Le Maroc accuse un grand retard en matière de don et de transplantation d'organes. Pour relancer le débat sur ce sujet, l’association «Reins» a organisé récemment une journée d’étude au siège du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) à Rabat. Cette journée a été marquée par la participation des représentants du ministère de la Santé, de l’Agence nationale de l'assurance maladie, du CNOM, des magistrats, un représentant du Conseil des Oulémas et des représentants de la société civile.
Pour la création d'un établissement de régulation de l’activité de transplantation d’organes
Des médecins, des donneurs d’organes et des patients en attente de greffe ont aussi participé à cette journée qui vise à faire un constat sur l’état actuel de cette activité, identifier les dysfonctionnements et les obstacles et proposer des solutions pour une vraie stratégie de relance. «À la fin de cette rencontre et pour la première fois au Maroc, les principales propositions et recommandations de cette journée ont été présentées, commentées et complétées par les participants et ont concerné l’ensemble des volets de la transplantation d’organes», se réjouit Pr Amal Bourquia, présidente de l’association «Reins». Et d’ajouter que «les propositions concernant le volet juridique ont été de privilégier le registre de refus et de considérer toute personne n’ayant pas exprimé de son vivant son refus comme volontaire potentiel au don sauf si la famille s’y oppose et d’établir des plateformes numériques pour inscription à distance et information en ligne». Il a également été recommandé de créer un établissement de régulation de l’activité de transplantation d’organes sous l’égide du ministre de la Santé et d’élargir la liste des établissements agréés à faire des prélèvements et des transplantations d’organes aux structures privées qui répondent aux normes selon les cahiers des charges. Sur le plan médical les participants à cette journée ont souligné que la transplantation devrait prévoir des motivations morales, professionnelles et matérielles des équipes de prélèvement et de transplantation d’organes avec la création des pôles de greffe multidisciplinaire, mais aussi de renforcer le partenariat public-privé en adéquation avec les orientations de la refonte de notre système de santé.
Instaurer la culture du don d'organes
Pr Bourquia a également souligné que les participants à cette rencontre ont affirmé qu’un travail important devrait aussi concerner l’instauration de la culture du don dès le bas âge et organiser des campagnes d’information et de sensibiliser au don impliquant toutes les composantes de la société, à savoir les responsables politiques, médecins, professionnels de santé, Oulémas, société civile, journalistes, artistes… «Il faut établir des cartes de donneurs facilitant l’identification en cas de besoin, communiquer pour mobiliser le grand public et les professionnels et renforcer les incitations morales et professionnelles pour les donneurs», précise la présidente de «Reins». Sur le volet financier, il a été recommandé de sensibiliser les organismes de prévoyance sociale à l’intérêt économique des greffes, notant que la transplantation rénale, par exemple, coûte moins cher que la dialyse à partir de la deuxième année et offre une meilleure qualité de vie au patient avec une bonne insertion dans la société.
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