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Insécurité alimentaire en Afrique: voici ce que préconise l’IRES

L’engagement du Maroc dans la lutte contre l’insécurité alimentaire à l’échelle du continent africain a été mis avant lors d’une conférence consacrée à la thématique «L’Afrique du 21e siècle». Lors de cette rencontre, organisée à Lisbonne par l’Institut pour la promotion de l’Amérique latine et des Caraïbes, il a été également question de l’impact de la guerre en Ukraine sur l’Afrique, en termes notamment d’insécurité alimentaire et des voies à emprunter pour relever ce défi.

Insécurité alimentaire en Afrique: voici ce que préconise l’IRES

«L’aggravation de la situation d’insécurité alimentaire que traverse l’Afrique illustre l’importance des défis structurels que le continent doit relever afin de se prémunir contre la multiplication des chocs exogènes dans un monde devenu volatile, incertain, complexe et ambigu (VUCA)». C’est l’idée qu’a défendue le directeur général de l’Institut Royal des études stratégiques (IRES), Mohamed Tawfik Mouline, à Lisbonne, la semaine dernière lors d’une conférence autour de la thématique «L’Afrique du 21e siècle». Cette rencontre, à laquelle ont pris part l’ambassadeur du Royaume à Lisbonne, Othmane Bahnini, des diplomates accrédités au Portugal, des organisations internationales, des institutions africaines et européennes, ainsi que des experts et universitaires, a été organisée par l’Institut pour la promotion de l’Amérique latine et des Caraïbes (IPDAL). À cette occasion une lumière crue a été braquée sur  l’engagement du Maroc dans la lutte contre l’insécurité alimentaire à l’échelle du continent africain. De même, il a été question du rôle joué par le Maroc dans le renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique et son leadership mondial dans l’industrie des engrais.

Les grands défis de l'Afrique

Le directeur de l’IRES a estimé ainsi que ces défis auxquels fait face l’Afrique est un processus exigeant un effort collectif, qui se fonde sur la mobilisation et la responsabilisation de tous les acteurs, du local au supranational, dans le cadre d’une gouvernance inclusive et orientée vers la concrétisation de la souveraineté alimentaire de l’Afrique. Ce processus appelle, également, selon lui, un renouvellement du regard porté sur l’alimentation, laquelle devrait être considérée désormais en tant qu’enjeu géopolitique majeur. Il a également plaidé pour une plus grande concertation entre les pays africains, ainsi qu’une coopération renouvelée entre l’Afrique et ses partenaires en Europe et en Atlantique Sud, ce qui serait, estime-t-il, bénéfique à la sécurité alimentaire en Afrique et dans le monde. Il a été, aussi, question de mettre en exergue la dynamisation des relations économiques intra-africaines et la modernisation structurelle de l’agriculture africaine. 

Mais M. Mouline ne s’est pas contenté de lister les grands défis auxquels est confronté le continent africain. En effet, il a analysé aussi l’impact que la guerre en Ukraine sur l’Afrique, en termes d’insécurité alimentaire, les stratégies de collaboration favorisant le renforcement des relations entre les l’Afrique et l’Europe et a insisté sur l’importance et la valeur d’une alliance solide avec les principaux acteurs régionaux et suprarégionaux africains, tels que l’Union africaine. 

Il a ainsi mis en évidence quatre grands défis pour l’Afrique, d’ici 2050, à la croisée desquels se situe la question de l’insécurité alimentaire. Il s’agit des changements climatiques, la poussée urbaine, la transformation rurale et le défi individuel et collectif de la sécurité et de la gouvernance. En ce qui concerne la guerre en Ukraine et ses conséquences, il a évoqué, tout d’abord, les impacts directs à court terme. À cet égard, il a mis l’accent sur la montée des prix alimentaires, l’inflation, l’envolée des cours des hydrocarbures ayant provoqué un renchérissement de la facture énergétique des pays importateurs africains d’environ 19 milliards de dollars, pénalisant ainsi les équilibres commerciaux. «Un ralentissement est ainsi attendu de la croissance au niveau de l’Afrique subsaharienne de l’ordre de 3,7% en 2022 contre 4,8% en 2021, dont la reprise économique est la plus lente en comparaison avec les autres régions du monde, selon le FMI. À cela s’ajoute l’augmentation de la dette publique des États africains, qui a atteint 70% du PIB, en 2021-2022, contre 60% environ en 2019», explique-t-il. 
Selon le haut responsable, pour remédier aux conséquences persistantes de la crise sanitaire et conjoncturelles du conflit en Ukraine, des pistes sont à emprunter d’urgence. Il a évoqué, à ce niveau, la nécessité de s’attaquer aux causes structurelles profondes de l’insécurité alimentaire en Afrique et d’ériger le continent à long terme en grenier du monde, en exploitant, entre autres et de manière durable, ses 600 millions d’hectares de terres arables inutilisées. Il a proposé, dans ce sens, de jeter les bases de la souveraineté alimentaire de l’Afrique, fonder les politiques agricoles sur la durabilité, l’innovation, la technologie et la numérisation, consacrer le rôle des États africains en tant qu’arbitres et régulateurs des marchés agricoles et alimentaires et promouvoir les produits locaux et la ré-endogénéisation des modes de consommation. M. Mouline a  plaidé en outre pour l’inscription de l’alimentation dans une vision géopolitique globale et de placer la sécurité alimentaire au cœur du partenariat euro-africain et de doter la stratégie de l’Union européenne avec l’Afrique d’un axe transversal dédié à la sécurité alimentaire…

Sécurité alimentaire, le Maroc engagé à l’international

Dans le même sillage, l’ambassadeur du Royaume à Lisbonne, Othmane Bahnini, a indiqué que la sécurité alimentaire, en plus d’être un chantier national structurel, incarne l’engagement fondamental du Maroc aux niveaux international et régional, tout en rappelant qu’il s’agit d’un axe important dans la politique marocaine de coopération Sud-Sud. Selon lui, elle occupe une place centrale dans la coopération bilatérale avec les pays frères du continent et est au cœur des initiatives pionnières lancées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à l’occasion de la 22e session de la conférence des parties en 2016, telles que l’initiative «Triple A» pour adapter l’agriculture africaine aux changements climatiques et «Triple S» pour promouvoir la durabilité, la stabilité et la sécurité en Afrique. Il a rappelé que le Royaume dispose des plus grandes réserves de phosphates au monde, estimées à 70% des ressources disponibles, ce qui conforte sa position de leader dans le domaine de la sécurité alimentaire, en relevant que ces initiatives revêtent une importance stratégique et vitale pour faire face aux défis climatiques, renforcer la résilience et l’adaptation en Afrique et assurer par conséquent la sécurité alimentaire sur le continent africain. 

Paulo Neves, président de l’Institut pour la promotion de l’Amérique latine et des Caraïbes (IPDAL) a, pour sa part, déclaré que le Maroc est un pays émergent avec une économie forte et possède l’expérience et la compétence lui permettant de jouer un rôle crucial dans le renforcement de la sécurité alimentaire non seulement en Afrique du Nord, mais aussi au sein de l’Union africaine, dont il est un acteur majeur. Dans ce même contexte, il a affirmé que le Maroc, de par ses relations avec son environnement méditerranéen et européen et ses relations étroites avec un certain nombre de pays d’Amérique latine, tels que le Brésil et d’autres, est apte à participer au traitement d’un certain nombre de problématiques et de défis communs, dont la crise de l’insécurité alimentaire. 

Soulignant l’importance de la coopération tripartite, dans laquelle le Maroc joue un rôle de premier plan, au vu de sa position stratégique de passerelle entre les deux continents, M. Neves a mis en lumière les intérêts communs que partagent le Maroc et son voisin, le Portugal, ce qui leur permet d’œuvrer ensemble pour affronter moult défis, notamment l’immigration, la gouvernance, l’alimentation et la crise énergétique. 

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