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Ordre des experts comptables : L’économie sociale et solidaire pour un État social fort

L’économie sociale et solidaire constitue un levier essentiel pour le développement économique. Il s’agit même d’un ingrédient clé pour bâtir un État social actif, fort et durable. C’est en substance le message clé qui a émané de la première journée du neuvième Congrès de l’Ordre des experts-comptables qui a démarré le 10 novembre à Tanger autour du thème «l'Économie sociale et solidaire : vers un mode d’entrepreneuriat inclusif et durable».

Ordre des experts comptables : L’économie sociale et solidaire pour un État social fort

Le grand rendez-vous des experts comptables a démarré jeudi à Tanger. Après deux années d’absence, en raison de la crise sanitaire, le Congrès de l’Ordre des experts-comptables signe son retour cette année avec la neuvième édition centrée sur une thématique jugée stratégique : «l'Économie sociale et solidaire : vers un mode d’entrepreneuriat inclusif et durable». «La crise pandémique aura été une dure épreuve, certes, mais elle a fait sortir le meilleur de nous-mêmes à savoir une grande capacité d’innovation et surtout un élan de solidarité exemplaire. Le choix de la thématique de l’économie sociale et solidaire (ESS) témoigne de l’implication de notre profession dans le processus de développement économique et social de notre pays», souligne Amine Baâkili, président du Conseil de l’Ordre national des experts-comptables, lors de l’ouverture du congrès, le 10 novembre à Tanger. Selon lui, l’économie sociale et solidaire, en cours de modernisation, constitue l’une des réponses aux enjeux de développement du Royaume qui place l’humain au cœur de sa dynamique économique. «L’un des objectifs de notre congrès est de monter comment l’ESS peut constituer un levier pour le développement durable à travers des ateliers d’échanges entre différents experts, institutionnels, et acteurs privés», affirme Baâkili. Pour l’expert-comptable en chef, la réflexion engagée au cours des deux journées du congrès (10 et 11 novembre) devra aboutir à la définition d’outils permettant de valoriser l’ESS et, partant, contribuer à générer une croissance inclusive et une «meilleure» cohésion sociale.

Concrètement, les différents échanges et réflexions seront cristallisés dans un livre blanc à la clôture des travaux du Congrès. L’Ordre des experts-comptables estime que la conjoncture actuelle, marquée par le début de la sortie de la crise sanitaire et l’émergence de nouvelles opportunités et contraintes dans un environnement international en perpétuelle mutation, confirme encore la pertinence de la Vision Royale pour une économie sociale et solidaire incarnée dans le nouveau modèle de développement. En effet, rappelle l’Ordre, le rapport de la Commission spéciale a proposé que ce secteur englobe l’ensemble des acteurs des secteurs public et privé assurant des activités économiques à visée sociale. De même, l'ESS s’impose comme troisième secteur, aux côtés du secteur privé à but lucratif et du secteur public, à travers l’expression «économie sociale», qui est sans doute la notion la plus répandue dans les pays latins aussi bien que celle «d'économie solidaire» qui, selon les spécialistes, incarne une démarche «par le bas», soulignant les dynamiques de multiples pratiques de terrain avec une double dimension socio-économique et politique.

Les appels de Younes Sekkouri aux experts-comptables

L’ouverture du congrès a été marquée par l’intervention du ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, Younes Sekkouri, qui a souligné que dans un contexte d’horizons «pas très rassurants», les gouvernements ont une nécessité de faire des choix dans la conduite des politiques publiques et procéder à des arbitrages difficiles. Selon le ministre, le Maroc a fait le choix d’un État social actif à travers un certain nombre de principes dont le plus important est d’offrir à l’individu «toutes les chances et possibilités» pour mettre à profit son plein potentiel. Ce principe, développe Sekkouri, devra s’incarner à travers l’éducation et l’inclusion économique, mais aussi via des filets sociaux. L’objectif étant, selon lui, de faire évanouir les inégalités. «Je dois vous dire que le Maroc a pratiquement coché les principales cases de l’État social actif.

Globalement, je suis rassuré quant à la direction qu’a prise notre pays dans ce sens», lance le ministre devant une salle archi-comble. Sekkouri, qui s’adressait aux experts-comptables parmi l’auditoire, leur a indiqué que la société est composée de plusieurs catégories, dont les élites politiques et économiques. «Vous faites partie de ces élites. Vous avez cette particularité d’avoir un regard important sur la réalité économique de notre pays, puisque vous êtes en contact direct avec les finances des entreprises», martèle le ministre qui leur suggère, à ce titre, de porter leur pierre à l’édifice en contribuant au virage que prend le Royaume. «Plusieurs problématiques se posent aujourd’hui et requièrent votre réflexion en tant que profession comptable. Comment résorber l’informel ? Faut-il agir sur la fiscalité ou s’intéresser à la production et à ses coûts ? Dans le secteur des entreprises et établissements publics, une réforme substantielle est en cours. Pas moins de 57 structures publiques passeront sous le périmètre de l’Agence nationale des participations de l’État. Elles seront donc converties en sociétés anonymes. La question de la gouvernance de ces entités se pose ainsi au centre de cette mutation.

Vous êtes ainsi appelés à contribuer à ce processus en réfléchissant au meilleur modèle de gouvernance à adopter, notamment à travers l’intégration de la fonction d’administrateur indépendant au niveau des conseils d’administration de ces EEP», détaille le ministre qui rappelle, au passage, que le pilotage des différentes réformes engagées (réforme des EEP, réforme de la loi sur la grève, l’élargissement de la protection sociale), est intimement lié à la paix sociale. Sekkouri fait valoir ainsi que le gouvernement Akhannouch a réussi, au bout d’un long processus de dialogue social avec les syndicats, à acter un accord avec des engagements datés pour les réformes. Aux yeux de Sekkouri, il s’agit d’un accord précieux qui «n’aura jamais eu lieu par le passé depuis l’Indépendance».

Le digital, un levier pour débrider la croissance de l’économie sociale et solidaire

Thierry Jeantet, président d’honneur Forum international de l'économie sociale et solidaire, qui était de la partie, indique que l’ESS a une place centrale dans le contexte actuel, et ce pour diverses raisons. D’abord, l’importance de ce secteur à l’échelle mondiale puisque, selon lui, plus d’un milliard de personnes à travers le monde sont membres de coopératives et d’associations spécialisées dans l’économie sociale et solidaire. De même, ajoute-t-il, l’ESS s’assoit sur des principes cohérents, dont la solidarité et le partage. L’ESS doit constituer, selon l’expert, une sorte de pont entre les zones urbaines et rurales. «Une croissance sociale et environnementale efficace passera par le développement de l’ESS. Celle-ci permet de dépasser l’éternel débat entre les politiques de l’offre et de la demande. Ce qui suppose la définition d’une nouvelle vision de la monnaie et de la finance», explique Jeantet qui souligne par ailleurs la nécessité de mettre à profit le digital pour le développement de l’ESS.

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L’économie sociale et solidaire en chiffres

Le Maroc compte aujourd’hui quelque 130.000 associations, dont les fondations, et plus de 40.531 coopératives avec 646.901 adhérents et un capital de 7 milliards de dirhams. Le secteur est également constitué de 63 mutuelles avec 4 millions de bénéficiaires avec 5 milliards de dirhams de cotisations, avec un potentiel «très important» de micro-entreprises et d’auto-entrepreneurs.
 

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