Maroc-France, pour une finale inespérée et pour prolonger le rêve de toute une nation

En faisant leurs valises pour le Qatar en novembre dernier, Walid Regragui et ses joueurs ne se doutaient pas un instant qu’ils allaient se retrouver sur la pelouse du stade Al Bayt, ce mercredi 14 décembre, face à face avec le tenant du titre français à l’occasion de la demi-finale de la Coupe du monde 2022. Après avoir subjugué la planète foot tout entière et douché les espoirs de trois nations européennes majeures (la Belgique, l’Espagne et le Portugal), la bande à Regragui devrait donc savourer ces prochaines 90 minutes et les croquer à pleines dents, ou plutôt à pleins crocs de Lions ! Hakimi et compagnie ont déjà brisé le plafond de verre africain et ont réussi la première apparition africaine au carré final d’un Mondial.

À présent, l’objectif est de se faire une place sur le panthéon mondial, de déjouer toutes les règles de la raison et d’inspirer les générations futures, à tout jamais. La pression n’a plus lieu d’être, vu que les espérances ont été largement dépassées. La confiance est croissante, voire incommensurable, après les prestations héroïques signées depuis le 23 novembre dernier. Le talent et l’envie sont aussi au rendez-vous, avec une génération dorée et des joueurs qui ne cessent de franchir de nouveaux caps. Le seul facteur handicapant demeure l’état physique d’un groupe poussé à bout, mais qui a pris l’habitude de se transcender grâce à une incroyable obstination et un mental en acier.

La France invaincue face au Maroc ? les Lions déjà rodés à l’exploit au Qatar !

Si les doutes entourent toujours la participation de Nayef Aguerd, Romain Saïss et Noussaïr Mazraoui, Walid Regragui pourra certainement compter sur un groupe ultra-combatif, quels que soient les noms alignés. Ce mercredi, le Maroc affronte un adversaire qui ne lui a jamais vraiment réussi. En effet, en cinq confrontations (toutes amicales), la France ne s’est jamais inclinée face aux Lions de l’Atlas, s’imposant à 3 reprises et concédant deux fois le match nul. Le dernier duel opposant les deux sélections avait vu les compagnons de Soufiane Alloudi accrocher les Bleus à Saint-Denis, en novembre 2007 (2-2). Cet historique, combiné au statut de champion du monde en titre, place logiquement la France en hyper favori.

Le Maroc, lui, n’est que «le petit caillou dans la chaussure», comme l’a déclaré Walid Regragui à Doha, et c’est justement cette étiquette de «petit poucet», qui réussit si bien au groupe marocain, qui a permis aux Lions de se dépasser, loin de toute pression négative. Ni la deuxième nation au classement FIFA (la Belgique), ni le redoutable «tiki taka» espagnol, ni encore mois l’armada de stars du Portugal n’ont réussi à confirmer les pronostics. La «forte tête» marocaine, à l’image de celle d’En-Nesyri face aux Lusitaniens, a longtemps défié les lectures rationnelles et le rêve reste donc toujours permis. Après tout, Saïss et compagnie sont la seule équipe du tournoi à n’avoir encaissé aucun but marqué par l’adversaire (l’unique est un CSC d’Aguerd), contrairement à l’équipe de l'Hexagone qui a encaissé un but à chaque match.

Victoire du Maroc, les raisons d’y croire

Outre sa tendance à fausser les prévisions depuis son arrivée à Doha, la sélection marocaine a bien des raisons de croire à un exploit de plus, ce mercredi. En effet, les Bleus ont disputé 6 demi-finales de Coupe du monde, mais ne se sont qualifiés qu’à trois reprises (1998, 2006 et 2018). Aussi, la France a affronté des équipes africaines 6 fois dans son histoire en Coupe du monde et a été battue à trois reprises. La dernière a justement eu lieu au Qatar, face à la Tunisie (1-0). Les Aigles de Carthage l’ont fait en phase de poules, avant de s’envoler vers Tunis.

Les Lions de l’Atlas, eux, affûtent leurs griffes à l’entrée du carré final, pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire mondiale. «Sans complexes et sans regrets», disait Walid Regragui avant d’affronter l’Espagne. Il est sûr que ce groupe ne souffre plus d’aucun complexe. Les supporters, eux, n’auront certainement aucun regret, après cette campagne miraculeusement jouissive. Sans rien à perdre et avec tout à gagner, les Lions auront certainement plein d’étoiles dans les yeux ce mercredi. Puissent-ils nous régaler encore une fois ce soir, car les Marocains ne sont toujours pas prêts à se réveiller après un rêve aussi envoûtant.