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Viande de poulet : une baisse des prix attendue durant la deuxième semaine de Ramadan

Les prix de la viande de volaille, actuellement entre 20 et 25 dirhams le kilogramme, devraient emprunter le chemin de la baisse, durant la 2e semaine du mois sacré du Ramadan. Cette détente prévue ne serait pas l’effet d’une baisse des coûts de production, mais plutôt d’un gain en productivité. Le marché devrait connaître, selon l’Association des producteurs, l’arrivée du poulet de 2,5 kilogrammes, contre 1,7 kilo actuellement. En plus des aléas conjoncturels, à l’instar de l’inflation qui touche les prix des aliments composés, la filière avicole est désormais confrontée à des contraintes structurelles, comme le stress hydrique qui nécessite l’arrêt définitif de plusieurs poulaillers. Pour stopper l’hémorragie, la profession négocie avec l’ONEE la facilitation des procédures pour le raccordement des fermes au réseau de l’eau potable. Décryptage.

La filière avicole génère un chiffre d’affaires de 36,9 milliards de dirhams et emploie 142.000 personnes de manière directe et 328.000 indirects.
La filière avicole génère un chiffre d’affaires de 36,9 milliards de dirhams et emploie 142.000 personnes de manière directe et 328.000 indirects.
La filière avicole traverse une zone de turbulences. Le stress hydrique, conjugué à une inflation des aliments composés et une montée importante de la demande, fait flamber le prix de la viande blanche sur le marché national. Selon différentes sources contactées par nos soins, le poulet de chair était négocié à 18,50 dirhams le kilo vif à la ferme, le 19 février. Le consommateur, lui, l’achète à 20 jusqu’à 23 dirhams le kilo vif. Selon Mustapha Mountassir, président de l'Association nationale des producteurs des viandes de volaille (APV), les prix à la ferme oscillaient entre 16,50 et 17,50 dirhams le kilo vif, ces trois derniers jours.

>>Lire aussi : Élevages de poulet : pourquoi le nouveau décret est bienvenu (FISA)
Cette inflation des prix, qui donne «la chair de poule» au consommateur, serait l’effet de multiples facteurs, à en croire le président de l’APV. «Les coûts de production du poulet de chair ont nettement augmenté, du fait de la montée continue des prix des aliments composés. Ces derniers sont en effet composés à 85% du maïs et du soja que les industriels des aliments importent de l’étranger», explique l’opérateur, qui affirme ne pas comprendre pourquoi les producteurs d’aliments composés maintiennent des prix élevés, alors que les cours du maïs ont chuté de 40% et ceux du soja de 25%. «En dépit des baisses importantes des cours de ces intrants, l’industrie des aliments composés n’a répercuté que légèrement cette évolution sur les prix aux éleveurs, soit à peine -20%», dénonce le patron de l’APV. Une situation qui a poussé bon nombre d’éleveurs, très endettés d’ailleurs, à tailler dans leurs poulaillers et partant réduire les volumes de production.

La filière est à la recherche d'une baisse des prix des aliments composés pour sauver les marges

Pour réduire la pression sur les coûts de production liée aux aliments composés, la profession avicole affirme avoir saisi la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) dont elle est membre, afin de pouvoir obtenir une réduction beaucoup plus encourageante des prix des aliments composés et sauver ses marges déjà faibles. Réaction de la FISA, selon le président de l’APV : «Nous n’intervenons pas dans les opérations commerciales du secteur !» Toutefois, pour rassurer les éleveurs, les industriels des aliments composés auraient signifié à l’APV qu’une fois les stocks de maïs et de soja (achetés à des cours élevés) épuisés, les prix des aliments composés devront repartir à la baisse. Mais quand ? L’APV n’aurait pas pu obtenir de réponse précise à ce sujet.

La pénurie d'eau rajoute aux malheurs de la filière avicole

En plus des coûts de production jugés époustouflants, la profession fait également les frais du stress hydrique. En effet, explique M. Mountassir, la rareté des ressources hydriques a conduit à l’arrêt définitif de plusieurs exploitations. «Les poulaillers, relativement hydrovores, sont confrontés aujourd’hui plus que jamais au tarissement des nappes phréatiques. Une situation qui a précipité, d’ailleurs, l’arrêt de pratiquement 30% des fermes en exploitation à l’échelle nationale. Ce qui impacte lourdement l’offre et fait grimper, du coup, les prix de la viande de volaille», déplore l’opérateur avicole.
Pour tenter de stopper l’hémorragie, l’APV est actuellement en négociation avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) afin de faciliter les procédures de raccordement des fermes au réseau de l’eau de potable. Ces turbulences, qui perturbent la production avicole, et dont certaines sont désormais devenues structurelles, à l’instar du stress hydrique, comportent des risques pour le développement de la filière, en freinant notamment le rythme de création de nouveaux élevages.
À l’approche du mois sacré du Ramadan, le consommateur pourrait-il espérer une descente des prix ? À en croire M. Mountassir, les prix devront normalement repartir à la baisse dans la deuxième semaine du mois sacré. Et ce ne serait pas l’effet d’un resserrement des coûts de production, mais plutôt de la montée de la productivité. Selon les explications du patron de l’APV, le mois sacré devrait ainsi coïncider avec la mise sur le marché du poulet de 2,5 kilo, contre 1,7 kilo actuellement. Ce qui permettrait aux éleveurs de sauver leurs marges et au consommateur de bénéficier d’une petite baisse des prix.
Le secteur avicole n’est pas de la roupie de sansonnet dans l’économie nationale. Avec une production estimée à près de 655.000 tonnes de viandes de volaille et 5 milliards d’œufs de consommation, la filière couvre actuellement 100% des besoins en viandes de volaille, soit 55% de la consommation totale, toutes viandes confondues, et 100% des besoins en œufs de consommation. Le secteur compte aujourd’hui quelque 46 usines de fabrication d'aliments composés, 56 unités d'accouvage, 3 couvoirs de poussins de type ponte, 4 couvoirs de dindonneaux et pas moins de 7.627 élevages de poulets de chair autorisés. À cela s’ajoutent 900 élevages de dindes de chair autorisés, 252 élevages de poules pondeuses autorisés et 30 abattoirs avicoles agréés. Par ailleurs, les investissements cumulés du secteur s’élèvent à 13,9 milliards de dirhams. La filière génère un chiffre d’affaires de 36,9 milliards de dirhams et emploie 142.000 personnes de manière directe et 328.000 indirects.

Œufs de consommation : les prix ne devraient pas dépasser 1,60 DH

La production des œufs de consommation devrait monter pendant le mois sacré du Ramadan. Une tendance qui est devenue une règle au fil du temps, selon Bouchta Boussof, président de l’Association nationale des producteurs d’œufs de consommation (ANPO). M. Boussof se veut rassurant : pendant ce mois sacré, la ménagère ne devrait pas casquer plus de 1,60 dirhams pour acheter son œuf de consommation. «Le Ramadan connaît normalement un pic de consommation des œufs. Notre filière s’organise toujours à l’avance pour pouvoir approvisionner le marché national en quantités suffisantes d’œufs. La production devrait ainsi culminer à 18 millions d'unités par jour. Ce qui permettra de couvrir largement la demande et avec des prix à la portée des ménages marocains», explique au «Matin» le patron de l’ANPO. M. Boussof affirme qu’au Maroc, le prix des œufs de consommation est le moins cher par rapport à nos voisins du Maghreb. Le professionnel indique par ailleurs que la filière se remet aujourd’hui des effets de la crise sanitaire et de l’inflation qui touche les aliments composés. «Suite à la crise liée à la Covid et aux perturbations géopolitiques à l’international, 15 à 20% des fermes d’élevage de la poule pondeuse ont mis la clé sous la porte. Ce qui a corrodé l’offre et partant enflammé les prix des œufs de consommation. Mais aujourd’hui, plusieurs éleveurs se sont remis à la production, les prix sur le marché étant encourageants», détaille M. Boussof. Le président de l’ANPO ne s’est pas privé de dénoncer les prix affichés notamment par les grandes surfaces qui dépassent les 2,50 l’unité. «C’est insolent. Comment est-ce que ces plateformes commerciales se permettent de vendre à ce prix au consommateur alors qu’en ferme, l’œuf de consommation est cédé à 1,30 dirham l’unité», regrette-t-il. Pour rappel, le marché marocain d’œufs de consommation a connu depuis 1981 une évolution remarquable, enregistrant ainsi un taux de croissance de 6,2% durant les 4 dernières décennies. Une évolution qui s’est traduite par l’atteinte d’une production totale de 6,6 milliards d’œufs de consommation. Ce chiffre a permis de couvrir 100% des besoins des Marocains en œufs de consommation. Il est également le résultat d’une production assurée à 85% par le secteur moderne, le reste étant couvert par le secteur traditionnel.
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