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Comment les professionnels anticipent les mutations de la fonction RH

Il est grand temps pour les professionnels RH de revoir leurs pratiques en misant sur des actions d’influence et non pas d’autorité. C’est l’un des principaux constats qui ont été dressés lors du 24e HR summit de l’Association nationale des gestionnaires et formateurs des ressources humaines (AGEF). L’événement a eu lieu les 14 et 15 octobre à Marrakech sous le thème «Anticipons les Mutations» et a permis aux participants d’échanger et de débattre sur les différents axes liés à la fonction RH et son rôle dans un environnement en perpétuel changement.

Comment les professionnels anticipent les mutations de la fonction RH
Ph. Sradni

L’événement phare HR summit de l’Association nationale des gestionnaires et formateurs des ressources humaines (AGEF) a fait son grand retour après trois années de suspension en raison de la pandémie liée à la Covid-19. La 24e édition de cet événement s’est déroulée les 14 et 15 octobre à Marrakech sous le thème «Anticipons les Mutations». La grande majorité, pour ne pas dire l’ensemble des professionnels RH du Maroc, ont répondu présents à cet événement afin d’échanger, apprendre et débattre sur l’évolution de la fonction RH qui reste «l’un des acteurs clés de l’évolution et de la pérennité de l’entreprise dans un environnement en perpétuel changement», comme le rappelle clairement le président de l’AGEF, Zakaria Rbii, dans une déclaration accordée au «Matin», en marge de cet événement.

Et d’ajouter que les managers RH sont appelés à assurer une veille permanente pour prévoir et gérer en amont les mutations. Interpellé sur ce sujet, Jamal Belahrach, CEO Deo Conseil, estime que les mutations à anticiper sont énormes comme l’évolution démographique et la révolution numérique. «Pour anticiper et surtout gérer ces mutations, la fonction RH doit évoluer et rentrer dans un moule de stratégie, de pilotage et surtout de veille», recommande-t-il. En d’autres termes, l’expert est quasi convaincu que la fonction RH doit changer de paradigme puisqu’on est rentré dans une phase de guerre de talents dans laquelle il faut être suffisamment armés pour pouvoir attirer, motiver et surtout fidéliser le capital humain.

Il appelle à ce titre à tirer des leçons de la crise liée à la Covid-19 et à agir, notamment pour reconstruire la psychologie des collaborateurs désengagés. «Il faut aussi mettre en place des politiques de qualité de vie et de santé au travail du fait qu’il ne faut pas sous-estimer l’impact de cette crise sanitaire», recommande-t-il. L’expert tient à souligner, par ailleurs, que les professionnels RH ont été appelés à gérer les impacts de la crise sanitaire avec les moyens dont ils disposaient. Pour lui, il a fallu que l’État aide beaucoup les entreprises dans le cadre de cette crise. Il convient de rappeler à ce titre que plusieurs entreprises ont dû supprimer des postes ou carrément fermer leurs portes en raison de la crise.

  Le télétravail, quel avenir ? 

La crise sanitaire liée à la Covid-19 nous a permis de tester l’efficacité du télétravail au Maroc. Intervenant à l’occasion du 24e HR summit de l’Agef, Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur émérite HEC Paris, a expliqué que les avantages du télétravail sont énormes. «Ce mode de travail accorde une flexibilité pour les collaborateurs, une plus grande autonomie ainsi qu’une diminution du stress lié à certaines postures managériales toxiques», a-t-il noté. Et d’ajouter que le télétravail est très apprécié par les collaborateurs en raison de la réduction des coûts globaux et à la réduction des déplacements domicile-travail. En revanche, l’expert a tenu à préciser que ce mode de travail présente aussi des risques et à leur tête la régression progressive de la relation humaine, suivie de l’isolement et de désengagement des salariés donnant lieu à des montées des risques psychosociaux.

L’expert a également noté que l’absence de confiance des managers constitue un frein au bon déroulement du télétravail. Autant dire que ce mode de travail continue de diviser les experts : si certains y voient un modèle gagnant, d’autant se focalisent plutôt sur les aspects négatifs, d’autant plus qu’au Maroc, le télétravail présente toujours des limites juridiques. Une chose est sûre, selon les spécialistes : à l’ère de la transformation digitale, le manager RH est appelé à s’ouvrir sur tous les modes de fonctionnement et à opter pour le modèle qui convient le plus à son entreprise tenant compte de la culture de celle-ci et de son secteur d’activité, mais aussi et surtout les profils et les contraintes des collaborateurs.

 Sur un autre registre, les intervenants ont appelé les professionnels RH à revoir leurs pratiques basées sur l’autorité et à miser sur un management basé sur l’influence et l’écoute active pour pouvoir fidéliser et assurer l’engagement des collaborateurs. Rappelons à cet égard que les profils qui intègrent aujourd’hui le marché de l’emploi appartiennent aux générations Y et Z dont les besoins et les attentes diffèrent de ceux des anciennes générations. 
Soulignons, par ailleurs, qu’en marge du 24e HR summit, l’AGEF a soufflé son 50e bougie. L’occasion pour les membres de rappeler les acquis et les réalisations de l’association qui milite depuis des années pour l’évolution de cette fonction. À noter aussi que l’AGEF tiendra son assemblée générale le 26 octobre prochain à Casablanca pour la nomination de son nouveau bureau exécutif. 

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Youness Sekkouri face aux professionnels RH

Annonçant la clôture du 24e HR summit de l’AGEF, le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, a tenu à préciser que l’implication des chefs d’entreprises et des professionnels RH reste primordiale pour réussir le projet de réforme du Code du travail prévu en juillet 2023. En plus des discussions avec les syndicats et le patronat, le département de Sekkouri compte rencontrer les professionnels RH, avec le soutien de l’AGEF, en vue de proposer une réforme qui tient compte des besoins concrets, aussi bien des collaborateurs que des entreprises. Le ministre s’est ainsi prononcé sur les différents chantiers liés au marché du travail. Il s’agit, entre autres de :

-La création de l’emploi : le ministre estime que l’objectif de créer 500.000 emplois d’ici 2026 correspond aux potentialités de notre pays et qu’un travail de proximité s’impose pour l’atteindre. 
• Le fonctionnement de l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec) : M. Sekkouri, confirme que sur le plan des process et des procédures, nous disposons aujourd’hui d’une agence qui peut se déployer plus efficacement avec un impératif majeur de simplification et de digitalisation. «Une véritable réorganisation a été menée pour cette agence dont la taille a été multiplié par deux», note-t-il. Et d’ajouter que pour le volet employeur, une offre différenciée par secteur d’activité est en cours de préparation partant du principe qu’on ne peut pas appuyer toutes les entreprises de la même manière. 
• La formation professionnelle : le ministre a appelé à fournir des efforts dans ce sens, sachant qu’à ce jour, ce sont près de 660.000 stagiaires qui sont inscrits dans la formation professionnelle, dont 400.000 proviennent de l’OFPPT, 100.000 du secteur privé, 15.000 font de la formation par apprentissage. «Des profils qu’on perd à mi-parcours et qui peuvent d’ailleurs réussir en entreprise», alerte-t-il, tout en soulignant que pour pallier cette réalité, son département entend travailler sur la reconnaissance de l’expérience ou ce que l’on appelle la validation des acquis. «Un cadre national de la certification est en cours de préparation dans lequel le ministère prévoit 8 niveaux pour pouvoir certifier 11 expériences», précise-t-il. Et de noter que le travail va être mené en coordination avec les DRH.

 

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