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Covid, hausse des prix, sécheresse... Beaucoup pour le moral !

De l'avis de la majorité, il règnerait comme un climat anxiogène, voire morose, nourri par la Covid-19 et ses variants, par la hausse des prix, la sècheresse, etc. Ainsi, si le retour à la vie normale est possible sur le plan épidémiologique, il n’en est pas de même sur le volet psychologique. Les changements imposés par le contexte sanitaire et socio-économique ont fortement impacté le moral et le bien-être des individus. Cela se traduit par un climat de stress, de peur, voire de perte de confiance générale dans les sciences et les décisions politiques et économiques.

Covid, hausse des prix, sécheresse... Beaucoup pour le moral !
Le retour à la normale pourrait être difficile pour le citoyen qui n’arrive pas encore à se libérer des séquelles psychologiques de la pandémie, notamment le stress, la peur voire la déprime.

Après plus de deux ans de pandémie liée à la Covid-19, les épidémiologistes se montrent rassurants grâce à la régression des indicateurs. Nous entamons donc une nouvelle phase, mais sommes-nous psychologiquement prêts à l’accueillir en tournant la page de la pandémie avec tous ses aléas ? La question mérite d’être posée, d'autant plus que le retour à la vie normale intervient dans un contexte très particulier marqué, entre autres, par la sècheresse et la hausse des prix du carburant. Contacté par «Le Matin», Leila Naim, docteur en psychologie de comportement et coach professionnelle, estime que le retour à la vie normale requiert un engagement de tout un chacun et un redoublement d’efforts pour bâtir ensemble tout ce qui a été relativement détruit. «Des conditions qui sont difficiles à réunir dans ce contexte socio-économique très particulier», note-t-elle. À ce titre, l’experte estime que la situation est compliquée pour le citoyen qui n’arrive pas encore à se libérer des séquelles psychologiques de la pandémie, notamment le stress, la peur, voire la déprime. En effet, «les mesures coercitives prises pour gérer la pandémie, bien que nécessaires, comme l’obligation du port du masque et les confinements répétés ont précipité le citoyen dans une torpeur d’angoisse, voire dans un état dépressif», explique-t-elle. Pis encore, l’experte indique que plusieurs troubles de comportement ont apparu particulièrement chez les jeunes qui ont fini par perdre plusieurs compétences comme l’autonomie et la gestion des relations sociales.

Leila Naim, qui est aussi responsable du centre d’accompagnement des étudiants à ESCA école de management, note que les jeunes se retrouvent aujourd’hui dans la difficulté de construire une identité sociale et d'interagir avec les autres, ce qui les pousse à faire le choix de réactions optimales dans les différentes situations problématiques qu'ils ont à affronter dans le monde social réel. Elle ne manque pas d’alerter sur l’ampleur des émotions partagées collectivement qui ont impacté le comportement humain ces deux dernières années et dont les répercussions vont encore se manifester au cours des périodes à venir. «Les différents changements que nous avons vécus durant les deux dernières années ont engendré des émotions négatives. Celles-ci se sont traduites, notamment par la violence et le burnout, mais ce qui est alarmant c’est que nous assistons aujourd’hui à une perte de confiance générale dans les sciences et les décisions», alerte-t-elle.

De son côté, Bernard Corbel, psychologue et directeur de Psychologissima, estime que les troubles liés à la pandémie sont indirects et concernent principalement la perte de revenus, l'inquiétude pour un certain nombre de professions et la difficulté à s'organiser en télétravail. Évoquant sa propre expérience, le psychologue indique, en revanche, ne pas avoir constaté des écarts très importants en matière de détérioration éventuelle de la santé mentale des Marocains dans le contexte de cette pandémie.

Une flambée des tocs

Parmi les changements de comportement constatés par les psychologues durant la crise sanitaire figure l’accentuation des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Ce phénomène implique que certaines personnes adoptent inconsciemment certains comportements de façon répétitive, par exemple, se laver excessivement la main, vérifier au moins cinq fois si la porte est bien fermée, relire une dizaine de fois un texte pour s’assurer qu’il n’y a pas d’erreurs… «Ces comportements, qui se trouvent bel et bien dans notre entourage, se sont accentués durant la pandémie au point de devenir un handicap empêchant certaines personnes de vivre leur quotidien et d’exercer leurs activités normalement», explique Kawtar Kadiri. Et d’ajouter que, malheureusement, les personnes présentant des tocs cherchent de plus en plus à vivre dans l’évitement. Autant dire que la crise a causé des troubles et qu’un «réel travail demeure nécessaire aujourd’hui pour éradiquer les jugements précipités et permettre à tout un chacun d’avoir une certaine ouverture d’esprit avec une auto- régulation émotionnelle», recommande Leila Naim. Un volet qui pourrait paraitre banal, mais qui trouve toute son importance dans la mesure où l’Humain est au centre des changements.

De son côté, Dr Mohamed Hachem Tyal, psychiatre et psychanalyste, insiste sur l’importance d’apaiser le citoyen et de le désangoisser en ce temps de transition. D’ailleurs, précise-t-il, «il ne faut pas oublier que cela fait pratiquement deux ans que les populations vivent des changements importants liés à la pandémie». Tout en invitant les parties prenantes à prendre en considération ce volet, il recommande aussi de répondre aux interrogations des citoyens à propos de l’évolution de la situation épidémiologique avec des éléments scientifiques et des preuves suffisamment élevés. Cela va permettre au citoyen de mieux comprendre les changements, se projeter dans le futur et surtout planifier des programmes. À noter que tout l’enjeu aujourd’hui est de gagner la confiance des citoyens, les rassurer et les aider à devenir acteurs dans le changement.

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