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Vente de produits à base de cannabis licite : les consommateurs pas très emballés, les professionnels optimistes

Dans les pharmacies, les produits dérivés du cannabis n’attirent pas les chalands. Le vif intérêt suscité par la légalisation de cette plante n’est pas suivi, du moins pour le moment, par un engouement pour ces produits. Pour les professionnels, cette réticence est somme toute compréhensible, compte tenu de l’image de cette plante dans l’inconscient collectif. Ils tablent donc sur le temps pour un changement progressif de la perception que l’on s’en fait dans la société. Seulement, là n’est pas l’unique souci. La vente en pharmacie de ces produits semble diviser la communauté des pharmaciens.

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Disponibles en pharmacies depuis début juin, les produits dérivés du cannabis peinent à séduire. Les premiers retours sur les ventes des compléments alimentaires et des produits cosmétiques issus de la plante ne sont pas très encourageants, d’après les commentaires recueillis auprès des professionnels. Selon ces derniers, ce manque d’enthousiasme, somme toute normal, est largement compréhensible, en raison notamment de l’association, dans l’imaginaire collectif, de ces produits pharmaceutiques à des produits stupéfiants. «Actuellement, la demande est faible, mais ça n’a rien d’étonnant. Beaucoup de Marocains ont tendance à assimiler les produits dérivés du cannabis à des substances psychotropes», explique Abderrahim Derraji, pharmacien et fondateur du site «médicament.ma».

«Il faudra probablement du temps pour que cette perception change. Les gens finiront bien par s’habituer à ces produits et à les adopter, à condition bien sûr qu’ils soient efficaces et répondent à leurs attentes», ajoute-t-il. Le professionnel souligne également que l’ouverture de magasins spécialisés devrait favoriser cette familiarisation progressive. «Dans d’autres pays, les marques optent pour l’ouverture de leurs propres points de vente afin d’accroître leur visibilité et leur attractivité», rappelle-t-il. C’est d’ailleurs la stratégie envisagée par le groupement d’intérêt économique RTCV (Rif Taounate Chefchaouen Ventures).



Pour rappel, ce GIE regroupe quatre sociétés actives dans le domaine du cannabis licite : le laboratoire pharmaceutique CBD Rif Morocco, les coopératives Biocannat et Talambio, ainsi que le laboratoire d’analyses et de contrôles physico-chimiques Labovolta.

Des points de vente en préparation

Contacté par nos soins, Redouane Ledmaoui, président de Talambio, a confirmé que la commercialisation des produits en pharmacie connaît des débuts difficiles. Pour autant, le Groupement ne se laisse pas décourager puisqu’il prépare déjà le lancement des produits de sa marque et envisage d’ouvrir prochainement plusieurs points de vente. «Nous avons 10 produits cosmétiques déjà enregistrés à la Direction des médicaments et de la pharmacie (DMP). Nous sommes également dans la dernière ligne droite pour avoir les autorisations relatives à 12 compléments alimentaires en ce mois de juillet. Sans compter d’autres dossiers qui sont actuellement en cours de validation et qui devront être prêts pour les mois d’août et de septembre», déclare le producteur.

Plus encore, Redouane Ledmaoui annonce que le GIE vient de décrocher un accord de principe auprès de l’ANRAC, l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, pour l’ouverture de ses propres boutiques. «Nous avons opté pour un lancement progressif. Nous commencerons avec trois magasins dans trois villes phares : Tanger, Rabat et Kénitra. Nous envisageons ensuite une expansion graduelle vers d’autres villes, à commencer par Casablanca, Marrakech, Meknès et Fès», a-t-il détaillé.

Le GIE «RTCV» attaque le marché dès cette semaine

En attendant l’aménagement des points de vente, les produits de «RTCV» seront disponibles en pharmacie dès cette semaine, avec une dizaine à une quinzaine de références selon M. Ledmaoui. Tout comme ses partenaires, mais aussi ses concurrents, ce dernier est conscient de l’importance de la prudence face à un marché encore inexploré et potentiellement imprévisible, d’autant plus que les premiers échos sur les ventes sont mitigés.

«C’est un grand chantier et il faut l’attaquer prudemment. Comme vous le savez, il s’agit d’un nouveau domaine qui n’a pas fait l’objet d’études de marché. De ce fait, nous procédons avec prudence, pas à pas», indique M. Ledmaoui. Le GIE souhaite également éviter les effets d’annonce non suivis d’actions concrètes, comme cela a été le cas pour d’autres produits. «Nous tenons à préserver notre crédibilité en nous assurant que tous les aspects du processus soient prêts avant de communiquer», avance-t-il. «Notre stratégie consiste à lancer les produits, ouvrir les points de vente et établir une présence sur le marché avant de nous concentrer sur la visibilité et la notoriété, garantissant ainsi que la communication reflète fidèlement la réalité du terrain», explique-t-il, tout à sa lucidité.

Les pharmaciens réticents s’organisent

L’ouverture de boutiques spécialisées dans la vente de produits dérivés du cannabis pourrait bien résoudre un conflit naissant au sein de la communauté des pharmaciens. Selon nos informations, une proportion importante de ces professionnels de la santé est opposée à la vente de tels produits dans les officines sans garanties claires contre leurs dangers, les effets indésirables ou les risques potentiels liés à leur consommation. «Le code déontologique nous interdit de favoriser des pratiques contraires à la préservation de la santé publique. Il se trouve que les dangers liés au CBD sont réels, ne serait-ce qu’en cas de surdosage ou de consommation excessive. De ce fait, nous devons nous assurer de protéger nos clients du risque d’une commercialisation à tout va !», indique notre source, qui préfère garder l’anonymat. Des sources concordantes nous ont également confié que les pharmaciens réticents s’organisaient pour exprimer officiellement leur position sur la question. Affaire à suivre.
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