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MEDays 2022 : les derniers développements du Sahara marocain s’invitent aux débats

La résolution 2654 du Conseil de sécurité de l’ONU, le rôle malveillant de l’Algérie dans la perpétuation du différend autour du Sahara marocain, la place du polisario dans l’Union africaine, l’essor socio-économique des provinces du Sud… autant de questions qui se sont invitées aux débats jeudi dans le cadre de la14e édition des MEDays dont les travaux se poursuivent à Tanger.

MEDays 2022 : les derniers développements du Sahara marocain s’invitent aux débats
Ph. Kartouch

Les travaux de la 14e édition des MEDays qui se poursuivent depuis mercredi dans la ville du détroit ont consacré une importante session des débats à la question du Sahara marocain avec un «Zoom sur les récentes dynamiques». Animé par d’éminents chercheurs et experts, ce panel entre dans le cadre de la thématique centrale choisie pour cette édition, «De crises en crises : vers un nouvel ordre mondial ?» La résolution 2654 relative à la question du Sahara marocain que le Conseil de sécurité de l’ONU a adoptée le 27 octobre dernier s’est invitée au débats lors de la 14e édition de MEDays. Les enjeux et les messages de cette résolution ont été ainsi décryptés par des experts marocains, français et sénégalais. 

Ainsi,  le président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), Emmanuel Dupuy, qui suit de très près le dossier depuis plusieurs années et tout particulièrement les relations maroco-algériennes, a mis en avant le rôle de l’Algérie dans ce conflit et comment elle s’ingénie à bloquer systématiquement tout règlement de ce différend régional. «C’est une question de survie pour le régime algérien qui a besoin de justifier l’augmentation de son budget de défense qui passe de 9 à  22 milliards dollars l’année prochaine avec une augmentation de 130%. Le régime algérien entretient l’animosité avec le Maroc pour justifier son budget militaire. Ce faisant,  il cherche à se positionner en tant que partenaire africain et européen», soutient-il. Selon lui, ce régime est responsable du blocage de la coopération intra-maghrébine, et «il a tout fait  pour que le Maroc ne revienne pas au sein de l’Union africaine ainsi qu’au sein de la Cédéao».

De son côté, le sénégalais Moubarak Lo, fin connaisseur des organisations panafricaines et président de l’Institut de l’Emergence (basé au Sénégal), a parlé de la place du polisario au sein de l’UA. Il a rappelé, dans ce cadre, qu’aucune organisation internationale ne reconnait la Rase, sauf «l’UA  qui admet les adhésions, mais ne sais pas expulser». «Dans le traité de l’UA, les procédures d’exclusion ne sont pas prévues. Ce qui est prévu, c’est la suspension d’un membre en cas de coup d’État ou s’il ne paye pas ses contributions… Malgré tout, l’UA, qui est une union qui regroupe les Chefs d’État, si elle le décide, le polisario ne peut plus siéger en son sein», dit-il. Et de rappeler que 77% des 54 États membres sont favorables à la position marocaine et au plan d’autonomie présenté par le Maroc. Pour lui, si le Maroc fait encore des efforts, les États qui restent vont rejoindre ce plan viable proposé par le Royaume. «Parce qu’il faut regarder les intérêts des populations. La voie à privilégier c’est la modification de l’article 32 du traité de l’UA qui permet une révision si les deux tiers la ratifient. Il suffit qu’ils révisent ce traité pour arriver à suspendre le polisario qui ne fait que bloquer le processus d’unification africaine», estime-t-il. 

L’expert marocain en diplomatie économique et souveraineté, Amine Laghidi, est revenu pour sa part sur les apports de la résolution 2654 du Conseil de sécurité. Résolution qu’il a présentée comme étant une consolidation des acquis diplomatiques du Maroc et une reconnaissance de la part de la communauté internationale des efforts du Royaume pour parvenir à une solution. «Il y a une semaine, le Conseil de sécurité a salué le sérieux, la crédibilité et la prééminence du plan marocain d’autonomie. Un plan qui ne peut se déployer que sous la souveraineté et dans le respect de l’intégrité du Royaume. C’est un plan réalisable sur le terrain, vu que les règles du jeu démocratique sont en marche dans les provinces du Sud, comme l’ont démontré les dernières élections. Sans oublier le nouveau modèle de développement des provinces du Sud qui avancent à un rythme soutenu», analyse-t-il. 

Amine Laghidi note en outre que cette résolution a appelé à la reprise du processus des tables rondes dans le cadre des négociations entre les parties en conflit et désigne l’Algérie comme partie prenante du conflit. Mieux encore,  ajoute-t-il, cette résolution somme le polisario d’arrêter toute obstruction au bon déroulement de la mission de l’ONU dans les provinces du Sud et de permettre le ravitaillement des bases de l’ONU dans le Sud et la distribution directe des aides. 

De son côté, le président de l’Institut de l’Emergence est revenu, dans ce cadre, sur l’importance du plan d’autonomie proposé par le Maroc qu’il a jugé «en phase» avec les résolutions de l’ONU. «C’est un plan très ambitieux, gagnant-gagnant, à travers lequel le Maroc maintient sa souveraineté sur son Sahara, mais avec une autonomie dans la gestion conférée aux populations, un exécutif régional, un parlement régional, des juridictions régionales... L’exécutif régional aura la possibilité de collecter des impôts, en plus du transfert d’autres ressources par le pouvoir central. Dans ce contexte, la culture locale sera promue, il va y avoir un développement social, beaucoup de projets envisagés, des lignes ferroviaires… Que veut le peuple ?» se demande-t-il.  

Décryptant les nombreux projets mis en œuvre dans les provinces du Sud, un autre intervenant sénégalais (installé au Maroc), Abdou Diop, manager associé du cabinet Mazar au Maroc, a insisté sur le fait que «la réalité du terrain gagne toujours et elle est très parlante». Il a ainsi souligné que beaucoup de gens changent de position par rapport au dossier du Sahara quand ils voient l’ampleur des réalisations sur place depuis le lancement, en 2015, du plan du nouveau modèle de développement des provinces du Sud. Ce modèle a permis la création d’une nouvelle dynamique dont le principal indicateur (parmi les nombreux projets qu’il a cités) est le PIB par habitant qui est le plus élevé de toutes les régions du Maroc. «Sept ans après, le Sud est devenu un vrai hub pour l’Afrique et une véritable connexion avec l’Afrique», a-t-il conclu.

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À Tanger, le Président du Liberia appelle les pays africains à «serrer les rangs» face à des défis multiformes

Face à des défis nombreux et multiformes, les pays africains n’ont d’autre choix que de serrer les rangs et d’opter pour une collaboration étroite et renforcée, a affirmé, mercredi soir à Tanger, le Président de la République du Liberia, Dr George Weah, invité d’honneur de la 14e édition du Forum MEDays. Dans une allocution à l’ouverture officielle du Forum MEDays (2-5 courant), Dr Weah s’est félicité de sa participation comme invité d’honneur à ce rendez-vous incontournable d’échange entre décideurs du Sud, exprimant son espoir que cette 14e édition pourra «jeter les bases d’une coopération mutuelle, d’une confiance forte entre peuples, et d’une intégration et une coexistence paisible en Afrique». 

Évoquant la thématique choisie pour cette édition (De crises en crises : vers un nouvel ordre international ?), le président du Liberia a rappelé que «nous vivons aujourd’hui dans un monde en proie au chaos et à des crises insurmontables qui menacent le cœur même de l’ordre international», notant que les épidémies d’Ebola, de Covid-19, de variole du singe, ainsi que les désastres naturels causés par les changements climatiques «menacent la stabilité politique et favorisent, ce faisant, le déclenchement de la guerre». «Mais l’avantage que nous avons en tant que personnes est notre possession du pouvoir de la raison et notre capacité à résister face à l’adversité, même si elle paraît insurmontable», a soutenu le Président libérien, qui, en citant la crise climatique, a rappelé qu’«aucun pays n’est une île». 

«Afin de rendre le monde plus pacifique, plus heureux, nous avons l’obligation et le devoir de sauver notre planète du désastre», a-t-il dit, soulignant que «notre expérience collective de la vie dans le monde nous impose donc de pousser notre détermination collective à serrer les rangs dans la coopération et la collaboration». «Pour affronter ensemble les défis de taille qui nous attendent, nous devons nous rapprocher les uns des autres et utiliser notre force collective pour surmonter les difficultés auxquelles nous sommes confrontés», a-t-il martelé, appelant les pays du Sud, en général, et d’Afrique, en particulier, à combiner leur savoir, leurs ressources et leurs forces. Dans ce sens, le Président du Liberia a exhorté les pays africains à investir dans le projet de Gazoduc Maroc-Nigeria qui permettra, a-t-il fait remarquer, d’approvisionner tous les pays d’Afrique de l’Ouest qu’il traverse. «Nous sommes convaincus que ce projet va booster l’intégration économique de la région et bénéficier à tous les pays qui y sont impliqués», a-t-il soutenu. 

Lire aussi : MEDays : focus sur l’Union africaine et les aspirations du continent

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