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La Banque mondiale identifie les clés d’une collaboration plus efficace avec le Maroc

La Banque mondiale a dévoilé mardi les principales conclusions d’un rapport sur la performance de ses opérations au Maroc de 2011 à 2021. Ce rapport réalisé par un Groupe indépendant d’évaluation met en lumière les succès, les lacunes et les enseignements du passé en vue de mieux orienter les futurs engagements du Groupe de la Banque mondial dans le pays et renforcer sa contribution à son développement. Cette évaluation porte notamment sur les interventions de l’Institution pour l’amélioration de la cohérence des politiques publiques, des règles du jeu économiques ainsi que de la participation citoyenne.

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Engagée de longue date dans un partenariat stratégique avec le Maroc, la Banque mondiale veut renforcer sa contribution au développement du Royaume. Ceci en s’appuyant sur les leçons tirées de la réussite ou des lacunes de cette collaboration au cours des dernières années. Voilà pourquoi le Groupe indépendant d’évaluation (IEG) – une unité indépendante de l’Institution de Bretton Woods chargée d’évaluer ses stratégies, ses programmes et ses politiques – a réalisé un rapport sur la performance du Groupe de la Banque mondiale au Maroc entre 2011 et 2021. Ce rapport analyse la pertinence de la stratégie d’appui et d’opérations de la Banque mondiale au Maroc et identifie également les facteurs qui ont entravé l’efficacité de son action ainsi que sa capacité à s’adapter à l’évolution des circonstances et des priorités du pays.



Les principales conclusions de cette évaluation ont été présentées le 20 février lors d’une table ronde en distanciel animée par deux experts de l’IEG : Theo Thomas, directeur du département du Développement humain et de la gestion économique, et Estelle Raimondo, responsable de programme, Fonction de conseil en méthodes. Selon cette dernière, IEG a utilisé des techniques d’évaluation innovantes pour rendre compte d’une riche décennie de partenariat avec le Maroc, en s’appuyant sur des données solides et des éléments probants. Le rapport met ainsi en lumière la manière dont la Banque mondiale a su ajuster son action au gré de l’évolution des circonstances nationales, dans un souci permanent de pertinence. Il montre comment la Banque a géré les dynamiques de l’économie politique marocaine, tiré les leçons de ses succès et de ses échecs, et mobilisé toute la gamme de ses instruments pour contribuer aux résultats du pays.

À noter que la Banque mondiale affiche un engagement financier massif de 11,2 milliards de dollars sur la période d’évaluation. Cet investissement colossal témoigne de l’importance de la coopération entre la Banque mondiale et le Maroc dans la poursuite des objectifs de développement du pays. Le rapport a identifié quatre grands domaines d’impact. Le premier porte sur la cohérence des politiques publiques. À ce sujet, le rapport estime que le groupe de Banque mondiale a éclairé avec succès le contenu des politiques publiques lorsqu’il a utilisé l’éventail complet de ses compétences analytiques, capitalisé sa gestion des données de références mondiales et associé l’analyse à un dialogue flexible sur les politiques publiques.

Le deuxième domaine d’impact concerne les règles du jeu économiques. À ce niveau, l’Institution a pu aider le Maroc à améliorer ses performances dans les 10 domaines de règlementation mesurés par les indicateurs Doing Business. Elle a également contribué à des réformes plus larges pour une concurrence loyale sur le marché. Elle a, par ailleurs, réussi à renforcer les capacités institutionnelles des organisations nationales chargées de la concurrence et du climat des affaires. De même, son approche globale de la réforme des systèmes financiers a aidé les micro, petites et moyennes entreprises. Rappelons qu’en 2010, le Maroc occupait le 128e rang sur les 180 pays du classement Doing Business de la Banque mondiale. Cette mauvaise place a accéléré l’action du gouvernement pour améliorer sa position. En réponse, l’IFC et la Banque mondiale ont créé une équipe de conseillers Doing Business qui a aidé le Maroc à se hisser à la 53e place du classement en 2020.

S’agissant du troisième domaine d’impact, il vise à favoriser la mise en œuvre des politiques publiques complexes, en corrigeant les lacunes liées à des capacités limitées du secteur public en matière de conception et de mise en œuvre des reformes. Sur ce volet, le groupe de la Banque mondiale a aidé le Maroc à surmonter les goulets d’étranglement dans la mise en œuvre des politiques par l’introduction de nouvelles pratiques. Par exemple, au cours de la toute dernière période stratégique, le prêt-programme pour les résultats (PforR) a remplacé l’appui budgétaire (DPF) comme instrument financier privilégié de la Banque mondiale afin d’accompagner la transition opérée par le gouvernement entre réformes des politiques publiques de première génération et réformes de deuxième génération, et financement fondé sur les résultats. La Banque a soutenu le pays, notamment, en atténuant les risques liés à l’innovation et en facilitant l’apprentissage Sud-Sud. Cela inclut des initiatives pour moderniser la protection sociale et soutenir le développement du secteur de l’énergie solaire, mais aussi des adaptations basées sur les leçons tirées des échecs passés, telles que des ajustements dans les projets liés à l’agriculture irriguée et à la décentralisation éducative.

Enfin, le quatrième domaine d’impact concerne le renforcement de la participation citoyenne. Selon Estelle Raimondo, la Banque mondiale a fait de l’aide apportée à l’État pour promouvoir la participation civique et économique l’un des piliers de sa stratégie. Cependant, la Banque n’a pas réussi à traduire ses diagnostics, relatifs aux obstacles à la participation civique et économique des citoyens, en opérations efficaces. Néanmoins, des expériences prometteuses visant à résoudre les problèmes de financement et de capacités au niveau territorial ont démarré. Par exemple, la Banque mondiale est en train de tester des approches basées sur la performance au moyen de prêts-programmes pour les résultats (PforR) pour aider les municipalités à remédier à leurs manque de financement.

Globalement, cette évaluation a permis de tirer les enseignements suivants en vue d’orienter les futurs engagements du Groupe de la Banque mondiale au Maroc. Les leçons tirées de cette évaluation incluent l’importance de l’adaptabilité dans les réformes politiques, l’utilisation efficace des données pour informer les politiques, le besoin de stratégies flexibles pour surmonter les obstacles à la mise en œuvre et la nécessité de s’engager de manière proactive avec les parties prenantes locales. Ces enseignements guideront les futures initiatives de la Banque mondiale au Maroc et pourraient également être pertinents pour d’autres pays confrontés à des défis similaires de développement.
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