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Les défis que le Maroc doit relever pour une maturité digitale

En application des Hautes Instructions Royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, d’importants chantiers, ayant contribué à accroître la maturité digitale du pays et de ses écosystèmes publics et privés, ont été lancés durant les vingt dernières années dont la digitalisation des services rendus par les administrions publiques. Certes, des progrès significatifs ont été réalisés, mais ce dernier reste à la traîne par rapport aux standards internationaux.

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C’est en 1995 que le Maroc est entré dans l’ère du numérique. Depuis cette date, les initiatives et les programmes pour réaliser sa transformation digitale et renforcer son positionnement sur la scène internationale se sont multipliés. Cette transformation a été accompagnée par un arsenal juridique. Ce qui a permis au Royaume de se positionner comme un hub digital incontournable en Afrique et comme une destination attractive pour les investisseurs clés du secteur. Et en application des Hautes Instructions Royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, d’importants chantiers, ayant contribué à accroître la maturité digitale du pays et de ses écosystèmes publics et privés, ont été lancés durant les vingt dernières années dont la digitalisation des services rendus par les administrions publiques. Certes, des progrès significatifs dans la digitalisation des services publics ont été réalisés au Maroc, mais ce dernier reste à la traîne par rapport aux standards internationaux, passant de la 30e position en 2014 à la 114e en 2022 selon l’UN E-Government Index. «Seulement 23% des services digitalisés sont entièrement dématérialisés, les autres sont toujours partiellement ou entièrement physiques».

Le développement du secteur des nouvelles technologies a été favorisé par la mise en place d’infrastructures digitales structurelles (réseaux télécoms et Datacenters...). Ce qui a renforcé la position du Royaume en tant qu’acteur important dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) pour les investissements en nouvelles technologies et en innovation. Aujourd’hui, les investisseurs internationaux, encouragés par ces infrastructures sont de plus en plus nombreux à s’intéresser au pays.

Datacenters : un marché fragmenté et concentré

À ce niveau, il faut rappeler que le développement du Cloud au Maroc a enregistré une croissance grâce à la multiplication des opérateurs de Datacenter ou bien les opérateurs télécoms qui se diversifient. Cette croissance a été stimulée par les investissements dans les infrastructures Cloud et l’augmentation de la demande pour des solutions flexibles et sécurisées. Le marché du Cloud au Maroc devrait croître de 20% par an au cours des cinq prochaines années. Cela est favorisé par l’ambition de certaines entreprises d’externaliser toutes les applications qui ne sont pas cœur de métier.

Selon l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS) «l’attractivité du Royaume pour l’implantation de Datacenters est également favorisée par une politique de certification rigoureuse, qui garantit le respect des standards internationaux en la matière». À fin septembre 2023, le Maroc comptait ainsi 23 Datacenters conçus selon les standards de la certification TIER de l’institut Uptime. Ce dernier est une référence mondiale pour garantir la conformité des Datacenters. Toutefois, en dépit de la volonté de l’État pour développer les Datacenters, la question de la taille critique en matière de capacité de stockage de données sensibles ou à caractère personnel par le Maroc sur des systèmes souverains reste posée, et ce au regard des réformes importantes en cours – santé et protection sociale notamment. Ce qui demande une augmentation très importante des capacités de stockage. Là, il faut souligner que le marché des Datacenters au Maroc reste fragmenté en termes de nombre d’opérateurs présents sur le marché et concentré en termes de parts de marché. En 2021, quelques opérateurs comptés sur les bouts des doigts (Medasys, N+one, Maroc Telecom et Inwi) détiennent plus de 84% de ce marché national.

Cette fragmentation et l’arrivée sur le marché national de géants internationaux «aux comportements potentiellement prédateurs» alertent sur l’urgente nécessité pour le Maroc de se doter, à court terme, d’un Cloud souverain de forte capacité permettant le stockage des informations les plus sensibles.

Le grand défi de la souveraineté numérique

Si les défis de la mise en place de bases pour le développement des nouvelles technologies ont été pour la plupart relevés par le Maroc, ce dernier fait face aujourd’hui à un autre grand défi. En effet, le déploiement rapide de la quatrième révolution industrielle a eu comme conséquence de faire émerger de nouveaux challenges. Le plus important étant celui lié à la souveraineté numérique. Sur ce point, il faut reconnaître que le Maroc à quelques atouts indéniables qui peuvent lui permettre de prétendre à un statut de sherpa en tendant vers un niveau de souveraineté numérique inédit sur le continent. La réussite de cette transformation pourrait lui être d’un grand appui pour en faire bénéficier ses partenaires subsahariens. Cependant, il est primordial de cerner les enjeux sous-jacents que sont la déstabilisation, l’ingérence étrangère et l’asymétrie technologique.

Aujourd’hui, il faut agir en urgence pour renforcer la souveraineté numérique du Royaume, car les défis y afférents touchent l’ensemble des secteurs économiques et sociaux du Maroc. Il faut aussi garder à l’esprit que ces technologies évoluent si rapidement qu’une adaptation constante est nécessaire

Cybersécurité : un défi relevé

La transformation numérique est souvent confrontée à la malice et au piratage et autres agissements cybercriminels. Bien entendu, le Maroc n’échappe pas à ce phénomène de plus en plus envahissant. Aussi, une bonne gouvernance du risque numérique est désormais centrale pour gagner en agilité. Les États comme le Maroc et ses acteurs économiques l’ont bien compris. Selon un récent classement de MixMode, entreprise de référence dans le domaine de la cybersécurité, le Royaume est leader régional en matière de cybersécurité en occupant la 55e position sur 77 pays audités. Il se hisse à la première place du Maghreb et à la troisième en Afrique. Une performance jugée remarquable par les rédacteurs du rapport qui ont mis en avant les importants efforts entrepris pour renforcer sa sécurité numérique et protéger ses citoyens et ses entreprises contre les cybermenaces croissantes. Il s’agit de la Stratégie nationale en matière de cybersécurité, de l’infrastructure numérique mise en place, des campagnes de sensibilisation relatives aux enjeux de la cybersécurité et de la mise en place de programmes efficaces.
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