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L’algoculture pourrait générer 36.000 emplois et 450 M$ pour le Maroc (Banque mondiale)

Porté par une vision de croissance verte, le Maroc mise désormais sur l’algoculture, une filière en devenir, pour stimuler l’emploi, l’investissement et la valorisation durable de son littoral. À l’occasion du premier dialogue national organisé par l’ANDA en partenariat avec la Banque mondiale, une ambition claire a été posée : structurer une industrie innovante, créatrice d’emplois et respectueuse des écosystèmes. Tandis que l’État affiche sa volonté de faire des algues un levier stratégique, la Banque mondiale souligne un potentiel de croissance considérable, à condition de lever les freins administratifs et logistiques. Sur le terrain, l’ANDA trace déjà les premiers sillons de cette nouvelle économie verte, en appelant à dépasser la simple production pour construire des chaînes de valeur à haute intensité technologique et écologique.

Le Maroc explore une nouvelle dimension de son économie bleue avec l’essor de l’algoculture. À l’occasion du premier dialogue national consacré à cette filière émergente, organisé par l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) en partenariat avec la Banque mondiale, responsables institutionnels, experts scientifiques, opérateurs privés et investisseurs ont dressé les contours d’un secteur appelé à devenir un levier stratégique de développement durable.

Une vision étatique claire et ambitieuse

En ouvrant les travaux, Zakia Driouich, Secrétaire d’État chargée de la Pêche maritime, a insisté sur l’importance de cette rencontre. « Nous sommes réunis aujourd’hui non pas pour dresser un simple constat, mais pour échanger, réfléchir et anticiper l’avenir », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité de structurer une filière innovante et durable.

Elle a rappelé que le marché mondial des algues connaît une croissance annuelle de 10% et pourrait dépasser les 30 milliards de dollars d’ici dix ans. « La filière algues dépasse le cadre d’une simple opportunité sectorielle. Les algues régénèrent les écosystèmes marins, réduisent l’acidification des océans et séquestrent le carbone. Elles représentent un véritable outil de résilience écologique », a-t-elle ajouté. Pour elle, le Maroc, fort de ses 3.500 km de littoral et de ses ressources humaines qualifiées, dispose d’atouts solides pour s’imposer comme un acteur régional incontournable.

>>>Lire Aussi: Le Maroc amorcera une croissance exponentielle de son secteur halieutique dès 2027 (Zakia Driouch)

Le regard de la Banque mondiale

Ahmadou Moustapha Ndiaye, représentant de la Banque mondiale pour le Maghreb, a abondé dans le même sens en mettant en avant « l’énorme potentiel du Maroc pour devenir une plateforme de compétitivité, d’emploi et de durabilité ». Le pays ne produit aujourd’hui que 3.500 tonnes de produits aquacoles, alors que le potentiel est estimé à plus de 600.000 tonnes. Selon lui, une production de 300.000 tonnes d’algues pourrait générer 36.000 emplois et 450 millions de dollars de revenus annuels.

Il a toutefois mis en garde contre plusieurs obstacles : la lenteur des procédures de permis, le déficit d’infrastructures adaptées, le coût élevé des intrants ou encore le manque de coordination entre les acteurs. « Ces défis sont précisément la raison pour laquelle ce dialogue est si important. La Banque mondiale est prête à accompagner le Maroc dans ses réformes, à mobiliser des financements et à réduire les risques pour les investisseurs privés », a-t-il assuré.

L’ANDA : structurer et valoriser la filière

Majida Maârouf, directrice générale de l’ANDA, a détaillé les premières initiatives mises en place. Plus de 4 700 hectares ont été identifiés pour la culture des macroalgues, dont 1 000 hectares attribués à 70 fermes. Le potentiel national pourrait atteindre 400 000 tonnes de production et générer 800 emplois directs. Elle a également évoqué le développement des microalgues à terre, prometteuses pour des usages multiples. « Il ne s’agit pas de produire uniquement de la matière première, mais d’aller vers la transformation locale et la création de valeur », a-t-elle martelé. Selon elle, l’avenir de la filière réside dans la diversification des usages : alimentation humaine et animale, cosmétique, pharmacie, bioplastiques, biostimulants agricoles, textiles ou encore biocarburants. Elle a insisté sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les acteurs, condition sine qua non pour bâtir une filière compétitive et durable.

Ce premier dialogue national se voulait une plateforme de concertation et d’innovation. Quatre ateliers thématiques ont permis d’explorer les applications économiques et environnementales des algues. Les projections à long terme tablent sur une capacité de production nationale de 100.000 tonnes, ce qui offrirait au Maroc une place de choix dans une filière mondiale en pleine expansion.
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