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Le Maroc doit investir dans l'IA pour ne pas la subir

Actuellement, le Maroc dispose de quelques prérequis en matière d’intelligence artificielle notamment en infrastructures lui permettant de ne pas décrocher face à l’arrivée sur le marché de concurrents très innovants et disruptifs. Mais, les investissements sont très majoritairement concentrés au niveau d’un seul organisme, l’Université Mohammed VI Polytechnique.

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C’est une famille d’algorithmes qui séduit et ensorcelle de plus en plus les individus et, à un degré encore plus élevé, les entreprises et les États. Il s’agit bien évidemment de l’intelligence artificielle, appelée affectueusement «IA». Cette technologie de rupture, ou de création pour certains, est en train de bouleverser les perceptions et les modes économiques. Ses avantages pour développer davantage la production dans tous les secteurs sont indéniables. Mais c’est une technologie qui se nourrit sur les emplois. En effet, l’IA remplace les êtres humains dans beaucoup de domaines. Et l’une des craintes est qu’elle prenne totalement le dessus sur l’Homme. L’IA est également une technologie qui creuse encore plus le gap entre le Nord et le Sud. En effet, la quatrième révolution industrielle pousse de plus en plus

Les grands défis de l'IA

«Les nouveaux sujets du moment, l’intelligence artificielle et le Quantum Computing (l’informatique quantique), devraient, pour leur part, constituer des défis d’une dimension inégalée jusqu’à aujourd’hui, car ils posent la question fondamentale de la place de l’humain dans la production technique, mais également intellectuelle. Source de fortes inquiétudes légitimes quant à leur future gouvernance, ces technologies de rupture accroissent considérablement le risque de décrochage des pays à revenu intermédiaire et des pays les moins avancés, ces derniers ne disposant pas d’avantages compétitifs au niveau de l’amont, à savoir en Recherche & Développement et quant aux brevets qui en procèdent», note l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) dans son dernier Policy Paper, intitulé «Souveraineté numérique : Pourquoi le Maroc ne peut y échapper».



Publié lundi dernier, ce document est rédigé par Mouad Agouzoul, sous la direction du directeur de Recherche à l’IMIS, professeur Ahmed Azirar, et avec la participation de Karim Amor et Victor Pauvert.Selon cette analyse, le Maroc, comme les autres pays africains, est confronté donc au grand souci lié à l’aspect très capitalistique de cette technologie. Pour l’adopter, des investissements importants doivent être consentis. Mais, cela ne doit pas pour autant être un facteur décourageant, car c’est ce genre de nouvelles technologies que le Maroc doit investir, car il y va de son assise économique régionale. Cela est tributaire, comme le souligne l’IMIS, «des voies et moyens et de contracter les partenariats lui permettant d’en exploiter le plein potentiel. Concernant l’Intelligence artificielle (IA) – ou plutôt les IA, selon la méthodologie Hype cycle du Gartner spécifique aux IA –, le pic des attentes actuelles porte sur l’IA générative : ChatGPT, Bard...» Et d’ajouter : «L’emballement médiatique et la démocratisation apportée par les géants de la tech américaine, dont les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) et les startups à forte croissance telles qu’OpenAI (éditeur de ChatGPT, entre autres), ont contribué à placer cette forme d’intelligence artificielle au cœur de la conversation mondiale. Les enjeux économiques entourant cette dynamique sont sans précédent. Selon les estimations les plus conservatrices effectuées au cours des travaux de recherche de ce Policy Paper, les prévisions de revenus liés à l’Intelligence artificielle sous toutes ses formes devraient approcher les deux trillions de dollars à l’horizon 2030».

Capacités de calcul : le Maroc au 26e rang mondial

Actuellement, le Maroc dispose de quelques prérequis notamment en infrastructures lui permettant de ne pas décrocher face à l’arrivée sur le marché de concurrents très innovants et disruptifs. «Mais à ce stade, les investissements sont très majoritairement concentrés au niveau d’un seul organisme, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P). Cette jeune institution a inauguré en février 2021, le supercalculateur le plus puissant d’Afrique, propulsant ainsi directement le Maroc au 26e rang mondial en termes de capacités de calcul. Ainsi l’African Supercomputing Center délivre-t-il une puissance de calcul équivalente à 8.000 ordinateurs basiques, traitant 3 millions de milliards d’opérations à la seconde», note l’IMIS. En plus du supercalculateur, ladite Université a créé le Centre international d’Intelligence artificielle du Maroc «AI Movement», un pôle d’excellence en intelligence artificielle. Ce dernier a comme objectif de favoriser l’émergence d’un savoir-faire marocain en IA et en sciences des données. Cela étant, dans le nouveau rapport sur l’Indice gouvernemental de préparation à l’Intelligence artificielle, le Maroc se classe au 88e rang mondial.

Au niveau africain, le rapport de MoroccoAI «Recommandations towards a National AI strategy for Morocco» classe, lui, le Maroc à la quatrième position.

L’informatique quantique, un grand appui pour l’intelligence artificielle

Par ailleurs, pour l’IMIS, en plus de la nécessité d’engager de sérieux investissements dans l’IA, il est aussi important que le Royaume s’oriente aussi vers l’informatique quantique, cette autre technologie de rupture qui devrait changer fondamentalement le paysage mondial du digital.

L’informatique quantique est un domaine particulier de l’informatique de demain, qui développe des cas d’application concrets comme la cryptographie quantique ou les calculs hypercomplexes. Cette discipline sort peu à peu du domaine de la recherche fondamentale dans lequel elle était cantonnée jusqu’alors. Cette discipline consiste à appliquer les propriétés de la physique quantique – la science de l’infiniment petit – aux calculs informatiques. On ne parle plus ici d’octets, mais de Qubits, et le concept consiste à superposer des calculs en utilisant le principe d’ubiquité des électrons – capacité à se trouver à plusieurs endroits en même temps – ce qui démultiplie la capacité de traitement, sans en principe consommer davantage d’énergie. Des calculs plus rapides permettent la résolution de problématiques plus complexes, et constituent donc un vecteur de développement des IA notamment. Or, cette dimension est absolument fondamentale pour l’intelligence artificielle, car cette dernière mobilise des capacités de calcul et de stockage extrêmement importantes afin d’entraîner les robots et améliorer ainsi leur capacité de réponse à des questions de plus en plus complexes», explique-t-on auprès de l’IMIS.

Parmi les vintages que l’informatique quantique peut offrir à l’IA, il y a l’accélération du traitement des données et l’amélioration des capacités de calcul. Quant au Cloud Computing , ce dernier est outil d’accès aux ressources informatiques, facilitant le développement et le déploiement de solutions de l’IA à outrance. «Les géants américains tels IBM, Google, et Microsoft sont à la pointe de ces technologies, développant à la fois des infrastructures de Cloud Computing avancées et des ordinateurs quantiques expérimentaux. IBM, par exemple, a mis l’accent sur l’intégration de l’informatique quantique avec l’IA dans son Cloud. Ces avancées suggèrent que l’intersection de l’IA, de l’informatique quantique et du Cloud Computing constituera un domaine clé pour les futurs développements technologiques», précise l’IMIS.

Un réseau actif de huit universités

Cependant, le développement de l’informatique quantique est bousculé par des contraintes techniques et théoriques. Selon le Policy Paper de l’IMIS, l’un des grands obstacles est celui dit phénomène de «décohérence quantique». Ce dernier pointe son nez dès que les Qubits perdent leur état quantique à cause des interactions avec leur environnement.

Pour le développement de cette technologie, il est nécessaire de garder en tête que les compétences en programmation quantique sont le sésame. Bien entendu, les codeurs dans cette technologie seront très prisés. D’où l’intérêt d’investir dans les formations spécifiques à cette spécialité.

«Dans ce domaine particulier, il existe déjà au Maroc un réseau actif de huit universités partenaires ainsi qu’une centaine de membres fédérés par le Réseau marocain des recherches en informatique quantique. Malgré la modestie des moyens alloués, cette initiative peut constituer une base sur laquelle s’appuyer afin de passer de la recherche fondamentale à la recherche appliquée, en lien avec le secteur privé», conclut le Policy Paper de l’IMIS. n
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