Des schémas directeurs régionaux pour la modernisation des souks hebdomadaires. Voilà donc comment l’État entend sortir ces circuits de commercialisation traditionnels de l’anarchie et du chaos dans lesquels ils sombrent depuis des années. Ces plateformes sont pourtant vitales pour les petites et moyennes agricultures qui constituent l’essentiel du tissu agricole au Maroc.
Depuis la mise sur rails de la stratégie Génération Green (2020-2030), le département de l’Agriculture lance régulièrement des appels d’offres pour la modernisation des souks hebdomadaires existants et la création de nouveaux dans les différentes régions du Royaume.
Actuellement, les services d’Ahmed EL Bouari se penchent sur la préparation de trois schémas directeurs de modernisation de ces circuits de commercialisation. Ces futures feuilles de route portent sur trois gros réservoirs agricoles du pays : Fès-Meknès, l’Oriental et Souss-Massa. Ces plans de modernisation sont prévus par le programme de revitalisation des territoires ruraux par l’emploi et l’entrepreneuriat dans le secteur agricole et para-agricole (TREA) qui bénéficie d’un appui financier de l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne. L’État veut ainsi mettre de l’ordre dans ce secteur à travers sa structuration. L’enjeu, tout l’enjeu derrière ce projet est de maximiser la valeur captée par les agriculteurs et améliorer la qualité des produits vendus aux consommateurs finaux. La vision de l’État à travers ces stratégies régionales est d’apporter une touche de modernité à ces plateformes de commercialisation tout en gardant l’âme. Bon nombre d’agriculteurs sondés par nos soins associent la modernisation des souks hebdomadaires à une seule revendication : éradiquer la spéculation acharnée des intermédiaires sur les produits agricoles qui les privent de valeur. Et c’est vrai. Comme nous l’avions relevé dans notre dossier sur les viandes rouges, les intermédiaires font la pluie et le beau temps dans les souks hebdomadaires, faussant injustement le libre jeu de la concurrence sur ces marchés. Ils sont nombreux, agissent très souvent en réseau, se communiquent les bruits des souks et agissent sur les prix par opportunisme.
Depuis la mise sur rails de la stratégie Génération Green (2020-2030), le département de l’Agriculture lance régulièrement des appels d’offres pour la modernisation des souks hebdomadaires existants et la création de nouveaux dans les différentes régions du Royaume.
Actuellement, les services d’Ahmed EL Bouari se penchent sur la préparation de trois schémas directeurs de modernisation de ces circuits de commercialisation. Ces futures feuilles de route portent sur trois gros réservoirs agricoles du pays : Fès-Meknès, l’Oriental et Souss-Massa. Ces plans de modernisation sont prévus par le programme de revitalisation des territoires ruraux par l’emploi et l’entrepreneuriat dans le secteur agricole et para-agricole (TREA) qui bénéficie d’un appui financier de l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne. L’État veut ainsi mettre de l’ordre dans ce secteur à travers sa structuration. L’enjeu, tout l’enjeu derrière ce projet est de maximiser la valeur captée par les agriculteurs et améliorer la qualité des produits vendus aux consommateurs finaux. La vision de l’État à travers ces stratégies régionales est d’apporter une touche de modernité à ces plateformes de commercialisation tout en gardant l’âme. Bon nombre d’agriculteurs sondés par nos soins associent la modernisation des souks hebdomadaires à une seule revendication : éradiquer la spéculation acharnée des intermédiaires sur les produits agricoles qui les privent de valeur. Et c’est vrai. Comme nous l’avions relevé dans notre dossier sur les viandes rouges, les intermédiaires font la pluie et le beau temps dans les souks hebdomadaires, faussant injustement le libre jeu de la concurrence sur ces marchés. Ils sont nombreux, agissent très souvent en réseau, se communiquent les bruits des souks et agissent sur les prix par opportunisme.
Dans les souks hebdomadaires, chaque catégorie de produits agricoles a ses propres «Chennakas». Pour le bétail par exemple, ces intermédiaires raflent pratiquement toute l’offre de bovins et ovins à l’entrée du souk. Très souvent, l’éleveur, harcelé par ces acteurs, finit par céder sa marchandise à prix dérisoire. Celle-ci emprunte à partir de là son chemin vers le gouffre de la surenchère. D’une vente à l’autre, les prix explosent. C’est le cas du bétail, des fruits et légumes, des céréales et bien d’autres produits agricoles. C’est vrai que l’inflation qui touche les produits agricoles actuellement est attribuable en grande partie à des complexités structurelles à l’instar de la succession des années de sécheresse et le renchérissement des intrants agricoles. Mais ces facteurs ne justifient pas à eux seuls l’envolée des prix au consommateur. Les souks hebdomadaires sont donc des circuits où la valeur due aux agriculteurs est captée par les intermédiaires. L’agriculteur et le consommateur sont donc tous les deux lésés dans cette équation. De même, ce serait injuste de dire que les souks hebdomadaires pèchent uniquement par la multiplicité des intermédiaires. Ces plateformes souffrent, en effet, d’autres insuffisances tout aussi importantes, voire handicapantes du rôle que doivent jouer celles-ci dans la valorisation agricole. D’ailleurs, à travers les futurs schémas directeurs de modernisation des souks, le département de l’Agriculture entend instaurer une maîtrise de la chaîne de distribution des produits agricoles. Ce projet de modernisation, le ministère de l’Agriculture le mène en prenant en compte les recommandations du Conseil économique, social et environnemental (CESE) cristallisées dans un avis dédié aux souks hebdomadaires sous le titre «Pour une politique urgente de rénovation et de développement des souks hebdomadaires en milieu rural».
Les souks, une composante essentielle du développement rural
L’analyse du CESE indique que les souks hebdomadaires, en tant que service public de proximité et composante essentielle du développement du milieu rural, constituent une plateforme commerciale, socio-économique et culturelle importante, mais insuffisamment exploitée. «Le souk en tant que lieu de vie incontournable pour les populations rurales préoccupe aujourd’hui, par ses multiples problématiques, à la fois les acteurs chargés de sa gestion et les usagers qui le fréquentent. Cet espace vital souffre de plusieurs difficultés de gestion, de logistique et de financement, qui impactent négativement son développement ainsi que la sécurité sanitaire des populations», constate le CESE qui rappelle que bien que différentes initiatives aient été prises par les autorités publiques pour l’organisation et la promotion du commerce local, celles-ci n’ont pas encore donné de résultats probants à l’échelle nationale. Or, au regard du potentiel de développement socioéconomique qu’il représente, le souk, en tant que service public géré par les communes, mérite donc d’être repensé selon une approche territoriale intégrée, suggère l’institution désormais présidée par Abdelkader Amara.
Aux yeux du CESE, l’implémentation en cours de la régionalisation avancée constitue l’occasion idoine d’inscrire le développement des souks dans une politique régionale multidimensionnelle (politique, économique, sociale, culturelle et environnementale) portée par les collectivités territoriales avec l’implication des services déconcentrés de l’État, les entreprises publiques et privées et la société civile. À travers les futurs schémas directeurs de modernisation, l’État entend proposer un concept et une organisation moderne des espaces à mettre en place au niveau d’un souk moderne permettant à ces espaces de jouer pleinement leur rôle de levier du développement durable territorial, et répondant aux normes de qualité et d’hygiène, et ce, à travers la définition des principales activités du souk et l’identification de l’ensemble des infrastructures à mettre en place. Un master plan pour le souk moderne sera élaboré avec l’établissement d’un schéma directeur des souks de chaque région concernée en les classant selon la priorité de leur modernisation, sur la base d’un certain nombre de critères. Il s’agit également d’actualiser le plan d’action et le chiffrage de modernisation des souks prévus dans les Plans agricoles régionaux déclinant la stratégie Génération Green, conformément aux schémas directeurs établis et aux nouveaux concepts définis.
Souks : les flux financiers difficilement quantifiables
Selon le CESE, de par leur rôle essentiel dans le développement régional, les souks hebdomadaires en milieu rural remplissent une fonction économique et commerciale de premier plan. Ils génèrent un chiffre d’affaires important qui contribue au budget des communes. La fonction économique, déterminante pour la majorité des souks hebdomadaires, se matérialise par l’échange d’importants flux financiers, découlant essentiellement de la vente du bétail et des activités commerciales diverses. Néanmoins, nuance le CESE, il importe de distinguer entre les recettes générées par les souks au profit des communes et les flux financiers qui circulent lors du souk. Les recettes du souk sont quantifiables et maîtrisables, car elles proviennent soit de l’affermage soit du prélèvement direct de taxes par la commune. L’étude menée par le ministère de l’Intérieur et qui date de 2013 estime la recette annuelle des souks à environ 313 millions de DH, dont 95% provenant de la location, avec une moyenne de 400.000 DH par souk. Les recettes de 70% des souks ne dépassent pas 200.000 DH par an et les coûts de location varient entre 2.000 et 7 millions de DH, selon le type de souk.
Par contre, les flux financiers, c’est-à-dire la masse monétaire qui circule le jour du souk, ne sont ni maîtrisables ni quantifiables. Le CESE recommande donc de mener des études spécifiques pour les mesurer et apprécier les volumes d’échanges entre les différentes composantes du souk (commerçants, usagers, visiteurs, etc.). Avec un nombre de visiteurs qui avoisine en moyenne 3.000 visiteurs par souk, soit 2,6 millions de visiteurs par semaine, au niveau national, les souks hebdomadaires génèrent des recettes importantes qui varient selon la vocation du souk, sa taille et son emplacement. En fonction de leurs vocations, les souks constituent une plateforme importante de distribution et de commerce. Les souks en milieu rural sont les principaux fournisseurs de viande. Les 689 abattoirs existants ont une capacité avoisinant les 68.000 tonnes de viande par an. Cependant, il y a lieu de relever un faible contrôle sanitaire à ce niveau, puisque près du tiers des abattoirs ne sont pas couverts par les services vétérinaires, déplore le CESE dans son avis. L’institution souligne aussi que les initiatives entreprises en faveur des souks hebdomadaires restent limitées et souffrent d’un manque de convergence et d’intégration au niveau régional. Le CESE cite ainsi une étude de la Direction générale des collectivités territoriales (DGCT) qui reste à caractère purement organisationnel (élaboration d’un guide qui n’a pas encore été mis en œuvre) et l’initiative du département en charge de l’Industrie et du commerce en faveur des souks ruraux, mais qui reste orientée principalement vers le commerce rural.
De même, le Plan Maroc vert, arrivé à échéance en 2020, n’a pas prévu parmi ses actions prioritaires la modernisation du souk hebdomadaire. L’État ne s’est rattrapé que tardivement à travers Génération Green qui a inscrit dans ses objectifs la modernisation de 12 souks de gros et la qualification des marchés hebdomadaires. Il demeure, selon le CESE, que les trois initiatives proposées en faveur du développement du souk en milieu rural ne sont pas encore traduites sur le terrain par des plans d’action opérationnels. Elles restent discontinues et n’ont pas fait l’objet d’une coordination et d’une concertation élargie avec les partenaires clés et les bénéficiaires directs, à savoir les usagers du souk et les communes. En l’absence d’une vision commune et d’un mécanisme de coordination reconnu et statué, l’Institution juge que la problématique des souks en milieu rural est abordée d’une manière partagée entre plusieurs départements ministériels, chacun selon sa mission, ses priorités et son plan de financement.
