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Changement climatique : les limites des solutions basées sur les aides et les effets de compensation

Ifrane Forum est revenu avec une édition spéciale à Casablanca, tenue sous le thème «COP 27 : l’Afrique prend son destin en main». Les intervenants ont été unanimes à dire que les problèmes climatiques qui frappent le continent ne peuvent plus être gérés par les aides et les effets de compensation. L’Afrique doit prendre les choses en main.

Changement climatique : les limites des solutions basées sur les aides et les effets de compensation
Khadija Idrissi Janati, présidente du forum

«Changements climatiques : l’Afrique prend son destin en main» est le thème de l’édition spéciale d’Ifrane Forum, organisée mercredi à Casablanca, pour débattre de ce fléau qui frappe de plein fouet le continent. Ce conclave est une occasion pour nombre d’experts africains pour discuter des impacts sévères des changements climatiques qui touchent directement plusieurs dizaines de millions d’Africaines et d’Africains chaque année. Ce forum offre aussi l’opportunité de mettre l’accent sur la nécessité d’un engagement africain pour parvenir à des solutions propres au continent et d’échanger les expériences et les bonnes pratiques en la matière, sur les résultats de la COP 27 et le développement durable, entre autres.

À cette occasion, la présidente du forum, Khadija Idrissi Janati, a souligné qu’il s’agit d’un forum d’action au service de l’Afrique qui se tient pour dresser des constats ou lancer des messages politiques, notant que l’Afrique est la région du monde qui pollue le moins, mais qui subit le plus les effets des changements climatiques, dus essentiellement aux émissions des gaz à effet de serre. Selon Mme Janati, le continent se retrouve doublement pénalisé : premièrement par les impacts sévères des changements climatiques qui touchent directement plusieurs dizaines de millions d’Africaines et d’Africains chaque année, et deuxièmement par les restrictions imposées par l’Occident liées à l’usage des énergies fossiles, dans un contexte où le continent cherche à s’industrialiser. 

Faut-il arrêter les COP ? 

Les avis divergent quant au rôle des COP dans la réduction des effets des changements climatiques. Certains experts appellent à changer de méthode, suite à la «déception éprouvée» après les dernières éditions. Durant le panel «COP 27 : quel apport à l’Afrique», Marc Ona Essangui, secrétaire exécutif de l’ONG Brainforest, a signalé qu’il faut arrêter les COP et se pencher sur l’essentiel. Pour lui, C’est le temps de l’action et non pas de la discussion. «On gaspille beaucoup d’argent sur les COP et, au final, on se retrouve avec un communiqué qui dit qu’ils n’ont pas réussi à récolter les fonds nécessaires», a noté M. Essangui. Et d’ajouter que «les COP sont des événements politiques, alors que le monde fait face à une problématique technique». De son côté, Yero Sarr, cofondateur du mouvement Fridays For Future, est contre l’idée d’arrêter les discussions et insiste sur la nécessité de les orienter toujours vers les sujets vitaux. Il a également souligné l’importance de l’être humain dans tout l’écosystème environnemental. «Défendre les intérêts économiques, c’est bien, mais il faut penser à l’homme qui est au centre de cette problématique du réchauffement climatique». La question du financement a été également abordée. Selon M. Sarr, la dernière COP 27 a permis de mettre en place de nouveaux mécanismes et de créer un fonds spécifique aux pertes et préjudices. 

Discrimination fondée sur le genre et climat 

Les inégalités entre les sexes et le climat se posent toujours dans le monde entier, en particulier en Afrique. La femme, d’une manière générale, subit des discriminations dans plusieurs domaines, notamment dans l’agriculture. Selon Fettouma Djerrari Benabdenbi, cofondatrice de l’Association Terre et Humanisme Maroc, près de 70% des tâches agricoles sont réalisées par des femmes. «Beaucoup de femmes travaillent dans l’agriculture pour assurer notre sécurité alimentaire et notre sécurité, d’une manière générale». La discrimination dans ce secteur est palpable, selon Mme Benabdenbi, dans l’accès des femmes à la terre et au financement. À cause du manque de garanties, la femme n’a pas accès aux terres et ne peut pas avoir un financement pour planter et récolter ses propres productions. Elle a également cité le phénomène de l’exode en raison du climat défavorable dans les zones rurales. Cette situation inquiète plusieurs pays qui craignent une perte importante de main-d’œuvre agricole. Pour pallier cette problématique, Mme Benabdenbi appelle les hommes et les femmes à travailler de concert, ainsi que toutes les parties prenantes, pour trouver des solutions en urgence. 

Le secteur privé, un acteur engagé 

Impliquer le secteur privé est nécessaire pour réduire les effets du réchauffement climatique. Grâce à leurs investissements dans le développement durable, les entreprises peuvent assurer leur existence sur le long terme, à travers notamment l’intégration des critères «environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG)» dans leurs stratégies environnementales. Interrogée sur ce volet, Mme Janati a souligné que «depuis longtemps, on parlait du développement durable, de la RSE, ESG… Tout cela ne peut se faire qu’avec l’adhésion des actionnaires et des entreprises. Il faut expliquer qu’en investissant dans la durabilité, on ne perd pas d’argent, mais au contraire, on fait de la transformation qui apporte plus de durabilité». 

>> Lire aussi : Banque mondiale : 10 milliards de dollars de financement climatique pour la région MENA

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