problématiques et les défis sont pratiquement les mêmes, de même que les opportunités de solution à ces différentes contraintes. Pour que cette initiative puisse être opérationnelle, il faut, certes, mobiliser les moyens techniques, technologiques et scientifiques en plus d’une convergence des politiques publiques et des stratégies des pays partenaires. Mais pour que tout cela puisse fonctionner, les appuis financiers sont indispensables.

Notre objectif à travers ce Fonds bleu est de pouvoir mobiliser les financements pour l’ensemble des actions multilatérales dans le cadre de la «Ceinture bleue», en particulier les actions et projets qui ne peuvent pas être financés par les pays eux-mêmes. Par ces actions, j’entends tout ce qui a trait aux missions scientifiques dans les océans. D’ailleurs, bon nombre des pays participants à l’Africa Oceans Week ont émis leurs requêtes par rapport au renforcement de leurs connaissances de leurs espaces océaniques et de la collecte des données. Là il s’agit, comme je le soulignais, d’actions bilatérales qui peuvent être financées à travers le Fonds bleu. Je dois rappeler que le Maroc avait déjà mené des expériences dans ce sens avec des pays comme le Liberia et le Bénin lorsque nous avons mobilisé notre navire de recherche au profit de ces deux pays qui voulaient disposer de données scientifiques et techniques sur leurs espaces marins. L’idée derrière ce Fonds bleu, à l’image du Fonds vert, est de pouvoir financer des programmes de recherche et de formation pour le continent africain essentiellement. Il s’agit également de permettre à des pays de mettre en place leurs plans d’aménagement de leurs espaces océaniques.



Est-ce que vous pensez qu’il y a une adhésion des pays africains participant à la Semaine des océans à cette initiative du Maroc de créer ce Fonds bleu ?

Effectivement, l’ensemble des délégations africaines participantes adhère à la création de ce Fonds. De même, elles n’ont cessé de louer l’Initiative lancée par S.M. le Roi par rapport à l’Atlantique. Notre souhait est que la création de ce Fonds soit inscrite dans les résolutions à voter dans le cadre du prochain Sommet des océans qui aura lieu en juin 2025 à Nice en France.

Le Maroc prépare déjà une stratégie intégrée de développement de son écosystème de l’économie bleue. Quel est l’état d’avancement de ce chantier ?

Effectivement, le Maroc prépare une feuille de route intégrée pour le développement de l’économie bleue. Le processus de sa préparation est coordonné par le Chef du gouvernement. C’est une opération qui connaît la participation de plusieurs départements ministériels, car comme vous le savez l’économie bleue englobe plusieurs secteurs, dont la pêche, l’aquaculture et le tourisme. Ainsi chaque département mène actuellement des analyses et des études par rapport aux secteurs qu’il gère. Une réunion de coordination, présidée par le Chef du gouvernement, aura lieu prochainement pour faire converger l’ensemble des travaux et formuler sur cette base une stratégie nationale pour le développement de l’économie bleue.

Je dois dire qu’aujourd’hui, l’ensemble des briques essentielles de cette stratégie est déjà là. Je citerais l’exemple du secteur halieutique à travers ses deux composantes, à savoir la pêche et l’aquaculture qui sont d’ailleurs les moteurs de l’économie bleue. Parce qu’à travers ces deux secteurs l’on s’intéresse à la partie biologique c’est-à-dire tout ce qui est vivant dans la mer et qui est influencé par la pollution et par le changement de température suite aux changements climatiques. En fait, la santé du vivant témoigne de la santé de l’océan. Là, beaucoup de choses ont été faites en termes de connaissance de nos côtes aussi bien sur le plan océanographique que sur le plan des ressources. L’aquaculture est également un secteur qui monte en puissance. D’ailleurs, une loi spécifique à ce secteur a été édictée en 2023. En plus, le statut de l’Agence nationale de développement de l’aquaculture (ANDA) a été modifié afin de l’orienter vers l’investissement pour attirer les investisseurs, mais également dans le sens de nous permettre d’être sur les bonnes bases et ne pas refaire les erreurs commises par un certain nombre de pays en ce qui concerne l’impact sur l’environnement. Sur les 3.500 km, l’ANDA a établi des plans d’aménagement où l’on peut autoriser la mise en place de plateformes d’élevage de différentes espèces selon un cahier des charges bien défini et qui prend en compte la dimension environnementale.
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