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Aude Massot : «Casablanca... si belle à croquer»

En résidence de création à l’Institut français de Casablanca, Aude Massot s’est laissée ensorceler par les charmes de la ville blanche, pour immortaliser ses impressions et nourrir un carnet de voyage riche en tons et en situations.

Aude Massot : «Casablanca... si belle à croquer»

Disons-le d’emblée : il y a peu d’images de Casablanca. «Quand on cherche Casablanca sur Google, on ne trouve rien. Au mieux, des photos larges et lointaines qui n’offrent pas à voir les milliers de détails de la ville», raconte Aude Massot qui a débarqué il y a un mois pour travailler sur un projet de fiction, qui court sur plusieurs villes. Une vingtaine de pages se déroulent à Casablanca. Si l’artiste est venue découvrir la ville, c’est surtout pour s’imprégner d’éléments qui puissent nourrir son travail. «Comme on a trois personnages, dans ce roman graphique, qui viennent de classes sociales différentes, il m’était crucial d’étudier Casablanca sous toutes les coutures, pour identifier les populations, les quartiers et les ambiances», explique Aude Massot. Et d’ajouter : «Depuis que je suis ici, je découvre chaque jour des choses insoupçonnées. Et quand je crois avoir tout vu, je réalise que j’ai encore beaucoup à découvrir».

Un brin de sociologie

«Je m’identifie comme une sociologue-bédéiste. J’adore dessiner les gens et j’ai, donc, besoin d’observer leurs looks, leurs attitudes et leurs habitudes du quotidien», explique la bédéiste. Ce n’est donc pas étonnant de la voir revenir sur les mêmes endroits, à différentes heures, pour réaliser des séries des mêmes choses ou gens. Un tel travail peut prendre plusieurs mois.

Passionnée par les marchés populaires, Aude Massot s’incruste dans les interstices de la banalité quotidienne pour observer et dessiner. «Il y a de la nourriture, des échoppes et tous les types de personnes. Celles qui travaillent dans les marchés, les fournisseurs qui arrivent, les restaurateurs, puis les gens qui viennent s’approvisionner ou manger, les musiciens qui passent, etc. Ça donne à voir différentes strates de gens dans la société réunies dans un même lieu», explique l’artiste qui relève minutieusement les détails physiques, mais surtout les comportements des gens, en particulier ce qu’elle ne comprend pas. C’est que d’un pays à un autre, il n’y a pas que les faciès et les habits qui changent, mais aussi les comportements et la gestuelle. «Parfois, en tant qu’étranger, on ne comprend pas tout de suite ce que les gens font. Mais en les observant longtemps, en les dessinant, jour après jour, et en allant à leur rencontre, on comprend mieux ce qu’ils font. Il devient alors possible de mieux décortiquer la société. C’est un peu comme du journalisme», explique l’artiste qui a pas mal voyagé dans des pays aux cultures diverses.

À Casa, Aude Massot est charmée par la mixité des gens et la vie extérieure qui invite au partage. Bien que les Casablancais soient «très occupés, mais en général lorsque je dessine, on s’arrête pour me demander ce que je fais, on est curieux de voir mes dessins et comme je fais beaucoup de portraits, les gens sont ravis. Le dessin est un vecteur de partage infini. On ne parle peut-être pas la même langue, mais à travers le dessin, on communique sans mots, on transmet des visions, ou on partage des rires, tout simplement», exprime la dessinatrice.

Archi-textures

Dans la littérature, on lit à peu près tout sur l’esthétique de Casablanca. Décrite comme un capharnaüm urbanistique hideux et/ou angoissant, la ville s’efface derrière des nuages de fumée et des montagnes de stress. Pourtant, un regard d’artiste ne rate pas l’essentiel. «J’adore tous ces contrastes ! En changeant de quartier, on change totalement d’ambiance, un peu comme si chaque partie de la ville était un village à part. Je réside dans le quartier palmiers, qui est plutôt bourgeois. Mais pas loin, il y a le Mâarif qui est plus pour le shopping. Après il y a le quartier Derb Ghallef qui est très populaire, El Hank où il y a des immeubles des années 1960, le centre-ville avec toute l’architecture art déco. Ça change la topographie. C’est vraiment une ville qui mérite qu’on y vienne et qu’on s’y attarde», insiste l’artiste.

En effet, Casablanca est décrite comme une cité peu touristique. C’est plutôt une ville où l’on vient pour travailler. «Pourtant il y a de beaux bijoux architecturaux méconnus de nous autres. Avant d’arriver, je ne savais pas à quoi elle ressemblait. Il y avait moins cette image d’Épinal qu’on peut avoir en tête, quand on pense à Tanger ou Marrakech. J’ai été étonnée en arrivant, de me perdre dans les détails des bâtiments du centre-ville. Je sais qu’il y a tellement d’autres quartiers à explorer et à étudier en détail. J’espère que j’aurais le temps de tout consigner avant mon départ», exprime la dessinatrice.

Dans son voyage qui s’achève bientôt, la dessinatrice cumule déjà des carnets complets de croquis, un peu pour immortaliser les images et les rencontres qu’elle a faites dans la ville. Elle pourrait en faire un album, un livre d’art ou tout simplement garder vivace le souvenir d’une ville vibrante de vie et de poésie que la chronique n’estime pas à sa juste valeur. «Ce qui est sûr, c’est que Casablanca n’est pas une carte postale et j’aime ça», se délecte Aude Massot.

>>Lire aussi: Casablanca : l’histoire d’une transformation contée par Ahmed Chitachni

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