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L’IRES plaide pour une refonte de la gouvernance globale de l’eau

«Quel avenir de l’eau au Maroc ?» C’est la réflexion lancée par l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) pour contribuer au débat public autour de la gestion de la situation de rareté hydrique vers laquelle se dirige le Maroc. Dans un document résumant l’ensemble de ses idées sur la question, l’Institut a émis une série de recommandations visant la refonte de la gouvernance globale de l’eau afin de garantir la sécurité et la souveraineté hydriques.

L’IRES plaide pour une refonte de la gouvernance globale de l’eau

Le Maroc est passé au cours des deux dernières décennies d’une situation de «stress hydrique» à une situation de «rareté hydrique». Une situation complexe qui interpelle aussi bien les politiques que les intellectuels. C’est dans ce sens, que l’Institut Royal des études stratégiques vient de proposer une série d’orientations stratégiques afin de «garantir la sécurité et la souveraineté hydriques».

La bonne gouvernance pour gérer la pénurie d'eau

Dans un document publié récemment sur le thème «Quel avenir de l’eau au Maroc ?» élaboré suite à une séance de brainstorming tenue en présence d’experts nationaux et internationaux, l’IRES insiste sur l’importance de capitaliser sur les acquis en matière de gouvernance de l’eau et d’innover dans la gestion du capital hydrique. C’est ainsi que sur un plan purement institutionnel, les experts de l’IRES recommandent la redynamisation des institutions stratégiques en lien avec l’eau. Il s’agit notamment de réactiver le Conseil supérieur de l’eau et d’inciter le Conseil national de l’environnement à se mobiliser plus fortement sur la question de l’eau en relation avec l’action climatique.

Toujours sur le plan institutionnel, l’IRES propose une actualisation du cadre législatif et réglementaire par le biais de mesures visant à préserver le capital hydrique. Ces mesures se résument, notamment, à une déclinaison de la loi 36-15 au niveau régional, provincial et communal et un renouvellement des «plans d’aménagement du territoire» dans la perspective de prendre en considération la question du changement climatique. Dans le même sens, une limitation du nombre d’intervenants dans le secteur de l’eau à ceux ayant démontré leur utilité, à l’instar des comités de bassin qui sont aptes à améliorer la gouvernance «d’évaluation et de contrôle», ainsi qu’une révision, à la lumière de la rareté de l’eau et du changement climatique, de plusieurs volets législatifs relatifs à la gouvernance territoriale, à l’urbanisme et à la propriété foncière, sont à prévoir.

Revoir les modèles de production et de consommation de l'eau

L’IRES recommande par ailleurs d’inciter à de nouveaux modèles de production et de consommation à fort rendement hydrique. Pour ce faire, il serait opportun, selon les experts de l’Institut, de mettre en œuvre des mesures comme l’opérationnalisation, au niveau des stratégies sectorielles (agriculture, industrie, tourisme, transports, services…), des concepts, des outils et des mécanismes d’adaptation au changement climatique. Aussi, sur le plan de la gestion de la demande en eau, l’Institut recommande de s’inspirer des bonnes pratiques développées dans d’autres pays en termes de comptabilité de l’eau en distinguant «eau verte», «eau grise» et «eau bleue» et d’inciter à l’adoption d’une planification innovante sur la base de concepts de «flux d’eau virtuelle entrant et sortant», associés aux échanges mondiaux de produits agricoles et d’«empreinte hydrique» des activités socioéconomiques.

Adapter notre agriculture à la rareté de l'eau

S’agissant de la sécurité et de la souveraineté hydriques, il est recommandé de donner la priorité au niveau de l’affectation des eaux irriguées aux cultures concourant à la souveraineté alimentaire et à celles vivrières et de promouvoir le développement des cultures pluviales. L’IRES met également en avant l’importance de concevoir un «plan national de l’agroforesterie» pour diversifier les cultures agricoles et assurer la sécurité alimentaire du pays, notamment dans les zones pluviales, et de disposer d’une carte d’aptitudes et de vocation agricoles ainsi que d’une évaluation de l’usage de l’eau pour les différentes spéculations agricoles.

La technologie pour optimiser la gestion des ressources hydriques

Pour parvenir à garantir la sécurité et la souveraineté hydriques, il faudra aussi penser à faire du secteur de l’eau un domaine d’innovation technologique et industrielle, voire un nouveau Métier mondial du Maroc. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il faudra assurer la gestion intelligente de la ressource disponible, notamment à travers la généralisation des technologies géospatiales pour la surveillance de l’évolution de la ressource hydrique disponible et le développement des systèmes d’information intelligents et automatisés de suivi de la ressource et de gestion. Il faudra également procéder à la rationalisation de la consommation en eau en mettant en place des compteurs intelligents de l’eau chez les usagers, lit-on sur le document. Sur un autre registre, il serait judicieux de prendre acte, sur le plan industriel, du fait que le secteur de l’eau est un secteur d’avenir, précise l’IRES.

Par ailleurs, l’Institut recommande de promouvoir «l’inclusivité» pour concilier entre objectifs économiques et objectifs sociaux et de faire de l’eau une cause nationale citoyenne et inclusive. «Il serait opportun de favoriser l’appropriation collective des enjeux liés à l’eau. Cette question doit être perçue par toutes les composantes de la société comme un “bien commun” précieux et vital pour la nation, sujette à des menaces de rareté, de dégradation et d’épuisement. La question de l’eau exige une responsabilité partagée par tous les citoyens», souligne le document.

À rappeler que selon les estimations actuelles, l’approvisionnement moyen par habitant et par an en eau douce n’excède pas, actuellement, 650 m³ par habitant et par an, contre 1.000 m³ au début des années 2000. En 1960, ce chiffre atteignait 2.500 m³ par habitant et par an. Cette situation est aggravée par la baisse de la qualité des eaux en raison de la pollution générée par le système productif. 

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