Si les vaccins anti-Covid-19 sont présentés comme le moyen le plus sûr pour réduire les risques d’hospitalisation et de formes graves de la maladie, d’autres pistes sont actuellement à l’étude, notamment les traitements médicamenteux. La dernière en date concerne la fluvoxamine, un antidépresseur prescrit uniquement sur ordonnance médicale pour le traitement des états dépressifs et des troubles obsessionnels compulsifs. L’étude a été menée sur une centaine de personnes dans 11 hôpitaux différents au Brésil et indique que la fluvoxamine est en mesure de réduire les hospitalisations chez les patients atteints de la Covid-19 et présentant des risques de formes graves.
Des résultats à prendre avec précaution
«Les résultats sont à prendre avec précaution et d’ailleurs on ne peut pas se baser sur cette étude uniquement pour commencer à recommander l’utilisation de ce médicament dans le traitement de la Covid-19», précise-t-il. Sur ce volet, Dr Hamdi rejoint l’avis des scientifiques qui affirment que cette étude présente des limites. «Tout d’abord, l’étude a été menée au Brésil où le variant P1 était le plus dominant. Cela dit, on ne sait pas si l’on peut transposer ces résultats sur le variant Delta», explique Dr Hamdi. Et d’ajouter que la deuxième limite réside dans la définition des critères qui ont été retenus par les auteurs. En effet, «dans ce type d’études, on retient normalement deux critères, à savoir l’hospitalisation dans les services de réanimation et le décès après 28 jours, chose qui n’a pas été vraiment respectée», souligne-t-il. Le spécialiste précise que les auteurs ont, malheureusement, remplacé l’admission au sein des services de réanimation par un séjour de 6 heures dans un service d’urgence. Argument avancé par les auteurs : au moment de la réalisation de l’étude, les services de réanimation étaient encombrés, impossible donc d’hospitaliser les patients. «Les auteurs avaient ainsi considéré que le séjour au sein des services d’urgence pendant 6 heures était similaire à l’hospitalisation, alors qu’il s’agit de deux critères différents dans la réalisation d’une étude», explique Dr Hamdi. Ce dernier avance une autre limite : l’étude n’a pas été réalisée sur la base d’un échantillon représentatif de la population alors que le médicament est censé s’adresser à des personnes qui ont des risques de formes graves. «Les résultats restent donc non concluants et ces limites sont d’ailleurs reconnues par les auteurs de l’étude eux-mêmes», fait savoir l’expert. Pour trancher sur le rôle du médicament dans le traitement de la Covid-19, il faut, estime Dr Hamdi, d’autres études plus solides avec des critères bien définis et une méthodologie plus rigoureuse.Et l’effet d’accoutumance ?
Une précision de taille : les effets secondaires du médicament n’ont pas été détaillés dans le cadre de cette étude, ce qui constitue une autre limite. En revanche, l’expert souligne qu’en cas d’adoption de ce médicament, il n’y a rien à craindre côté accoutumance du fait qu’il sera pris pour quelques jours, le temps que l’état du patient atteint de la Covid se stabilise.Soulignons, par ailleurs, que la course contre la montre pour un traitement anti-Covid-19 se poursuit et que plusieurs laboratoires sont en train de mener des essais en vue de trouver des traitements efficaces.