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La résistance aux antimicrobiens progresse dans le monde mais aussi au Maroc

La résistance aux antimicrobiens représente un risque sanitaire majeur pour l’ensemble des pays du monde. Un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé met en avant la progression de ce phénomène dans les infections bactériennes en particulier et la nécessité de disposer de données plus solides.

La résistance aux antimicrobiens progresse dans le monde mais aussi au Maroc

Un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en évidence des niveaux élevés de résistance pour les bactéries, ce qui donne lieu à des infections sanguines potentiellement mortelles, ainsi qu’une progression de la résistance au traitement de plusieurs bactéries responsables d’infections courantes dans la population. «Ce rapport fait apparaître des niveaux élevés de résistance (supérieurs à 50%) signalés pour des bactéries qui entraînent souvent des infections sanguines en milieu hospitalier, comme Klebsiella pneumoniae et Acinetobacter spp. Ces infections potentiellement mortelles doivent être soignées à l’aide d’antibiotiques de dernier recours, tels que les carbapénèmes. Cependant, il a été signalé que 8% des infections sanguines dues à la bactérie Klebsiella pneumoniae résistaient à ces mêmes carbapénèmes, ce qui augmente le risque de décès imputables à des infections qu’il est impossible de prendre en charge», explique l’OMS dans son rapport.

Les infections bactériennes courantes gagnent également en résistance face aux traitements

Plus de 60% des isolats de Neisseria gonorrhoeae, une maladie sexuellement transmissible courante, affichent une résistance à l’un des antibactériens oraux les plus utilisés, la ciprofloxacine. Au Maroc, la consommation des antibiotiques connait également une augmentation considérable. Une étude publiée en 2012 sur l’usage des antibiotiques précise que cette consommation est dominée par la classe des pénicillines à large spectre, suivie par la classe des tétracyclines et des macrolides.

Une enquête plus récente, réalisée en 2019, vient aussi confirmer cette tendance. Elle indique qu’en milieu hospitalier, plus de 54% des patients ont reçu au moins un antibiotique. «L’émergence des résistances aux antimicrobiens est liée à l’exposition aux antibiotiques. L’usage abusif et inapproprié de ces derniers peut, en effet, être expliqué par trois facteurs principaux à savoir l’automédication, la dispensation et la prescription anarchique des antibiotiques», souligne Pr Amal Mrani Alaoui, professeur assistant de la pharmacologie clinique à la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca et au CHU ibn Rochd. «Selon des études européennes, la réduction des prescriptions d’antibiotiques en dehors de l’hôpital a entrainé une diminution concomitante des résistances antimicrobiennes. Malheureusement au Maroc, les professionnels de la santé en ville totalisent 80 à 90% des prescriptions d’antibiotiques. Les médecins doivent être plus vigilants et faire les examens nécessaires pour éviter des prescriptions injustifiées des antibiotiques. Cela n’aura pas un impact uniquement sur le patient mais également sur toute la communauté», ajoute-t-elle.

Le combat de l'OMS pour la collecte de données de qualité 

Il est à noter que l’OMS prévoit de poursuivre les recherches pour identifier les raisons du développement observé de la résistance aux antimicrobiens et comprendre dans quelle mesure il serait lié à l’augmentation du nombre d’hospitalisations et des traitements antibiotiques pendant la pandémie de Covid-19, qui a également empêché plusieurs pays de communiquer des données pour 2020. «La résistance aux antimicrobiens s’attaque aux fondements de la médecine moderne et met en péril la vie de millions de personnes. Pour comprendre véritablement l’ampleur de la menace mondiale et mettre en place une riposte de santé publique efficace à la RAM, nous devons développer les analyses microbiologiques et fournir des données de qualité garantie dans tous les pays, et pas seulement dans les pays les plus riches», a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Pour réagir face aux tendances de la résistance aux antimicrobiens, l’OMS appelle ainsi les pays à prendre à haut niveau l’engagement de renforcer les capacités de surveillance et de fournir des données de qualité garantie. «Il faut également que l’ensemble des individus et des communautés agissent. En renforçant la collecte de données normalisées de qualité sur la résistance aux antimicrobiens et sur leur usage, la prochaine phase du rapport du Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens et de leur usage soutiendra une action efficace axée sur les données pour enrayer l’émergence et la propagation de ces résistances et protéger la consommation des médicaments antimicrobiens au profit des générations futures», affirme l’Organisation.

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