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Transport de matières dangereuses : la certification des conducteurs marocains bloquée

Les opérateurs marocains du transport routier international de matières dangereuses ont un pied dans la tombe. En cause, un blocage du processus de certification de leurs conducteurs. En effet, la France aurait sommé ses organismes certificateurs agréés de ne plus dispenser de formations certifiantes au Maroc. Une décision du département tricolore de la Transition écologique qui aurait estimé que le Royaume devrait disposer de ses propres organismes certificateurs puisqu’il est signataire, depuis 2003, des accords internationaux sur le transport terrestre et maritimes des matières dangereuses. Les conducteurs marocains dont le certificat est arrivé à échéance n’ont plus le droit de circuler sur le territoire européen. Une situation qui fait perdre aux entreprises de transport international des marchés. De même, des milliers d’emplois sont menacés.

Face à la situation de blocage des certifications, les opérateurs de formation au Maroc auraient saisi le département du Transport afin que ce dernier formule une demande de dérogation à l’adresse de la France pour relancer le processus des certifications.
Face à la situation de blocage des certifications, les opérateurs de formation au Maroc auraient saisi le département du Transport afin que ce dernier formule une demande de dérogation à l’adresse de la France pour relancer le processus des certifications.
Les entreprises marocaines spécialisées dans le transport routier international des matières dangereuses traversent une zone de turbulences. Motif, la France aurait interdit à ses organismes agréés spécialisés d’opérer la formation et la certification des conducteurs marocains qui font le transport international des matières dangereuses. Faute de ce certificat, les chauffeurs n’ont pas le droit de circuler sur le territoire européen. «Cette interdiction a été décidée par le département français de la Transition écologique au motif que le Royaume est signataire, depuis 2003, des accords internationaux sur le transport des matières dangereuses et qu’il doit à ce titre disposer de ses propres organismes certificateurs», explique au journal «Le Matin» Driss Herrati, expert en logistique et fondateur du Centre Avenir Formation qui dispensait, en partenariat avec un organisme tricolore, les formations de certification aux conducteurs marocains.



Le Maroc est justement signataire des accords et réglementations internationaux régissant le transport terrestre et maritime des matières dangereuses depuis 2003. En juillet 2011, le pays avait promulgué la loi 30-05 sur le transport des matières dangereuses dont les dispositions correspondent aux accords internationaux. Valeur aujourd’hui, ce texte est au point mort depuis sa publication au Bulletin officiel en 2011 puisque ses décrets d’application n’ont pas encore été mis en place. «Jusqu’à aujourd’hui, notre centre de certification des chauffeurs de poids lourds qui font l’international passait par un organisme de certification français. Ce dernier mobilisait ses experts formateurs pour la certification des conducteurs marocains qui roulent sur les territoires des 55 pays signataires des accords internationaux sur le transport routier des matières dangereuses. Depuis environ un an, le département de la Transition écologique français avait demandé à ce qu’aucun organisme de certification français agréé ne parte certifier les conducteurs de poids lourds au Maroc», détaille M. Herrati. Si le pays ne dispose pas de ses propres organismes certificateurs, c’est que le préalable juridique fait encore défaut.

En effet, ce sont les décrets d’application de la loi 30-05 qui doivent encadrer cette activité aussi bien sur le plan technique que juridique. Du pain sur la planche donc pour le département du Transport qui devra enclencher, dans les plus brefs délais, le processus de conception des décrets d’application de la loi sur le transport des matières dangereuses et en particulier les process de certification des conducteurs et la formation des agents verbalisateurs et des juges. Le problème c’est qu’aujourd’hui, beaucoup de chauffeurs attendent le renouvellement de leurs certificats pour pouvoir rouler sur le territoire de l’Union européenne. Notons que la durée de validité d’un certificat est de 5 ans. Ce qui veut dire que tous les conducteurs ayant passé leur formation, il y a cinq ans, sont aujourd’hui otages du renouvellement de leurs certificats. Face à cette situation de blocage, les opérateurs de formation au Maroc auraient saisi le département du Transport afin que ce dernier formule une demande de dérogation à l’adresse de la France pour relancer le processus des certifications, en attendant la mise en place à l’échelle nationale des organismes certificateurs. Réponse du département de Mohammed Abdeljalil à en croire Driss Herrati : «Nous ne sommes pas encore prêts pour lancer les formations au Maroc».

Une réponse jugée non satisfaisante par la France, nous explique l’expert en logistique. En attendant une solution urgente et conforme aux accords internationaux, les opérateurs marocains de transport routier international s’inquiètent. Ce blocage des certifications leur fait perdre des marchés. De même, des milliers d’emplois s’en trouvent menacés. Et ces turbulences ne s’arrêtent pas là. Les industries agroalimentaire, automobile et chimique, entre autres, sont également pénalisées puisqu’elles recourent au transport routier international pour s’approvisionner en matières premières chimiques à partir de pays européens. La seule alternative qui leur reste est le transport maritime. Sauf que ce mode de transport prend du temps. Selon M. Herrati, il faut par exemple plus d’une semaine pour transporter les matières dangereuses de l’Europe au Maroc. Mais en camion, l’opération est conduite en seulement deux jours. En attendant le dénouement de cette situation de blocage, les centres de formation des conducteurs de poids lourds qui opèrent à l’international cherchent actuellement de nouveaux organismes partenaires en Europe, notamment en Belgique et en Espagne.
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