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Le secteur bancaire marocain affiche des fondamentaux solides

Le rapport annuel 2023 de Bank Al-Maghrib sur la supervision bancaire révèle une reprise significative des résultats des banques marocaines. En dépit d’un ralentissement des crédits, le secteur bancaire affiche des fondamentaux solides avec une hausse notable des bénéfices et une solidité financière soutenue par des ratios de solvabilité confortables. Poursuivant le renforcement et la convergence de son cadre de supervision vers les standards internationaux, Bank Al-Maghrib œuvre à déployer un nouveau dispositif d’évaluation prudentielle des banques.

Le rapport annuel 2023 de Bank Al-Maghrib sur la supervision bancaire, publié le 25 juillet, a été présenté le même jour lors d’une rencontre à Casablanca.
Le rapport annuel 2023 de Bank Al-Maghrib sur la supervision bancaire, publié le 25 juillet, a été présenté le même jour lors d’une rencontre à Casablanca.
Le secteur bancaire confirme sa résidence et affiche des fondamentaux solides. C’est ce qui ressort du rapport annuel 2023 de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la supervision bancaire, présenté le 25 juillet lors d’une rencontre à Casablanca. Ce document dresse le bilan de l’action de régulation et de contrôle de la Banque Centrale ainsi que des activités du secteur des établissements de crédit et organismes assimilés.



Sur base sociale, le résultat des banques s’est redressé avec un rebond de 20,4% à 12,7 milliards de DH, suite au rétablissement des revenus sur les portefeuilles-titres, après une contraction de 13% en 2022, au cours de la phase de resserrement monétaire. Le total-actif cumulé des banques a, lui, marqué une hausse de 4,5%, pour s’établir à près de 1.756 milliards de dirhams, soit 120% du Produit intérieur brut (PIB), en baisse de 6 points. Cette évolution reflète une décélération des crédits, en lien avec le ralentissement des prêts aux entreprises non financières et de ceux accordés aux ménages.

En effet, après une hausse de 6,5% en 2022, le rythme de progression de l’encours brut des crédits a décéléré à 4,8% à 1.111 milliards de dirhams. Rapporté au PIB, cet encours s’est établi à 76%, soit 4 points de moins que l’année dernière. Néanmoins, la qualité des portefeuilles de prêts des banques s’est maintenue globalement, le taux des créances en souffrance se situant à 8,5% sur base sociale et à 9,2% sur base consolidée.

À noter que sur base consolidée, le résultat cumulé des 11 groupes bancaires s’est également apprécié reflétant le bon comportement des activités au Maroc et à l’étranger. Le Produit net bancaire cumulé s’est renforcé de 12% et le Résultat net part du groupe (RNPG) s’est consolidé de 20,8%. L’activité à l’international représente 35% du RNPG des 3 groupes bancaires panafricains. À l’étranger, les groupes bancaires disposent de 51 filiales et 22 succursales présentes dans 36 pays dont 27 en Afrique, 7 en Europe et 2 en Asie. Ils disposent également de 25 bureaux de représentation dans 14 pays situés principalement en Europe, en Asie et en Amérique. En Afrique, les groupes bancaires marocains sont présents à travers 45 filiales et 4 succursales.

Le secteur bancaire est resté solide

Sur le plan de la solvabilité, le secteur reste solide. D’ailleurs, les banques ont dégagé, sur base sociale, un ratio moyen de solvabilité de 15,5% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 12,9%, supérieurs aux minima réglementaires de 12% et 9% respectivement. Sur base consolidée, ces ratios se situent respectivement à 13,5% et 11,6%. Le ratio de liquidité à court terme demeure aussi à un niveau confortable, supérieur au seuil réglementaire de 100%.

À ce sujet, «Bank Al-Maghrib a réitéré cette année son appel à la prudence en matière de distribution des dividendes pour renforcer la solidité des banques face à d’éventuels chocs, tout en assurant un suivi prospectif des risques induits par la conjoncture et susceptibles de peser sur le système bancaire». En plus des contrôles sur place pour vérifier la conformité des pratiques de déclassement et de provisionnement des créances en souffrance, la Banque a accordé une attention particulière aux effets de l'inflation sur le crédit et la solvabilité des emprunteurs. Elle a également surveillé de près l'évolution des risques de taux et de marchés en raison des impacts potentiels des conditions monétaires sur les bilans bancaires.

Consolider la résilience du secteur bancaire

Sur le plan de la régulation, Bank Al-Maghrib a poursuivi, en 2023, le renforcement et la convergence de son cadre de supervision vers les standards internationaux afin de consolider la résilience du secteur.

À ce plan, la Banque œuvre à déployer un nouveau dispositif d’évaluation prudentielle des banques visant à mieux refléter l’appréciation de leurs profils de risques prospectifs et prenant en compte les résultats de stress tests, ainsi que leurs politiques de planification du capital et de résolution de crises. L’année 2023 a été également marquée par le parachèvement, en coordination avec la Banque Mondiale, d’un premier exercice d’évaluation de l’exposition des banques aux risques financiers induits par le changement climatique. Cet exercice, premier du genre dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a permis d’explorer les effets des risques climatiques physiques et des risques économiques liés à la transition verte sur la qualité des portefeuilles de crédit et la solvabilité des banques.

Dans le domaine de l’intégrité financière, l’année dernière a été marquée par la sortie du Maroc de la liste grise du Groupe d’action financière «GAFI» et de celle de l’Union européenne. En outre, Bank Al-Maghrib a contribué, avec les parties prenantes, à l’élaboration de la stratégie post-sortie de ces listes et au lancement de la préparation au prochain cycle d’évaluation du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. «Dans ce sens, notre pays a d’ores et déjà engagé un chantier législatif pour l’encadrement des cryptoactifs et des stablecoins conformément aux recommandations du GAFI», est-il indiqué dans le rapport.

Accompagner la digitalisation des services bancaires

Au sujet de la digitalisation des services bancaires, après l’adoption du cadre réglementaire régissant les plateformes de crowdfunding, Bank Al-Maghrib a instruit les premiers dossiers de demande d’agrément à l’exercice des activités de financement collaboratif de type prêts et dons. En outre, suite à la décision d’assurer la distribution des aides sociales directes via des comptes bancaires ou de paiement, Bank Al-Maghrib a œuvré avec les opérateurs du marché à la mise en place d’une offre de services bancaires et de paiement adaptés à ce segment de la population. Dans ces conditions, la bancarisation a connu une nette accélération.

Pour ce qui est de l’activité de la finance participative, les financements accordés continuent de progresser, atteignant 21,4 milliards de dirhams (hors marges constatées d’avance) en 2023, contre 17,4 milliards de dirhams en 2022. Ils sont constitués à 80,4% de financements immobiliers, 13,5% de financements à l’équipement et de 6,1% de financements à la consommation et de trésorerie. Les financements participatifs sont constitués à 99% de financements de type Mourabaha et de 1% de financements Salam.

Au sujet de l’activité de la finance participative, le Conseil supérieur des Oulémas a labellisé la directive réglementaire de Bank Al-Maghrib instituant l’audit externe de conformité. Après la phase de mise en place des composantes clés de l’écosystème participatif au plan réglementaire, des produits et de la fiscalité, ce secteur doit déployer de nouveaux leviers de développement. Il s’agit d’étoffer l’offre de services et d’optimiser la performance opérationnelle. Sur le plan de la gestion actif-passif, il importe de renforcer la collecte de l’épargne et de diversifier les sources de refinancement.

Redressement graduel du secteur de micro-crédit

Concernant le secteur du micro-crédit, après le choc induit par la crise de la Covid 19, le secteur connaît globalement un redressement graduel. La Banque centrale a édicté les circulaires d’application de la nouvelle loi relative à la micro-finance visant à dynamiser ce secteur en l’ouvrant à de nouveaux opérateurs non associatifs et en élargissant son périmètre d’activité à la collecte des dépôts et à la micro-assurance.

Soulignons enfin que le nombre d’établissements de crédit et organismes assujettis au contrôle de Bank Al-Maghrib est passé de 90 établissements en 2022 à 88 en 2023, après la sortie de 2 opérateurs du marché des établissements de paiement suite au retrait de leurs agréments. À fin 2023, le bancaire est composé de 19 banques conventionnelles, 5 banques participatives, 29 sociétés de financement, 6 banques offshore, 11 institutions de micro-finance, 16 établissements de paiement, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et la Société nationale de garantie et du financement de l’entreprise (SNGFE). Sont également soumises au contrôle de Bank Al-Maghrib, 4 fenêtres participatives, dont une spécialisée dans la garantie des financements.
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