Le Maroc se dotera d’une stratégie nationale des paiements. Cette feuille de route, en préparation depuis déjà des mois, sera lancée au début de l’année prochaine. L’annonce en a été faite par Hakima El Alami, directrice du département de la surveillance des systèmes et moyens de paiement et inclusion financière à Bank Al-Maghrib (BAM), lors de la troisième édition du Digital Banking Forum, le 7 novembre à Casablanca.
La stratégie en projet viendra ainsi instaurer une gouvernance dédiée à l’écosystème des moyens de paiement et accélérer le développement des moyens innovants. À travers cette feuille de route, la Banque centrale entend piloter la modernisation des moyens de paiements en facilitant les paiements dématérialisés et sécurisés. L’objectif étant de renforcer davantage les transactions digitales et partant lutter contre la circulation du cash qui demeure à des niveaux très élevés au Maroc comparé à d’autres pays similaires.
La stratégie en projet viendra ainsi instaurer une gouvernance dédiée à l’écosystème des moyens de paiement et accélérer le développement des moyens innovants. À travers cette feuille de route, la Banque centrale entend piloter la modernisation des moyens de paiements en facilitant les paiements dématérialisés et sécurisés. L’objectif étant de renforcer davantage les transactions digitales et partant lutter contre la circulation du cash qui demeure à des niveaux très élevés au Maroc comparé à d’autres pays similaires.
Pour Mme El Alami, le développement de l’inclusion numérique fait face à quatre défis majeurs. Il s’agit d’abord du poids de l’informel dans l’économie nationale. En effet, les activités informelles représentent environ 30% du PIB national. De même, le cash thésaurisé par les agents économiques, non affecté aux transactions, est estimé entre 60 et 80% du total du cash en circulation. Autre défi, l’écosystème d’acceptation des paiements électronique qui demeure assez faible. En effet, développe la directrice de la Surveillance des systèmes de paiements, les commerçants de proximité méconnaissent encore les avantages que procurent les paiements électroniques. Le troisième défi, quant à lui, a trait aux coûts des transactions de paiement. Le fait est que le niveau des commissions prélevées pour l’acceptation des paiements électroniques, bien qu’il ait baissé durant ces dernières années, reste élevé en particulier pour les petits commerçants. Enfin, le quatrième défi concerne la sécurité des paiements et la confiance du public.
Mme El Alami estime que le recours à des infrastructures de plus en plus numériques a augmenté l’exposition aux cybermenaces des institutions bancaires et du marché. Selon les données de l’Institut d’émission, le nombre global de moyens de paiement scripturaux échangés a connu une hausse de 18% en 2023, s’élevant à 492 millions d’opérations. En valeur, les échanges ont représenté près de 4.936 milliards de dirhams, ce qui représente une hausse de 9% par rapport à l’année 2022, contre une hausse de 11% entre 2021 et 2022. Le Maroc enregistre ainsi, en 2023, une moyenne de 13,3 transactions par an et par habitant, contre 11,2 l’année précédente. Depuis 2016, la structure des paiements scripturaux, en nombre, est restée quasiment identique à celle des années passées. Ainsi, en 2023, le virement a conservé sa première place (45,2% des échanges en 2023, contre 44,8% des échanges en 2022), devant la carte bancaire (33,4% en 2023, contre 32,1% en 2022). Les prélèvements ont conservé leur troisième place dans l’ensemble des échanges en nombre (10,8% des échanges en 2023, contre 12,5% des échanges en 2022), devant les chèques dont la part s’est établie à 6,3% en 2023, contre 7,5% en 2022.
Le paiement mobile, le virement instantané et les LCN arrivent en dernière position avec des parts respectives de 2%, 1,3% et 1,2% dans l’ensemble des échanges. La baisse continue de la part des chèques (en nombre et en valeur), au profit des autres moyens de paiement électroniques, va de pair avec la politique et les orientations stratégiques de BAM visant à développer les moyens de paiement électroniques. Cette baisse a été accélérée en 2020 avec le contexte de crise sanitaire liée à l’épidémie de la Covid-19 et s’est poursuivie en 2023. En termes de montants échangés, ces proportions sont nettement différentes et sont restées relativement stables par rapport aux années précédentes. En effet, la part des virements a augmenté pour s’établir à 58,6% en 2023, contre 57,4% en 2022 au détriment du chèque dont la part a accusé une diminution de 1,3% (26,2% en 2023, contre 27,5% en 2022).
Les LCN, les prélèvements et les transactions de paiement par cartes ont conservé le même rang, avec des parts respectives, quasi identiques à celles enregistrées en 2022, à savoir 7,6%, 6% et 1,2%. En revanche, les transactions de paiement par virement instantané et par M-Wallet en montant demeurent faibles.