Mohamed Jalil, expert en matière du changement climatique et du développement durable, lance l'alerte. L’invité de «L’Info en Face» explique que le Maroc, pays caractérisé par une forte variabilité climatique, voit les effets du réchauffement s'accentuer à plusieurs niveaux : un épisode de sécheresse qui dure, des saisons instables, des températures en hausse et une pluviométrie en baisse… «Il est important de tenir compte de ces changements climatiques qui se manifestent, au niveau de la zone méditerranéenne, par des phénomènes effrayants.
Au Maroc par exemple, nous aurons une augmentation des jours avec des températures supérieures à 40 degrés d’environ 20 jours en moyenne et plus de 45 jours avec des températures autour de 35 °C», indique l’expert. Il ajoute également que les scientifiques prévoient une réduction des précipitations de 15 à 30% à l’horizon de 2100. «Ces réductions de précipitations auront un impact catastrophique sur le débit hydraulique, c’est-à-dire les quantités d’eau pour remplir les barrages et réhabiliter les nappes phréatiques», souligne l’invité de «L’Info en Face». C’est dans ce même ordre d’idée que l’expert estime que le Maroc ne devrait pas s’attendre à une année 2022 pluvieuse ou une saison humide. «Probablement, on ne s’attend pas à avoir une saison humide cette année. Au meilleur des cas, l’année sera normale, voire moins que la normale», alerte M. Jalil. Il n’est donc plus permis d’ignorer les changements climatiques, c’est un fait. Il faut donc s’adapter à cette nouvelle donne et bâtir toutes les stratégies sur cette base. «Les pouvoirs publics doivent prendre en compte ces données liées aux changements climatiques dans leurs politiques.
Le Maroc a été précurseur dans ce domaine en avançant très tôt dans une politique de barrages. Aujourd’hui, il est urgent de renforcer les actions prises pour la transition énergétique», souligne l’interlocuteur de Rachid Hallaouy. Et de rappeler que le Maroc s’est engagé dans une politique volontariste pour réduire l’émission de gaz à effet de serre. Toutefois, l’expert tient à souligner que même si le Maroc améliore ses scores au niveau du mix énergétique, «ceci ne changera pas grand-chose en termes de vulnérabilité du Royaume, car elle dépend aussi de l’engagement des autres pays». Par ailleurs, l’expert insiste sur la nécessité de passer d’une approche de lutte à une autre d’adaptation aux changements climatiques. «C’est un fait, nous subissons les impacts du changement climatique et la situation ne va pas s’arranger à l’avenir. Nous devons l’accepter et adapter nos politiques, toutes nos politiques, à cette réalité», indique l’invité.
Par toutes les politiques, l’expert entend le secteur agricole, l’urbanisme, l’industrie, de gestion des ressources en eau ou encore dans le domaine de mobilité. Sur ce dernier point, l’intervenant estime que la mobilité électrique n’est pas la solution adéquate puisqu’on va gaspiller de l’électricité, «c’est un déplacement du problème», indique M. Jalil. Et d’ajouter que le Maroc doit continuer à travailler pour exploiter le potentiel dont il dispose naturellement à savoir le soleil et le vent.
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