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Jouahri a augmenté le taux directeur pour préserver la souveraineté monétaire du Maroc (Analyste)

L’analyste financier Oussama Oussaini était l’invité de «L’Info en Face» du Groupe «Le Matin». Au micro de Rachid Hallaouy, l’expert a livré son analyse sur le relèvement du taux directeur à 2%, l’inflation et la croissance. Il a surtout profité de cette occasion pour saluer cette décision attendue de la Banque centrale et défendre avec ferveur son gouverneur Abdelatif Jouahri qu’il qualifie de grand homme d’État. Pour lui, sans cette hausse du taux directeur, la souveraineté du dirham aurait été perdue.

Jouahri a augmenté le taux directeur pour préserver la souveraineté monétaire du Maroc (Analyste)
Oussama Oussaini inté de L'Info en Face

Le relèvement du taux directeur à 2% par la Banque centrale a été largement admis comme une nécessité au sein de la sphère économique et financière. Certains se font même de fervents défenseurs de cette décision qui était attendue. Il en est ainsi de l’analyste financier et économique Oussama Oussaini qui l’a fortement saluée. «Abdelatif Jouahri est pour moi un des rares hommes d’État qui restent, parce qu’il a joué son rôle pour garder une souveraineté monétaire pour ce pays», souligne Oussama Oussaini, lors de son passage à l’émission «L’Info en Face» du Groupe «Le Matin» dont il était l’invité. Pour lui, sans cette hausse du taux directeur, la souveraineté du dirham aurait été perdue. «Le désastre pour un directeur de Banque centrale, c’est d’avoir une œuvre sociale, ce n’est pas son rôle. Son rôle, c’est justement d’éviter l’inflation et faire attention à la balance commerciale. Moi je dis bravo au wali de Bank Al-Maghrib (BAM) qui n’a pas été influencé, malgré toute la pression subie». Et d’ajouter : «personnellement, j’espère qu’il va encore une fois relever le taux en janvier».

Au micro de Rachid Hallaouy, l’expert explique cette hausse comme un «message clair» de Jouahri quant à la hausse du salaire minimum. «Il faut comprendre une chose, la politique monétaire et la politique budgétaire sont deux choses différentes». Pour lui, c’est le gouvernement qui doit apporter à la politique monétaire sa souveraineté. «Lorsque vous avez un tissu économique où 80% c’est pour l’exportation, et où nous importons aussi énormément, la politique monétaire joue un rôle plus important. Nous n’avons pas une politique industrielle pour dire que l’économie joue un rôle industriel pour le pays».

S’agissant de l’inflation, Oussama Oussaini explique qu’elle est due «à une masse monétaire qui a été créée et qui n’a pas été impactée dans le tissu économique». Et pour illustrer ses propos, l’économiste donne l’exemple d’un crédit immobilier. «Lorsqu’une personne veut acheter un appartement à 1 million de DH, la banque n’a pas ce montant. Elle l’emprunte auprès de la Banque centrale. Et pendant 12-15 ans, l’acquéreur rembourse petit à petit. Mais lorsque nous créons de l’argent et que par la suite, au lieu de l’investir, nous le dépensons et nous n’arrivons même pas à récupérer la mise de départ pour pouvoir la rendre à la banque, ça devient problématique». Selon lui, lorsque l’argent devient plus cher, comme c’est le cas aujourd’hui, le gouvernement a intérêt à dépenser là où il y a de la rentabilité. «Le gouvernement doit réviser ses dépenses», martèle-t-il. Interrogé sur la «marocanisation» de l’inflation, l’expert déclare qu’il faudrait arrêter de dépenser de l’argent public dans des activités qui ne sont pas rentables. «Au niveau actuel, 20% des problèmes liés à l’inflation viennent de la politique monétaire et 80% de notre politique budgétaire». Pour lui, les budgets doivent être gardés pour les secteurs stratégiques, notamment la santé. La solution : revoir le modèle économique «low cost» du Maroc. Quelque «50% de notre PIB vient du budget de fonctionnement. Si vous voulez l’augmenter, je vous parie qu’en injectant 10% de plus dans le budget de fonctionnement, le taux de croissance progresserait facilement de 5%».

Et pour financer le budget et le PIB, l’analyste souligne l’importance du secteur privé. «Le budget de fonctionnement ne rapporte rien au niveau des recettes de l’État, parce que l’État ne vend pas. Avec tout le respect que j’ai pour les fonctionnaires, mais ils ne produisent pas. C’est le privé qui le fait». Citant l’exemple suédois, Oussama Oussaini rappelle le virage entamé par le pays scandinave en 1992. «Le pays était tombé en faillite. Les banques ont été nationalisées. Vingt ans plus tard, regardez l’économie qu’ils ont». Pour lui, prendre des décisions drastiques est nécessaire pour s’affirmer sur le long terme. «Il est préférable de prendre une baffe une fois pour toutes, que de s’en prendre trois par jour».
Quid de 2023 ? Pour l’invité de Rachid Hallaouy, la croissance de l’année prochaine «est déjà plombée».
En somme, le gouvernement doit jouer son rôle et investir là où il peut drainer des retours sur investissement. Parce que, selon l’expert, le problème ne serait pas monétaire, mais budgétaire.

Inflation et montée du chômage

Pour l’invité de Rachid Hallaouy, afin de lutter contre la montée du chômage et relancer la consommation, une baisse de l’IR des hauts salaires s’impose. «C’est le seul moyen. Je pense que les salaires ne pourront pas être augmentés malgré la hausse du SMIC».
Je vais dire quelque chose de très simple, les intérêts de la dette c’est approximativement entre 5 et 8% du PIB. Avec cette hausse d’un demi point du taux directeur, d’ici la fin du quinquennat du gouvernement Akhannouch, avec le renouvellement de la dette, on va passer facilement à 25-30% du PIB. J’irai même très loin, cette augmentation de 0,5 point sur un PIB de 130 milliards c’est 65 milliards. C’est égal au budget de l’enseignement. Alors demain pour pouvoir compenser ces 65 milliards d’intérêts de dette supplémentaire, il faut faire des économies de 50% sur les dépenses ! La souveraineté c’est quoi ? C’est de permettre d’imposer à quelqu’un une vision. Et surtout de ne pas se faire imposer une vision. Donc, quelque part on a intérêt à revoir notre modèle. 

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