Covid-19 : Pourquoi l'éradication totale du virus et ses variants est très improbable

Après plus de deux ans de lutte acharnée contre la pandémie liée à la Covid-19, le virus ne disparaît toujours pas et semble ainsi résister à tous les efforts déployés à ce jour. Si certains scientifiques estiment qu’il faut apprendre à vivre avec lui, d’autres sont plutôt convaincus qu’il finira, un jour ou l’autre, par disparaître. Mais force est de reconnaître que s’il y a une chose qui doit sérieusement préoccuper actuellement les scientifiques, ce serait bel et bien l’apparition de nouveaux variants.

Contacté par «Le Matin», Pr Jaâfar Heikel, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses, indique que l’apparition de ces variants constitue un phénomène naturel dans le développement des maladies virales respiratoires et surtout celles à ARN messager. Ce développement, ajoute-t-il, est d’ailleurs connu en épidémiologie et implique que dans une phase pandémique des cycles du virus apparaissent avec des vagues dont chacune nécessite des mesures bien particulières.

À propos de l’évolution de la situation sanitaire au Maroc, Pr Heikel note que l’on est passé d’un statut de pandémie à un statut d’endémie, ce qui implique que le virus va continuer à circuler dans la population, d’autant que la protection humaine baisse avec le temps. En conséquence, Pr Heikel n’exclut pas l’hypothèse que des personnes déjà infectées ou vaccinées soient réinfectées. Toutefois, rassure-t-il, la réinfection ne donnera pas lieu à des cas graves ou à des décès, et c’est d’ailleurs ce qui a été observé récemment en Europe où plusieurs cas ont été enregistrés, mais avec moins d’hospitalisations et de décès. En revanche, alerte l’expert, les cas graves surviendront particulièrement chez les personnes vulnérables, notamment celles âgées ou porteuses de maladies chroniques.
Une précision de grande importance : les changements environnementaux peuvent causer une détérioration de la situation sanitaire, et c’est ce que l’on appelle la réémergence des maladies à la faveur d’un certain nombre de facteurs. «On pourrait donc s’attendre à une recrudescence d’un nouveau variant de la Covid-19 au mois de septembre, par exemple, au même titre que la grippe saisonnière», prévoit-il, avant de souligner que cette hypothèse pourrait ne pas avoir lieu et que tout dépendra de l’évolution des circonstances sanitaires.

Par ailleurs, Pr Heikel affirme que les efforts déployés à ce jour, notamment via la vaccination et les mesures barrières, n’ont pas été adoptés dans l’optique d’éliminer la circulation du virus, mais plutôt pour réduire sa transmission. Ces mesures, ajoute-t-il, ont été conçues pour limiter les cas graves et les décès. Des objectifs qui ont été atteints au vu de l’accalmie constatée dans plusieurs pays, y compris au Maroc. Or, pour pérenniser les acquis, les scientifiques appellent à l’adhésion à la vaccination anti-Covid-19. De l’avis de plusieurs experts, la vaccination constitue toujours notre véritable arme pour se protéger et protéger son entourage.

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Faut-il s’inquiéter du variant XD ?

Découvert dans plusieurs pays européens, le nouveau variant XD suscite l’inquiétude des populations. Interrogé à ce sujet, Pr Heikel rassure en soulignant que ce variant n’est pas inquiétant si l’on se réfère aux données scientifiques dont on dispose actuellement. Or, ajoute-t-il, ce variant est à surveiller en vérifiant trois éléments clés : sa transmissibilité, sa virulence et sa capacité à échapper à l’immunité acquise. Les recherches se poursuivent autour de ce sujet et à ce stade, Pr Heikel appelle à rester prudent et à maintenir la surveillance épidémiologique et le dépistage afin d’éviter toute dégradation de la situation sanitaire. De même, ajoute-t-il, l’isolation des personnes infectées et leur traitement restent toujours des mesures en vigueur, même avec l’accalmie observée. Le professeur en épidémiologie appelle aussi à renforcer les efforts en matière de vaccination, particulièrement pour les personnes vulnérables, notamment celles âgées et porteuses de maladies graves. Pour Pr Heikel, s’il s’avère avec le temps que le XD est plus transmissible et plus virulent avec un risque d’échappement immunitaire, l’inquiétude va monter et les mesures devraient être renforcées. Que ce soit pour le XD ou tout autre variant susceptible d’apparaître dans le futur, la surveillance et la prudence resteront de mise.